Produits ménagers écolos et faits maison!

Vinaigre, bicarbonate de soude... En quelques années, ces réactifs qu’utilisaient nos grands-mères sont devenus des stars sur les réseaux sociaux : ils servent aujourd’hui à réaliser des produits d’entretien faits maison, écologiques, durables... Et efficaces ?

C’est l’une des grandes papesses de la mode, de celles qui font et défont les tendances, qui ont leurs entrées dans le Tout-Paris. Inès de la Fressange n’est pas à proprement parler une femme qu’on imagine mettre la main au torchon ou à la brosse à récurer. Et pourtant... Dans une récente newsletter, résolument chic, l’ex-égérie de Chanel ne tarit pas d’éloge sur le vinaigre et le bicarbonate de soude.  » Avec ces deux produits, tu peux déjà faire briller toute la maison « , s’enthousiasme-t-elle. L’anecdote peut faire sourire, mais elle est surtout révélatrice d’une nouvelle tendance, autrefois cantonnée à la sphère  » écolo-bobo  » : le retour en grâce des recettes de grandmères pour réaliser soi-même ses produits ménagers.

Ici, pas de détergents issus de la pétrochimie ou de formules alambiquées : les composants se limitent à quelques grands classiques d’origine naturelle – savon noir ou de Marseille, soude (sous forme de cristaux ou de bicarbonate), vinaigre, huiles essentielles... – et visent avant tout la simplicité.  » Il est presque possible de tout nettoyer chez soi avec ces quelques ingrédients (voir encadré), affirme Aurélie Melchior, chargée en expertise pour l’asbl Ecoconso, qui encourage les comportements respectueux de l’environnement et de la santé. Ils peuvent facilement être combinés de différentes façons, mais pas n’importe comment : on joue quand même avec des acides et des bases qui, s’ils sont moins mordants que les produits chimiques, peuvent être irritants. Quant aux huiles essentielles, il faut faire attention aux quantités utilisées et à leurs propriétés. Mal employée, l’huile essentielle de citron peut ainsi avoir un effet photo-sensibilisant pour la peau. « 

L’art et la manière

Au niveau écologique et sanitaire, les produits faits maison n’offrent que des avantages : ils sont moins allergisants que les détergents chimiques, se dégradent plus facilement dans la nature et limitent la présence de polluants dans les habitations, généralement mal aérées. Mais la question principale reste celle de leur efficacité : s’ils sont moins mordants que les produits chimiques vendus dans le commerce, ne sont-ils pas aussi moins efficients ?  » Le tout est de savoir comment les utiliser, répond Aurélie Melchior. Quand ils sont employés correctement, ils sont efficaces. Pour le vinaigre utilisé comme anticalcaire, par exemple, à condition de lui laisser le temps d’agir, le résultat sera équivalent à celui d’un produit plus corrosif. « 

Et s’il est vrai que certaines taches peuvent rester tenaces, l’experte rappelle que  » les produits conventionnels ne permettent pas non plus de tout récupérer, de tout nettoyer : on a tendance à oublier que les publicités ne reflètent pas toujours la réalité «  ! Que le nettoyant soit issu de la grande distribution ou fait maison, il faudra donc toujours, de temps à autre, y mettre un peu d’huile de coude...

Dépasser les biais cognitifs

Au final, pour une utilisation au quotidien, et même s’il vous faudra parfois être un peu plus patient, votre maison sera aussi propre avec des produits  » artisanaux  » qu’avec des détergents du commerce. Mais au début, il est possible que la sensation de propreté ne soit pas totalement au rendez-vous. En cause ? Des biais cognitifs provoqués par le marketing, qui font qu’à nos yeux, un produit efficace doit posséder certaines caractéristiques. Les grandes marques n’hésitent pas à jouer sur nos sens avec des détergents aux couleurs éclatantes, remplis de parfums de synthèse entêtants aux noms éloquents :  » fraîcheur océane « ,  » brise printanière « ... Rien de comparable aux senteurs fadasses et à la couleur un peu glauque du savon noir, ou à l’absence d’odeur du bicarbonate.  » Dans la tête des gens, quand c’est propre, ça doit être parfumé, reconnaît Aurélie Melchior. Mais c’est une fausse impression : si quelque chose est propre, en réalité, cela ne doit rien sentir. «  S’il reste possible de parfumer les produits maison avec quelques gouttes d’huiles essentielles, l’odeur dégagée ne sera jamais aussi intense qu’avec un produit du commerce.

Dans un même registre d’idée, il est faux de croire qu’un produit efficace doit nécessairement être effervescent ou mousser.  » La mousse n’apporte strictement rien, mais le fait est là : si votre eau de vaisselle ne mousse pas, vous allez avoir l’impression que le produit n’agit pas ! »

Une quinzaine d’euros

Reste la question du prix. « Les ingrédients sont assez facile à trouver : les cristaux de soude, le bicarbonate et le vinaigre sont vendus en grandes surfaces ; pour le vinaigre et le bicarbonate, ce peuvent être ceux vendus dans les rayons alimentaires. Les bons savons noirs ou de Marseille, les huiles essentielles se trouvent dans les drogueries ou les magasins écologiques. Après, tout dépend de la qualité mais, pour s’équiper complètement en produits indispensables, une quinzaine d’euros suffisent.  » Pas nécessairement moins cher que les détergents  » premiers prix « , mais pas inabordable non plus. Même quand on ne s’appelle pas Inès de la Fressange...