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Créer sa boutique en ligne

Ouvrir une e-boutique, c’est faire sauter les limites de l’espace et de temps. Vos clients viennent de partout et votre magasin est ouvert 24h sur 24. Tenté ? Voici les outils pour bien la démarrer.

I. La carte informatique

Créer son propre site de vente en ligne en une heure ? C’est possible !Imaginez Louis la Brocante en version numérique ! Des dizaines de milliers de Belges se sont déjà créé leur propre e-shop sans pratiquement rien connaître du web. Une manière très tendance de « jouer au magasin » sans prendre trop de risques.

Un soutien logistique

Il n’est pas nécessaire d’être un as en informatique pour ouvrir son magasin en ligne. De nombreux sites vous proposent un soutien logistique.

  • Les standards :eBay et 2ememain.be

eBay propose à ses vendeurs plusieurs types de magasins en ligne selon l’expérience de l’internaute. La boutique « classique » n’a qu’une seule exigence : disposer d’un compte PayPal (un compte de paiement sécurisé associé à un compte bancaire). Les versions plus élaborées baptisées  » A la Une  » et  » Premium  » imposent d’avoir obtenu un score minimum lors des ventes réalisées durant les 12 derniers mois et de justifier d’un statut professionnel (avec ce que cela suppose au niveau fiscal et notamment de la TVA : voir plus loin). Pour tout découvrir et ouvrir son échoppe.

eBay se rémunère sous forme de commissions et des frais d’inscription pour chaque produit. Mais ils sont généralement moins élevés que pour un vendeur occasionnel.

Sur le site 2ememain.be, premier site belge de vente en ligne et principal concurrent d’eBay, la procédure est moins sophistiquée : tout vendeur qui propose plus de 10 produits se voit proposer la possibilité d’ouvrir son propre magasin. Ses annonces y seront plus visibles et le revendeur pourra bénéficier d’options de promotion. Le magasin est gratuit, mais certaines options sont payantes. Comme, par exemple, présenter un produit en tête de sa catégorie chaque jour à une heure déterminée. Coût de la promo pendant une semaine : 7,5 ?. Il est aussi aisé d’ajouter des photos, un logo et un texte explicatif sur la page de la boutique en ligne. Sans oublier la technique de la publicité virale qui permet aux visiteurs du magasin d’en faire la promotion auprès de leurs amis. Rien que pour la Belgique, 2ememain.be déclare avoir déjà ouvert 10.000 boutiques de ce genre.

L’avantage de ces magasins hébergés sur de grands sites est de profiter d’une plate-forme expérimentée et d’une visibilité importante permettant de réaliser du volume.

  • Sur mesure et pas trop cher

Des centaines de sites moins connus proposent également d’accueillir votre magasin en ligne gratuitement ou à peu de frais. Avec l’avantage de pouvoir lui donner une certaine personnalisation. Ces sites se financent par une commission et/ou par un abonnement dont le montant varie en fonction des services prestés. Quelques exemples :

– le site www.wifeo.com – qui jouit d’une bonne réputation – est entièrement gratuit.

www.shop-application.com mérite aussi un regard, mais se fait rémunérer pour certains services. Tous deux sont français.

– un bel exemple de magasin trilingue (Fr, Nl, All) est Weezbe qui, outre la gestion des e-shops, diffuse les catalogues de produits sur eBay et via Facebook. Weezbe se fait rémunérer à la commission : http://fr.weezbe.be .

– même Belgacom s’y est mis en s’alliant avec la société Sectionmedia. Sous le nom 59minutes.be, une application en ligne promet de créer un site de vente bilingue en un temps record. Son créateur assure pouvoir réaliser une vitrine de 5 produits en moins de 10 minutes. Le tout pour un prix de base de 5 ?/mois. 680 sites seraient déjà en ligne.

ATTENTION Prudence quand même ! Quel que soit l’hébergeur que vous choisissez pour votre magasin en ligne, il est prudent de vous assurer de sa fiabilité, de sa nationalité et du support qu’il vous apporte. Un exemple connu :Kingeshop (http://www.kingeshop.com/) réalise des sites de commerce en ligne dont les revendeurs du dimanche semblent satisfaits à en juger par les forums. Les sites gérés par Kingeshop sont disponibles en trois langues (Fr, Eng et Esp), gratuits, offrent les certificats de sécurité et supportent le paiement PayPal.Mais Kingeshop est de droit uruguayen. Que se passerait-il s’il venait disparaître sans laisser de trace ?

Créer son magasin... et le faire connaître

Créer un magasin virtuel est une chose, le faire connaître en est une autre.

