Rivalité entre grands-parents : brisons le tabou

Vous adorez vos petits-enfants. Pourtant, ils vont plus souvent, ou plus volontiers, chez leurs autres grands-parents. Que faire ? Souffrir en silence ? Renforcer vos liens avec vos petits-enfants ? Voici comment bien réagir...

Contenu :

Les sentiments de jalousie sont normaux
Renforcez le lien avec vos petits-enfants
Faites confiance à vos petits-enfants
Faut-il être amis avec les autres grands-parents ?
Soyez franc avec votre fils ou votre fille
Grand-mère plus jalouse que grand-père ?
Le lien du sang est immuable
Quelques chiffres

Chaque fois que nous voyons les parents de notre beau-fils, c’est pareil, déclare Vera non sans émotion. Josiane, l’autre grand-mère, se précipite sur notre petit-fils de 5 ans. Elle le cageole, lui offre des bonbons et répète à tout le monde comme elle a passé de bons moments avec lui les semaines précédentes. Dès qu’il la voit, il court lui donner un bisou. J’aime mon petit-fils autant qu’elle l’aime mais j’ai parfois envie de lui dire : Dis donc, j’existe aussi ! Mais je me tais, je ne veux pas être à l’origine d’un conflit. »

La rivalité entre grands-parents existe. Pour la première fois, une enquête a pu chiffrer les sentiments de jalousie qui peuvent survenir au sein d’une famille.

Dans 1 cas sur 6, nous sommes persuadés que les autres grands-parents ont un contact privilégié avec les petits-enfants. Et cela peut faire mal au coeur. On peut choisir d’ignorer ce sentiment et se taire. On peut aussi décider de se lancer dans une offensive de charme. A moins qu’il n’existe d’autres solutions...

1- Les sentiments de jalousie sont normaux

« Nous voulons tous transmettre certaines valeurs à nos enfants et nos petits-enfants, explique Elsy T’Jampens, psychologue et thérapeute clinique. C’est l’héritage familial. Voyez les réunions de famille. Les personnes présentes ne se sont parfois plus vues depuis des années, ce qui n’empêche qu’elles ressentent un sentiment d’appartenance. C’est pour cette raison que nous sommes si heureux de retrouver chez nos petits-enfants certaines de nos caractéristiques physiques et psychiques.
Le fait de voir peu ses petits-enfants crée un manque. La lignée familiale est comme rompue. Nous réagissons à ce manque en développant une forme de jalousie envers les autres grands-parents, qui, selon nous, parviennent, eux, à assurer cette transmission. La jalousie et la rivalité sont des sentiments normaux mais nous devons apprendre à les gérer. « 

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2- Renforcez le lien avec vos petits-enfants

« On pourrait être tenté d’entrer en concurrence avec les autres grands-parents et de couvrir nos petits-enfants de cadeaux et d’attentions. Mais ce n’est pas une solution, assure la psychologue. Demandez-vous plutôt comment être plus présent. Non pas en accaparant l’enfant et en exigeant toute son attention mais en cherchant de manière active des moyens de développer un lien authentique.
La proximité géographique n’est pas indispensable. Prenez le temps de téléphoner à vos petits-enfants, de communiquer par webcam ou e-mail. Laissez l’enfant vous parler de sa vie scolaire, de ses copains. Allez le voir plus souvent et organisez des activités avec lui (jardiner, aller au cinéma, faire une excursion...). Ne lui forcez jamais la main mais instaurez petit à petit une relation de totale confiance. Et surtout restez vous-même ! »

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3- Faites confiance à vos petits-enfants

Les autres grands-parents sont peut-être plus aisés ou ont plus de temps libre, et ils gâtent vos petits-enfants en leur offrant des jouets coûteux et des vacances de luxe. Soit. Cela ne doit pas vous empêcher de jouer votre rôle de grand- parent actif et présent, à votre façon et avec vos moyens.

 » Au début, l’enfant va être ravi de recevoir des tas de cadeaux mais, finalement, c’est assez secondaire, affirme Elsy T’Jampens. Etre là quand il faut, se montrer une mamie ou un papy chaleureux et affectueux, voilà l’essentiel. Cela peut paraître évident mais c’est la vérité.
Admettons que votre petit-fils ou votre petite-fille vienne loger chez vous et ait peur la nuit. Si vous êtes là pour le (la) câliner et le (la) rassurer, cela comptera bien plus pour lui (elle) que la dernière Playstation ou un séjour à Disneyland. Ayez confiance en lui, il finira toujours par vous en être reconnaissant.
Combien de fois ne voit-on pas des petits-enfants devenus adultes rendre visite fréquemment à des grands-parents qu’ils voyaient pourtant très peu quand ils étaient enfants ? »

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4- Faut-il être amis avec les autres grands-parents ?

Tant mieux si des liens d’amitié se développent avec les autres grands-parents et que, tous ensemble, vous organisez des sorties avec les petits-enfants. Mais si ce n’est pas le cas, ce n’est pas un drame. Vous avez un petit-enfant en commun mais pas de lien de sang et encore moins un passé commun.

