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Quand votre enfant (adulte) revient à la maison...

Dans le numéro de juin 2013 de Plus Magazine, un psychologue de la famille conseille les parents qui sont confrontés au retour d’un enfant adulte. Le phénomène est devenu si fréquent qu’on l’a baptisé « génération boomerang ». Il suffit d’une rupture sentimentale ou d’un revers professionnel pour pousser un fils ou une fille de 25 ans ou plus à revenir chez papa et/ou maman. Des lecteurs concernés nous font part de leur expérience.

« Qu’il ne vienne surtout plus se plaindre ! »

« Mon fils s’est trouvé dans la dèche, c’est pour cela qu’il est revenu vivre à la maison », nous e-maile Lucia. « J’ai exigé qu’il rembourse ses dettes au plus vite. Je lui ai demandé une participation aux frais de 100 ? par mois seulement, ce qui lui laissait des liquidités pour régler ses arriérés. Au bout d’un an et demi, il a voulu s’installer avec sa petite-amie, avant même d’avoir fini de rembourser ses dettes. Dans son propre intérêt, je lui ai demandé d’attendre un peu que tout soit réglé mais il n’a rien voulu entendre. Résultat ? Il va devoir se débrouiller seul dorénavant. Et qu’il ne vienne surtout plus se plaindre chez maman ! »

Mise au point préalable

D’autres lecteurs nous font part de retours réussis, à condition d’être préparés et de faire l’objet d’une solide mise au point préalable. Et ce, sans omettre aucun aspect de la vie en commun. « Je vis seule et je n’ai plus vraiment la santé », témoigne Francine. « En un sens, j’étais contente que mes enfants reviennent vivre chez moi, car ils m’aident. Mais nous avons veillé à nous mettre d’accord sur toutes sortes de choses au préalable. »

« L’enfant adulte qui revient vivre chez ses parents doit être prêt à s’adapter et à modifier quelque peu ses habitudes », insiste Peter. « Cela n’a rien d’évident de reprendre un enfant chez soi quand on n’a vécu qu’en couple pendant tout un temps. Il faut se mettre d’accord sur une série de choses, par ex. la participation aux frais du quotidien, les repas et l’alimentation, les sorties, les allées et venues d’amis, etc. Le fils ou la fille doit accepter de plier son indépendance aux règles de la maison. »

Gare au surcroît de travail !

En tant que parent, on aime ses enfants de manière inconditionnelle, ce qui peut nous aveugler sur la charge supplémentaire (ménage et frais) que signifie inévitablement le fait d’avoir une personne de plus sous son toit. En particulier si le fils ou la fille revient vivre chez ses parents avec un enfant. Magda : « Notre fille s’est séparée voici deux ans et elle est revenue chez nous avec ses deux jeunes enfants (qui ont aujourd’hui 5 et 10 ans). En tant que couple pensionné, nous nous occupons d’eux chaque jour, avec beaucoup de joie et d’amour, mais c’est parfois dur à porter ! »

Conséquences inattendues

Vos revenus sont limités et vous êtes de ce fait exonéré d’impôts ? Vous avez droit à une aide sociale (ex. statut Omnio) ? Dans ce cas, pensez-y à deux fois avant d’accepter le retour d’un enfant adulte sous votre toit. Si votre fils ou votre fille se domicilie légalement chez vous, ses revenus viendront s’ajouter aux vôtres et vous risquez de perdre (une partie de) vos avantages sociaux. Els en a fait l’expérience : « Je suis séparée depuis de nombreuses années. L’an passé, notre fils aîné est revenu vivre avec moi à l’âge de 19 ans, après avoir vécu chez son père. Je ne pouvais pas refuser, je suis sa mère ! Il sortait de l’école et n’avait droit à aucune allocation. Nous avons donc conclu un accord concret : il devait se trouver un emploi aussi vite que possible. Ce qu’il a fait. Il me verse chaque mois une petite somme pour son entretien. C’est indispensable, car je suis mère célibataire et j’ai un autre fils, de 16 ans, encore à ma charge. Hélas, le fait d’aider mon fils aîné me vaut d’avoir nettement perdu au change financièrement. Avant, je bénéficiais d’une aide sociale en raison de mes faibles revenus (statut Omnio et chèques mazout). Je n’y ai plus droit depuis que les revenus de mon fils aîné sont calculés avec les miens (nous sommes considérés comme cohabitants). »

Finis, les conflits de générations

Le nombre croissant d’enfants « boomerang » s’explique aussi par la disparition de tout conflit de génération entre les parents et leurs rejetons. Alors que la génération précédente s’est souvent révoltée contre ses propres parents. Paul nous le confirme : « Il y a 25 ans, j’ai déménagé après mon divorce et j’ai reçu la garde des enfants. Je les ai élevés en tant que père célibataire. Aujourd’hui, mon fils (qui aura bientôt 34 ans) et ma fille (32 ans) vivent encore chez moi. Les jeunes ne semblent plus du tout pressés de quitter le nid, alors que moi, à 18 ans, je ne rêvais que d’une chose : partir et voler de mes propres ailes ! »

Lisez notre dossier consacré au phénomène de la génération boomerang dans Plus Magazine daté de juin 2013.

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