Anne Vanderdonckt

Temps de chien et doggy bag

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Cet été, l’actualité légère, qui ne restera pas dans les mémoires, mais qui a eu le mérite de nous distraire de la violence de l’autre, aura été très canine.

Le chien glacé. Cela a été sans doute la polémique la plus stupide de l’été (il y en a toujours au moins une, au même titre que le tube de l’été ou le jeu de plage de l’été). L’objet du scandale : une photo du craquant petit prince George, 3 ans le 22 juillet, qui, sur un plaid dans le jardin, tend mignonnement sa glace à son cocker Lupo. Fureur de la Société royale pour la prévention de la cruauté contre les animaux qui, arguant que les chiens ont du mal à digérer des produits laitiers, accuse le pauvre royal baby de maltraitance. Encore heureux que p’tit George ne mangeait pas un homard mayonnaise, cela aurait monté le compte à deux animaux maltraités.

Doggy bag. Dès ce mois de septembre, dans le cadre de la lutte contre le gaspillage alimentaire, le doggy bag, déjà en place à Bruxelles et en Flandre, débarque en Wallonie. Le principe en est intéressant puisque vous pouvez remporter chez vous ce que vous n’avez plus eu assez de coffre pour consommer sur place (on parle donc ici de restos qui ne font pas 40 couverts avec un chou-fleur). Correction : on ne dit pas doggy bag, mais rest-o-pack, vocable qui n’a pas le mérite d’être plus sexy, mais qui serait, paraît-il, moins vexant, n’évoquant plus du tout nos toutous. Voilà en tout cas qui nous permettra d’y stocker le reste de notre dame blanche sans risquer d’être accusés de maltraitance.

Le chien chaud. Le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, a lieu au sud de New York le concours du plus gros mangeur de hot-dogs, sous les yeux de pas moins de 40.000 badauds et 2,5 millions de téléspectateurs. C’est qu’il ne s’agit pas d’une amusette de guinguette. Avaler 70 hot-dogs en 10 minutes exige un entraînement intensif ; c’est du sport professionnel (sic !). Et cela peut rapporter... gros (jusqu’à 250.000 $ par an). A côté de ça, Maggy De Block et sa taxe sur les sodas sucrés, c’est vraiment de la petite bière light.

Le chien sociologue. Deux entrepreneurs américains ont annoncé qu’ils allaient lancer une application, « Pooper », plateforme collaborative pour le ramassage des excréments de chiens. En pratique : vous prenez un cliché de l’excrément et le publiez pour faire appel à un abonné qui le ramasse moyennant rétribution. De nombreux investisseurs et personnes prêtes au ramassage tarifé se sont très vite manifestés. Mais pas de bol, il s’agissait juste d’un projet artistique destiné à faire la satire de notre société obsédée par les apps, Uber et autres AirBnB. Démonstration réussie : le grand n’importe quoi peut être promis à un grand succès. Chienne de vie quand même !

Quel temps de chien, cet été ! Celui qui a inventé cette expression n’a fréquenté que des chiens de traîneau et des labradors. Qui a jamais vu mon vaillant boxer, tête basse et derrière rétracté, se glisser avec la prudence d’un Sioux de porche en porche d’immeuble sur la digue pour se protéger du vent et de la pluie relativisera ces phrases toutes faites qui mènent aux pensées toutes faites.

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