« Votre petit-enfant ne fera pas une maladie si ses grands-parents ne s’entendent que moyennement, rassure la psychologue. Si vous remarquez qu’il préfère voir ses autres grands-parents, inutile de lui en parler. Il ne faut pas le culpabiliser, d’autant que cela ne ferait que compliquer les choses. « 

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5- Soyez franc avec votre fils ou votre fille

Seuls 8 % des grands-parents souffrant de cette rivalité s’en ouvrent à leur fils ou à leur fille. Et c’est dommage, car le dialogue est la clé du problème.  » Il ne faut pas craindre d’en discuter avec votre fils ou votre fille, explique Elsy T’Jampens. Il suffit de trouver les mots justes. Ne dites pas : Il me semble que les grands-parents paternels (ou maternels) voient plus souvent les petits, mais : Nos petits-enfants nous manquent et nous aimerions tisser des liens plus forts avec eux.
Vos petits-enfants ont peut-être une excellente raison de passer plus de temps avec leurs autres grands-parents mais il se peut que votre fils ou votre fille souffre aussi de cette situation. Ne soyez pas étonné si votre enfant vous dit que vous semblez vouloir vous occuper davantage de vos petits-enfants que vous ne vous êtes occupés de lui ! C’est souvent la vérité. En tant que grand-parent, on a envie de rattraper avec les petits-enfants le temps et l’attention qu’on n’a pas pu consacrer à ses propres enfants, à cause du travail ou d’une vie sociale intense. « 

Devons-nous nous parler à coeur ouvert de ce problème à notre fils ou à notre fille seul(e) ou également à notre beau-fils ou à notre belle-fille ? « Cela dépend du lien qui nous unit avec le beau-fils ou la belle-fille, explique la psychologue. Si la relation est intime, on peut en parler devant le couple. Sinon, il vaut sans doute mieux en parler uniquement à son enfant. »

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6- Grand-mère plus jalouse que grand-père ?

Il ressort également de l’enquête que les grands-mères souffrent plus que les grands-pères des sentiments de jalousie envers les autres grands-parents.

« Je pense que les hommes souffrent tout autant mais qu’ils l’expriment autrement, tempère la psychologue. Ils réagissent en se mettant en compétition ouverte avec les autres grands-parents, en exprimant clairement les choses.
Les femmes, elles, mêlent à la rivalité des sentiments de jalousie, mais sans en parler. Chez la grand-mère paternelle, la jalousie est plus fréquente que chez la grand-mère maternelle. Celle-ci noue avec sa fille un lien unique, parce qu’elle l’a mise au monde. La fille peut partager cela avec sa mère, alors que le fils n’a pas cette « histoire » commune avec sa mère. C’est peut-être la raison pour laquelle une fille mariée choisit d’habiter plus près de ses parents qu’un fils marié. »

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7- Le lien du sang est immuable

La rivalité entre grands-parents se complique lorsqu’un des enfants se met en ménage avec un conjoint qui a déjà des enfants issus d’une union précédente. Ou si vous-même vivez avec un nouveau conjoint qui a aussi des enfants et des petits-enfants. Cela fait trois papys et trois mamies pour ces petits-enfants, or il arrive que la relation soit meilleure avec un grand-parent non biologique qu’avec le véritable papy ou la véritable mamie.

 » Ne faites pas de distinction entre les vrais grands-parents et les autres, conseille la psychologue. Cela pourrait nuire à la relation avec votre fils ou votre fille, car cette distinction signifierait que vous jugez son choix de vie. En tant que grand-parent, veillez simplement à être présent et raisonnablement impliqué dans la vie de famille. Vos petits-enfants ont plus que jamais besoin de votre soutien.  »

En tant que grand-parent non biologique, vous aurez au fil du temps autant de plaisir à voir vos petits-enfants par alliance que vos petits-enfants de sang. Et, en tant que grand-parent biologique, ne jalousez pas les nouveaux grands- parents. « Ayez confiance dans les liens du sang, conclut Elsy T’Jampens. Ils sont immuables, même si votre fille ou votre fils devait divorcer. Ce fil invisible qui relie les grands-parents à leurs petits- enfants est bien plus solide et plus tangible qu’on ne le pense. « 

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Quelques chiffres

Nos collègues de Plus Magazine aux Pays-Bas et le bureau Motivaction ont réalisé un sondage inédit sur la rivalité entre grands-parents en Europe.

  • 17 % des grands-parents interrogés pensent que les autres grands-parents ont un meilleur contact avec les petits-enfants.
  • 60 % des grands-parents conscients de cette rivalité en souffrent.
  • Les mamies ( 73 %) en souffrent davantage que les papys ( 48 %).
  • Pourquoi les autres grands- parents entretiennent-ils un lien plus fort ? Parce qu’ils habitent plus près ( 51 %), parce qu’ils voient leurs propres enfants plus souvent ( 41 %), parce qu’ils ont davantage de temps ( 5 %) ou de moyens financiers ( 3 %).
  • 31 % des personnes interrogées le disent aux autres grands- parents. 41 % cherchent à voir davantage leurs petits-enfants. 22 % se taisent.
  • Seuls 8 % des grands-parents en parlent avec leur enfant.

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