Anne Vanderdonckt

Robots contre dinos

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Les humanoïdes se sont bel et bien échappés des récits de science-fiction pour partager nos vies.

Elle est née le 27 janvier 2017 à 12h05. Elle s’appelle Fran Pepper. Elle est inscrite sur les registres de la population d’Hasselt on ne peut plus légalement, l’acte de naissance ayant été signé par la bourgmestre elle-même. A peine née, Fran a trouvé un job à l’accueil de la haute école PXL. Fran – 1,20m, 26,5kg – vous salue et dialogue bien poliment sans jamais perdre son calme. Fran est un robot.

Des Fran, il faudra s’habituer à en croiser sans plus s’étonner. Car ces humanoïdes se sont bel et bien échappés des récits de science-fiction pour partager nos vies. A l’instar de la fusée de Tintin, cette fantaisie sortie des crayons visionnaires d’Hergé, ils ressemblent en tous points à ceux dont on pensait qu’ils demeureraient des jouets pour enfants. Assemblages métalliques aux joints visibles, à la démarche arthritique et à la voix désincarnée, on aurait pu faire plus esthétique, mais l’objectif, c’est justement qu’on ne les confonde pas avec des humains, qu’on ne s’y attache pas. Car, même si on ne leur a pas prévu de coeur, ni pourvus de conscience ou d’émotions (encore que cela fasse l’objet de tout un domaine de la recherche), ils sont plutôt sympas. Comme ceux que nous vous présentons dans cette livraison, ils apportent leur soutien aux malades, aident leurs proches à se retrouver dans les labyrinthes hospitaliers, tiennent compagnie aux personnes âgées, contribuent à éduquer les plus jeunes... Entre autres. Waldo, petite bouille du même tonneau, lui, pourrait devenir une extension de nous-mêmes, pilotable pour se rendre au musée, assister à une réunion à l’étranger ou rendre visite à notre famille depuis notre canapé.

A plus grande échelle, sous un look plus « machinesque », les robots prennent de plus en plus de postes en charge dans les usines. Au niveau mondial, d’ici 2019, leur nombre devrait y augmenter de 40 %. On sait qu’il est difficile d’anticiper les conséquences des nouvelles technologies, mais il est aussi objectivement très difficile d’imaginer comment ces robots créeront une opportunité d’emploi pour ceux qui l’ont perdu de leur fait. Et puis, il y a les robots militaires. D’ici 2021, l’armée américaine comptera 10 robots pour 1 soldat. Contrairement aux robots actuels pilotés par des militaires, ces robots tueurs, sans affect, seront autonomes. Ce qui va bouleverser l’art de la guerre, a-t-il été déclaré au dernier sommet de Davos. Manière élégante de dire « Brrr ». Et puis, il y a, très proche de nous, la voiture autonome, qui pose des milliers de questions, notamment au niveau juridique. Car nous voilà une fois de plus devant des développements technologiques très pointus dont on aura l’usage avant d’en avoir précisément défini le cadre juridique. Le Parlement européen, qui exige qu’un cadre réglementaire régisse l’intelligence artificielle, envisage la création d’un statut juridique pour les « personnes électroniques », et par ailleurs d’un bouton d’urgence permettant de bloquer un robot en cas de risque. Ce qui est clair, c’est que définir le droit de ces quasi humains ou plus que machines nous obligera à déterminer ce qui caractérise exclusivement les humains. Qui suis-je ? Où vais-je ? Si seulement on le savait...

Et pendant ce temps-là, la Serbie fait un carton avec ses parcs à thème dédiés aux dinosaures.

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