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Zut, une seconde sess’ !

En seconde session, le curseur du stress s’emballe chez les étudiants... et parfois davantage chez leurs parents, qui se surprennent à marcher sur la pointe des pieds pour ne pas déconcentrer leur progéniture. Voici comment soutenir au mieux nos students.

Les beaux jours sont enfin là. Et avec eux les barbecues et les vacances bien méritées dans une villa avec piscine. Sauf que... tout cela est réservé aux parents qui n’ont pas chez eux un student en train de réviser. Le stress du blocus est palpable dans toutes les pièces de la maison. Et vous vous demandez, au désespoir :  » Mais qu’est-ce qu’il/elle a fichu toute l’année ? « 

Bonjour la pression !

Vous avez l’impression que les étudiants d’aujourd’hui sont plus stressés qu’avant ? Ce n’est peut-être pas faux.  » Il est difficile de déterminer si le stress est plus intense qu’avant « , analyse Christa Huijgens, qui travaille depuis vingt-huit ans au service Tutorat de la VUB.  » En tout cas, nos ateliers consacrés au stress et à l’angoisse des examens remportent un franc succès. Nous voyons augmenter sans cesse la demande d’aide et de suivi individualisé. Ce besoin d’accompagnement se fait particulièrement ressentir avant et pendant la période d’examens. « 

Selon la spécialiste, on aurait tort de sousestimer cette période de l’année académique. Les matières sont plus fournies qu’avant – il faut dire que le champ de la connaissance humaine ne cesse de s’étendre. Les cours sont également donnés d’une autre façon.  » Les étudiants doivent connaître leurs syllabus de A à Z, mais aussi lire des livres, maîtriser les outils internet, suivre des conférences, etc. Les sources se sont largement diversifiées. Certains cours se donnent en anglais, ce qui complique la tâche pour nombre d’étudiants. Oui, on peut dire que la pression qui pèse sur leurs épaules est plus forte que jamais « , confirme Christa Huijgens.

Le stress des parents

Parfois, ce sont les parents qui transmettent leur stress aux enfants. Parce qu’ils nourrissent des attentes, des espoirs pour ceux-ci mais également parce qu’ils ignorent comment les choses se passent dans l’enseignement supérieur, estime Christa Huijgens.  » Avant, on passait ses examens en juin, point ! Aujourd’hui, il y a déjà une session d’examens en janvier. Les jeunes qui sortent de l’enseignement secondaire doivent s’adapter en deux/trois mois seulement à un système entièrement nouveau, tout en devant tenir la distance intellectuellement et trouver la bonne méthode de travail.  » Le système de crédits (= points) ajoute une pression supplémentaire sur les épaules des étudiants. Ceux qui évaluent mal la situation se retrouvent très vite en difficulté.  » Les parents ont tout intérêt à s’informer, afin de pouvoir guider leur enfant. Ils n’auront pas la réponse à toutes leurs questions mais ils se rendront compte que les études ont changé et que ce n’est plus comme avant. « 

Les études supérieures et universitaires sont aussi devenues une affaire de groupe.  » Les étudiants restent en contact pendant leur blocus, cela les motive. C’est une manière pour eux d’assimiler tout ce stress, précise Christa Huijgens. Réviser ensemble leur permet de moins se laisser distraire par internet, par leur smartphone et les réseaux sociaux... « 

Apporter son soutien

L’aide et le soutien des parents reste primordiaux, renchérit Marleen Jans, qui travaille dans un centre interdisciplinaire destiné aux jeunes et à leur famille.  » Les jeunes qui manquent d’un cadre parental le ressentent particulièrement dans les moments importants de l’année, comme les sessions d’examens. » Idéalement, la famille devrait offrir un havre de paix et de sérénité. « Avant tout, il faut faire en sorte que le jeune puisse étudier de manière autonome, détaille Marleen Jans. C’est aussi une période de stress intense et il faut veiller à ce que l’étudiant puisse se concentrer. N’ayez pas peur de gâter votre fils ou votre fille : remplissez le frigo avec des mets sains et un peu moins sains, veillez à ce qu’il ou elle ait du linge propre... Mais rester non stop à la maison n’est pas nécessaire. Ne rapportez pas vous-même de travail à domicile. Dans la mesure du possible, ménagez-vous une période plus calme au plan professionnel. Abordez des sujets délassants avec votre enfant et pensez positif, c’est essentiel ! Montrez que vous avez confiance. Même si vous doutez de sa réussite, ce n’est pas au moment du blocus qu’il faut l’exprimer. Par la suite, vous pourrez le questionner et revenir sur ce qui aura moins bien marché. « 

Du temps pour soi

Le rôle du parent ? Rester zen et bien dans sa peau !

