© Laurence Labat

Roch Voisine : « C’est chiant de vieillir ! Je suis désolé. » (rires)

Sa carrière a décollé grâce à l’inoubliable tube « Hélène » en 1989. Depuis, le chanteur canadien a montré qu’il avait plusieurs cordes à sa guitare. Il entame une tournée européenne avec « Devant nous », son 22e album original. Rencontre à Bruxelles avec le séduisant quinquagénaire...

En trois décennies, vous avez abordé différents styles musicaux. Pourquoi ce choix d’un album pop ?

Les gens n’écoutent plus la musique de la même façon qu’il y a trente ans. Aujourd’hui, à moins d’être ultra fan, ils ne s’assoient plus devant les enceintes pour écouter un album. La musique accompagne plutôt dans la voiture, au travail, pendant le repas... Autre évidence, les radios ne tournent plus de chansons très longues, donc pour y passer, il faut dire ce qu’on veut dire en 3 minutes 25. Puis, j’écoute aussi ce qui tourne aujourd’hui et plein de bonnes choses se font dans le genre pop. Il restait à créer ce qui me plaît en tant qu’auditeur. Un challenge chanson après chanson. J’ai travaillé dans la cave, à la maison, et en trois mois l’album était prêt !

Roch Voisine :
© Laurence Labat

Que représente cet album-ci pour vous ?

Il est actuel dans les sonorités et constitue vraiment une photo 2017 définissant mon univers : ma vie, mes idées, mes questions, mes soucis, les gens qui m’entourent... Une photo très « now », très moment présent ! Ca va au-delà de la petite chanson d’amour, c’est moi qui vis dans mon espace-temps...

Un album autobiographique donc?

Oui mais très tourné vers les autres, social. La chanson « Devant nous » par exemple ne parle pas de mes petits bobos à moi et le titre « J’veux pas vieillir », bien qu’il semble être très dirigé vers moi, reste une chanson qui parle à tous ceux de ma génération.

La chanson « Trop heureux » vous concerne alors?

Oui, parfois ! En fait, cette chanson est un coup de gueule : on m’a dit un jour, en France, que si je voulais vendre beaucoup de disques je ne devais écrire que des chansons tristes. C’est statistiquement vrai : les plus grands tubes sont des chansons tristes. Je leur ai répondu : « Oui mais si je me lève le matin et que je me sens bien je fais quoi ? Je m’automutile pour vous écrire une chanson triste ? » J’ai quand même écrit cette chanson car je trouvais le clin d’oeil intéressant ! (rires)

Et dans la sphère privée, heureux ?

Tout le monde va bien, oui ça va. Je suis chanceux. Je maximise le temps à la maison.

Roch Voisine :
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Quel genre de père êtes-vous ?

J’essaye d’être le meilleur père du monde avec mes fils de 12 et 13 ans : j’ai un métier qui me fait beaucoup bouger donc j’essaye d’être le plus présent possible. Grâce aux moyens technologiques, je peux chatter avec eux, leur parler, faire partie de leur vie quand je suis absent.

Avez-vous encore du temps pour les loisirs ?

Oui, on est chanceux au Québec, on peut faire plein de sports d’été et d’hiver dans la nature. Je pratique encore un peu le ski, plus tellement le hockey sur glace à cause de soucis au genou. J’essaye de rester actif mais je suis un vieux guerrier donc, à mon âge, il y a des trucs qui lâchent ! (sourire).

Dans la chanson « Devant nous » vous posez la question « Tiendrons-nous toutes nos promesses de jeunesse au fil des années ». Quelles étaient les vôtres et les avez-vous tenues ?

Difficile à dire parce que, jeune, je ne pouvais pas m’imaginer la vie que j’ai depuis une trentaine d’années. J’étais bon à l’école, plutôt rangé. Depuis tout petit, je voulais devenir joueur de hockey professionnel. J’ai aussi voulu devenir médecin. J’ai suivi des études de kiné mais comme j’en avais un peu marre, j’ai fait un break et cela fait trente ans que je n’y suis pas retourné ! (rires)

Cet album se termine par la chanson « J’veux pas vieillir ». Ca vous effraye ?

C’est chiant de vieillir ! Je suis désolé... (rires). Cette chanson est un peu fataliste mais très réaliste, c’est l’adulte qui tape du pied comme l’enfant qui dit : « Non, je ne veux pas prendre mes médicaments ! ». Tout le monde parle de l’espérance de vie, de la sagesse, c’est très rose, on essaye de se convaincre... Oui, c’est vrai aussi, je ne voudrais pas me retrouver à 20 ans et refaire tout ce cheminement ! Je suis assez bien dans ma peau. Avancer en âge a cette valeur extraordinaire mais parallèlement à cela, si votre corps vous lâche... S’il y en a un qui fait tout ce qu’il faut pour bien vieillir c’est moi : je ne fais pas d’excès, je suis conscient qu’il faut bien manger, faire du sport, etc. Le côté sombre de cette chanson-là est venu me chercher.

Une petite crise de la cinquantaine cette chanson, cette réflexion?

Ah je ne sais pas. Je croyais que la crise de la cinquantaine c’était les voitures de sport et les gonzesses, non ?!? (rires) Ma compagne Myriam a vingt-cinq ans de moins que moi donc je n’ai pas besoin de vivre la crise. Elle me maintient jeune

Roch Voisine :
© Laurence Labat

« Hélène », c’est LE tube dont tous vos fans de la première heure se souviennent. En avez-vous assez que cette chanson vous colle à la peau ?

Il y a ce désir des médias d’expliquer les choses en très peu de mots : « Roch Voisine, le chanteur d’Hélène » et on oublie 22 albums... C’est très réducteur. « Hélène » n’est certainement pas la meilleure chanson que j’ai écrite de ma vie, elle n’a rien d’extraordinaire ! Mais elle a fait partie d’un tout pour aller très loin au-delà de la chanson et devenir un phénomène. Une folie à l’époque ! C’était bien mais Hélène a fait de l’ombre à beaucoup de choses.

Vous la chantez encore...

Oui, toujours en spectacle. « Hélène », c’est plus qu’une chanson, c’est une communion, presque un hymne générationnel ! Ca fait plaisir aux gens que je la chante.

A quoi peuvent s’attendre vos fans ici, en Belgique, en février?

A un concert assez intéressant parce qu’on va mélanger le neuf avec... le vieux. (rires) Il y aura des moments plutôt intimes et d’autres où ça balance pas mal. J’ai un nouveau groupe en plus, des jeunes musiciens. Par ailleurs, on prévoit un petit jeu pour impliquer les spectateurs: pendant la pause, ils pourront voter, via internet, pour choisir le premier morceau de la seconde partie parmi 4 ou 5 chansons qu’on a, pour la plupart, jamais faites sur scène auparavant ! De toute façon, les gens qui viennent au concert connaissent toutes les chansons, tant les nouvelles que les anciennes, mêmes celles en anglais. Il y a très peu de gens qui viennent par curiosité.

Comment vivez-vous la célébrité ?

Oh, c’était fou les premières années mais depuis ça s’est beaucoup calmé!

Roch Voisine :
© PG

Concert « Roch Voisine. Devant nous »

Le 4 février au Théâtre royal de Mons, à 20h. Réservations : 070 660 601 www.ticketmaster.be

Le 13 février à Forest National, à 20h. Réservations : 070 345 345 www.teleticketservice.com

Le 14 février au Forum de Liège, à 20h. Réservations : 04 223 18 18 www.ticketmaster.be

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