  • Provoquer du trafic nécessite un bon référencement qui mettra votre magasin en tête des résultats de recherche sur Google. Pour cela, vous devez choisir un nom de site directement en rapport avec ce que vous y vendez, du contenu textuel, des noms de produits et de catégories pertinents. Si vous vendez de la confiture, ce mot-clé doit être présent partout. Plus le site est cohérent par rapport à son objet, plus l’indexation de Google le favorisera lors d’une recherche faite par un internaute.
  • Mais il faudra sans doute – aussi – investir dans la publicité, dont les fameuxAdwords de Google (encore lui). Cesystème de paiement au clic consiste à acheter des mots-clés qui feront apparaître votre publicité lorsqu’un internaute l’écrit dans son outil de recherche. Et comme ce système est soumis à enchères, plus vous valorisez le mot-clé, plus souvent apparaîtra votre annonce. Ce qui explique que, plus le mot est courant, plus le clic sera cher. La publicité pour de la  » salicorne en bocal  » sera donc moins chère que pour du  » chocolat « .

II. La carte juridique

Votre boutique a beau être virtuelle, elle n’en demande pas moins que vous respectiez certaines obligations administratives et légales. L’e-commerce tombe en effet sous la loi qui régit la vente à distance lorsque vous vendez à un consommateur qui acquiert le produit ou utilise le service à des fins sans aucun caractère professionnel.

1. Vous devenez indépendant

Vendre des produits via une e-boutique, c’est une activité professionnelle que vous exercez en dehors de tout contrat de salarié ou d’agent du service public. Vous relevez du statut social des indépendants et vous devez vous inscrire comme tel, soit à titre principal (c’est votre seule activité professionnelle), soit à titre complémentaire (vous avez déjà un emploi). Peu importe que vous exerciez votre activité en personne physique ou en société.

  • Un numéro d’entreprise Tout indépendant et toute entreprise (commerciale ou non) doit être répertoriée dans la Banque-carrefour des entreprises qui lui attribue un numéro d’entreprise, véritable clé d’identification unique comparable à un numéro de registre national. Vous pouvez obtenir votre numéro d’entreprise via un des Guichets d’entreprises agréés.Vous en trouverez la liste complète: www.mineco.fgov.be.
  • Des cotisations sociales Vous devez vous affilier – au plus tard le jour où débute votre activité – à une caisse d’assurances sociales de votre choix. Manquer à cette obligation peut vous valoir une amende administrative de 500 ? à 2.000 ? !La liste des caisses d’assurances sociales se trouve sur le site de l’Institut national d’assurances sociales pour les travailleurs indépendants :www.inasti.be . C’est à cette caisse d’assurancesque vous devrez verser chaque trimestre des cotisations sociales proportionnelles à vos revenus..
  • Les impôts Qui dit revenus professionnels, dit impôts. Dès l’instant où votre e-boutique s’inscrit dans le cadre d’une activité professionnelle, le fisc taxera les revenus que vous en récolterez.Pendant l’année même de vos revenus, vous devez effectuer des versements anticipés (VA) au compteIBAN : BE07 6792 0023 4066 et BIC : PCHQ BEBB du « Service Versements Anticipés – Personnes Physiques ».Plus d’infos sur : www.minfin.fgov.be
  • La TVA En principe, tout indépendant qui effectue des livraisons de biens ou des prestations de services de manière régulière au sein de l’Union européenne doit être assujetti à la TVA. Votre boutique en ligne n’y échappe pas. Et il faut tenir compte du fait que les règles changent si votre e-boutique s’internationalise. C’est plutôt complexe et le mieux est sans doute de vous assurer les conseils d’un expert-comptable. Si vous avez des difficultés à vous situer en tant que vendeur amateur ou si vous voulez simplement en savoir plus, visitez le site de l’Union des classes moyennes : www.ucm.be.

2. Vous avez un devoir d’information

  • En tant que vendeur de produits sur internet, vous devez faire en sorte que l’on puisse vous identifier facilement. Commercialement, c’est intéressant parce que cela inspire confiance à vos clients. Mais c’est aussi une obligation légale qui implique que vous communiquiez notamment votre nom ou celui de votre société, l’adresse du siège, votre numéro de TVA, un numéro de téléphone et une adresse e-mail où vos clients peuvent vous contacter. S’il s’agit d’une SA ou d’une SPRL (personnes morales), vous devez aussi indiquez l’adresse du tribunal compétent.
  • La réglementation sur la vente à distance vous impose aussi un devoir d’information surles caractéristiques principales du bien ou du service : prix, éventuels frais de livraison, modalités de paiement, de livraison, de reprise du produit, durée de validité de l’offre ou du prix, etc. Ces informations doivent être :

– communiquées avant la commande du produit ou du service, dans la page d’offre, via un lien spécifique ou dans les conditions générales de vente

– confirmées après la commande : le consommateur doit recevoir par écrit (par exemple, via un e-mail) la confirmation des principaux éléments de sa commande, au plus tard le jour de la livraison du produit ou de la fourniture du service.