Les meilleurs étudiants ne sont pas à l’abri des montées de (bon) stress et des accès de nervosité. Votre devoir, en tant que parent, est de rester zen et bien dans votre peau. « C’est comme en avion : l’adulte doit mettre son masque à oxygène en premier « , précise Marleen Jans.  » Ne vous arrêtez pas de vivre sous prétexte que ce sont les examens. Voyez vos amis, faites du sport... Les parents croient trop souvent qu’ils doivent être préoccupés non-stop par la session d’examens. Il faut se sentir concerné mais pas en rajoutant vos émotions à celles de votre fils ou votre fille. Montrez-vous relax, détendu. Et ne culpabilisez pas si vous avez, vous aussi, vos jours plus difficiles. « 

Oui au festival !

Tout de suite après les examens, il est important de décompresser.  » Récompensez votre enfant de ses efforts, avant même de connaître ses résultats. Même s’il n’a pas tout réussi, vous pouvez être fier de lui, il a travaillé dur et s’est montré persévérant. Ne vous focalisez pas trop sur les points « , conseille Marleen Jans.

Et s’il a raté ses examens ? Qu’il doit présenter une seconde session ? Faut-il revendre les tickets pour ce festival ou décommander les vacances ?  » Surtout pas ! « , s’insurge Marleen Jans.  » Laissez votre fils ou votre fille aller à Rock Werchter. Les jeunes doivent pouvoir faire une vraie coupure avant de reprendre le blocus en août.  » Mieux vaut se faire à l’idée que seconde session il y aura, car moins de 40 % des étudiants réussissent leur bac dans les temps (en trois ans). En revanche, partir vous prélasser au bord d’une piscine exotique, pendant que votre étudiant reste à plancher sur ses cours, en Belgique, n’est pas une bonne idée. » Prenez des vacances ensemble, pas trop loin mais dans une maison pourvue d’un espace tranquille où le jeune pourra étudier « , conseille Christa Huijgens.  » Vous vous détendrez, tout en ménageant des moments relax avec votre fils ou votre fille. Si vous êtes détendu, bien dans votre peau, cela rejaillira sur votre enfant. « 

Marleen Jans insiste également sur le fait qu’il faut impérativement faire une distinction nette entre vacances et blocus. Pour cela, il faut mettre les choses au point dès le départ avec son student !

Véronique, 54 ans

Véronique : « Les examens ne sont pas la plus chouette période de l’année. Je me souviens que, étudiante, je n’aimais pas être seule mais mes parents ne pouvaient pas prendre congé. Les périodes d’examens absorbent trois quarts de mes congés. C’est assez prenant. Je passe son planning en revue avec Marie et j’en tiens compte pour savoir quand je dois me libérer pour être auprès d’elle. »

Marie, la fille de Véronique, 22 ans, étudie en kot : « Quand j’étais en secondaire, ce n’était pas nécessaire. J’étais très disciplinée. Cela ne faisait pas une grosse différence que mes parents soient à la maison ou pas. Aujourd’hui, les examens durent plus longtemps et c’est une période émotionnellement très dure. Il faut constamment reprendre confiance en soi. Quand j’étudie à la maison, et non dans mon kot, je ne dois pas m’occuper de mes repas, du coup je perds moins de temps. J’ai quelqu’un à qui je peux me confier et c’est une forme de contrôle sur moi-même. Quand j’étudie avec des amis, je trouve aussi cette forme de contrôle mais je ne peux pas leur tomber dessus non-stop avec mes questions et mes doutes. C’est surtout dans les heures qui précèdent un examen que j’ai besoin d’avoir quelqu’un pour me calmer et me donner des conseils pratiques. Sans quoi je panique assez vite. »

Véronique : « Les matières sont beaucoup plus conséquentes qu’avant. Franchement, c’est lourd. Il y a énormément d’étudiants inscrits, y compris en master. Le contact avec les professeurs est plus anonyme qu’à mon époque. Mais le système de crédits me paraît avantageux. Si les étudiants parviennent à bien planifier leur année, ils peuvent trouver plus facilement leur rythme. »

Marie : « Pour moi, le plus dur, c’est de trouver la bonne méthode de travail. Pour être sûre d’avoir bien intégré toute la matière, il faut consulter les examens précédents, faire des tas d’exercices... Tout cela ajoute un stress supplémentaire. »

Véronique : « Mes collègues ne comprennent pas toujours ma décision de prendre des congés pour ma fille. Je serais moins stressée si elle étudiait dans son kot mais elle a sciemment choisi de faire ses blocus à la maison et il me semble juste que j’y sois pour la soutenir. Il lui arrive d’étudier chez des amies le temps d’un week-end. Et c’est un soulagement pour nous, car nous savons qu’elle y est toujours bien accueillie et encadrée. »

Véronique et Marie sont des noms fictifs, nos témoins souhaitant rester anonymes.

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