ATTENTION Si vous ne respectez pas ce devoir d’information, vous prenez le risque de ne pas pouvoir exiger le paiement.

3. Pensez aux conditions générales de vente

Les conditions générales de vente régissent la relation entre le vendeur (vous) et l’acheteur (votre client). Vous pouvez y prévoir toutes les modalités de la transaction. Par exemple, que vos produits sont exclusivement destinés à la vente sur le territoire belge, que l’offre est valable dans la limite des stocks disponibles, que vous vous réservez le droit de refuser des commandes dans certains cas, etc. Les conditions générales de vente ne sont pas obligatoires mais elles contribuent à vous protéger en tant que vendeur et vous avez tout intérêt à les faire connaître clairement sur votre site.

ATTENTIONComme vos clients n’ont pas l’occasion de voir les articles avant de les acheter, il s’agit bien d’une vente à distance. Ceci implique qu’ils bénéficient d’un délai de renonciation de 14 jours après la livraison du produit et ce, sans amende à payer ni justification à donner. Il suffit qu’ils renoncent à leur achat par écrit, y compris par mail pour par fax. Comme vendeur, vous êtes légalement obligé de mentionner ce droit en gras et dans un cadre séparé dans vos conditions générales de vente.

4. Evitez la fraude à la carte bancaire

Il est normal que vous offriez à vos clients de pouvoir payer avec leur carte de crédit. Mais savez-vous que, si un client vous paie via internet au moyen d’une carte volée ou falsifiée, la société émettrice de la carte peut venir vous réclamer les sommes versées frauduleusement, même si vous n’y êtes vraiment pour rien ! Pour vous protéger de ce type de fraude, les mécanismes de sécurisation Verified by Visa et MasterCard Secure Code vous garantissent la sécurité pendant le paiement via Internet : outre un numéro de carte et une date de validité, le consommateur doit aussi introduire un code personnel et secret. Un tel logiciel est installé par un fournisseur de services de paiement (Payment Service Provider) comme SIPS, Clear2Pay , Ogone ou Neossolution.

5. Pensez à vous assurer

En tant qu’un exploitant d’une e-boutique, vous n’êtes pas légalement obligé de vous assurer, sauf si vous employez du personnel. Mais certains risques spécifiques à votre nouvelle activité méritent votre attention.

  • Protéger vos marchandises

Votre e-boutique, c’est votre agent de liaison avec vos clients. Mais sans doute aurez-vous un bureau (et son équipement informatique), du matériel de production et un espace de stockage. C’est le bon moment de reprendre votre police d’assurance incendie pour vérifier si la valeur assurée de l’habitation est encore suffisante et si le contenu est correctement assuré. Cela évitera de vous voir appliquer la fameuse règle proportionnelle !

BON À SAVOIR Peut-être ferez-vous appel à une société pour livrer vos marchandises à vos clients. Ces sociétés disposent le plus souvent d’une assurance qui couvre les éventuels dégâts que les marchandises subiraient pendant le transport. Généralement, vous devez payer un petit supplément pour bénéficier de cette protection complémentaire.

  • Vous protéger comme entrepreneur

– Si, par une faute ou une négligence, vous causez un dommage à un tiers pendant l’exercice de votre activité, vous devrez en supporter la réparation. Ce qui risque fort de mettre à mal le capital que vous avez investi dans votre (petite) entreprise. Une assurance RC exploitation ou une RC professionnelle (activité de nature principalement intellectuelle)peut protéger votre capital.

– Si vous livrez des marchandises à vos clients et qu’un problème survient lors de la livraison provoquant un préjudice à un client, celui-ci peut réclamer réparation de votre part. Pour couvrir ce risque, vous pouvez opter pour une assurance « après livraison », généralement reprise dans une police dite « RC entreprise » avec la RC exploitation.

– Les clients de votre e-boutique ont les mêmes droits que n’importe quel consommateur. Si un litige (demande d’indemnisation, défaut de paiement, par exemple) doit passer par la case tribunal, les frais de justice grimpent rapidement. Une assurance protection juridique est utile en pareil cas. D’autant que l’assureur essaiera d’abord de régler le problème à l’amiable avant que l’affaire n’aille devant le tribunal.

  • Protéger vos données et celles de vos clients

Des polices d’assurance spéciales de « Data protection » couvrent un entrepreneur contre le dommage causé par la perte ou le vol de données. Des données qui sont aussi bien les vôtres – liste de clients, de fournisseurs, de stock, etc. – que les données (bancaires) que vos clients transmettent lorsqu’ils achètent en ligne avec leur carte de crédit. Si ces données tombent dans de mauvaises mains, cela peut avoir de graves conséquences. Dans ce cas, le client préjudicié va rechercher le responsable. Cela peut être la société qui a réalisé le site Web, mais ça peut tout aussi bien être vous. Dans ce cas, il est utile d’avoir une telle assurance.

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