Petits dîners entre amis: évitez les situations qui fâchent

Que vous soyez invité à dîner ou que vous rendiez une invitation, ces réunions conviviales permettent de resserrer les liens amicaux. Mais elles peuvent aussi receler quelques pièges. Voici comment les déjouer...

Etienne et Marc se mettent à parler politique à table et le ton monte. Hugo quitte le bar juste au moment où c’était son tour de payer une tournée. Francine et Eric sont venus sans prévenir avec leur berger allemand. Serge a préparé un rôti mais Jean-Louis est végétarien...

Voici quelques exemples de situations susceptibles de gâcher ce qui devrait être une agréable soirée entre amis.  » Un petit dîner est un bon test pour éprouver la solidité d’une amitié et la façon dont nous communiquons avec nos amis, explique Erika Rau, psychothérapeute et diplômée en communication. La communication est la clé de tout, elle permet de résoudre les éventuelles bisbrouilles sans risque de dispute ni de rupture. Garder le silence n’est jamais une bonne solution. Chacun reste sur ses positions et la situation dégénère. Si on veut qu’une sortie renforce des liens d’amitié, mieux vaut se voir avant, pour aplanir la situation à tête reposée ou évoquer le malaise après, au téléphone, par exemple. Il faut aussi faire confiance à ses amis, tout en se méfiant de ses propres préjugés. Par exemple, ne pas oser exprimer ses préférences ( » Je n’aime pas le poisson « ), par crainte de froisser ses hôtes. Ou croire qu’un couple d’amis aisés n’apprécie que le caviar. Pour qu’une amitié dure, il faut se respecter soi-même et les autres, oser exprimer ses limites tout en respectant celles de ses amis.  »

Voici comment réagir face à quelques situations qui peuvent compromettre une longue et belle amitié...

Partager l’addition ou payer chacun sa part ?

Vous allez au restaurant avec quelques amis. Tout le monde commande des plats et des boissons différents. Paul prend un apéro et un dessert, Marie une salade et de l’eau. Henri, lui, choisit une bouteille de vin plutôt chère... Arrive le moment de l’addition : on divise ou chacun paie sa part ? Selon nos lecteurs (lire aussi p. 19) la première solution est la meilleure.  » Nous divisons l’addition par le nombre de couples, sans nous arrêter au fait qu’untel a pris une boisson en plus ou un plat en moins. L’amitié vaut bien plus que quelques euros », raconte Lutgarde.

 » Diviser l’addition est un signe de solidarité, estime Erika Rau. C’est une manière de dire qu’on partage tout, qu’on se fait confiance et qu’on éprouve du plaisir à être ensemble. Il faut veiller cependant à ce qu’un des convives ne paie pas systématiquement plus que les autres pour ce qu’il a consommé.  »

Certains lecteurs, eux, préfèrent que chacun paie sa part.  » Un partage équitable permet de faire durer l’amitié, déclare Eddy . On empêche ainsi que d’éventuels profiteurs brisent une belle amitié.  »

Que faire alors ?  » C’est à chacun de voir, conseille la spécialiste. Si votre groupe d’amis se compose de personnes ayant des situations financières très différentes ou qui ne se connaissent pas très bien, mieux vaut que chacun paie sa part. Mais cette solution est très individualiste et ne cadre pas bien avec l’esprit de groupe d’amis. Quoi qu’il en soit, il est important de se mettre d’accord à l’avance. Il faut que chacun, sans exception, puisse formuler sa préférence, afin de parvenir à un consensus acceptable pour tous.  »

Et si les autres  » oublient  » leur tournée ?

Vous sortez prendre un verre avec des amis. Chacun à tour de rôle paie une tournée. Mais au moment où c’est au tour de Louis de payer la sienne, il trouve, une fois de plus, un prétexte bidon pour s’éclipser en douce.

 » En pareil cas, on formule souvent une raillerie mais, en général, on reste plutôt vague, analyse Erika Rau. Si on accorde de l’importance à l’amitié qui nous lie avec cette personne, il faut oser aborder le sujet de front. Cela demande un certain courage. Evidemment, il ne faut pas lui parler devant tout le monde et encore moins l’apostropher au moment où elle s’apprête à partir. Rappelez-la plutôt le lendemain pour lui faire part de votre malaise. Vous sentirez tout de suite si la personne est prête à vous parler.  »

Autre solution, faire une cagnotte en début de soirée. Attention, cela ne fonctionne que si tout le monde est d’accord sur le principe et en observe les règles. Petit bémol, ceux qui quittent la soirée plus tôt que les autres sont désavantagés.

Certains lecteurs suggèrent de ne plus inviter celui qui se défile au moment de payer.  » Attention, met en garde Erika Rau. Il se peut qu’il rencontre des difficultés financières temporaires sans oser en parler. Mieux vaut donc le prendre à part pour parler du problème.  »

Je reçois chez moi : dois-je tenir compte des goûts de chacun ?

Si vous connaissez bien les personnes qui viennent manger chez vous, vous connaissez déjà leurs goûts. « Tenir compte des goûts de ses invités ou de leur régime particulier est une forme de politesse, affirme Erika Rau. Mais ce n’est pas une raison pour faire une croix sur vos propres préférences. Vous pouvez passer un coup de fil à vos invités pour savoir s’ils souffrent d’allergies alimentaires ou doivent suivre un régime spécifique. Vous pouvez aussi composer un menu où chacun peut trouver ce qui lui convient.

A l’apéritif, servez, par exemple, des crudités, peu caloriques, et des amuse-bouche plus riches, sans préciser que vous les avez prévus pour quelqu’un en particulier. Pour satisfaire les végétariens et les non-végétariens, optez pour un plat de poisson ou à base de fromage. Si vous êtes invité, n’hésitez pas à préciser vos goûts à l’avance : « Je suis végétarien ou je suis un régime sans sucre, peux-tu en tenir compte dans ton menu ?  »

Dans le cadre d’une amitié véritable, on peut tout se dire. Personnellement, je n’aimerais pas que mes amis me cachent leurs préférences alimentaires par peur de me heurter. Si vous êtes au régime, prenez vos responsabilités et essayez tout simplement de manger moins plutôt que d’imposer votre régime aux autres.

Quel cadeau offrir à des hôtes qui ont déjà tout ?

Une bouteille de champagne, de jolis savons ou un bouquet de fleurs sont des valeurs sûres mais qui ne brillent pas par leur originalité. Pourquoi ne pas offrir des biscuits faits maison, des places de cinéma, un DVD ou des entrées de concert pour voir un artiste que vos hôtes apprécient ? Ou alors, n’offrez rien, comme le suggère Marielle, une lectrice :  » Nous invitons régulièrement nos meilleurs amis et eux aussi nous invitent. Nous avons donc décidé de jouer la carte de la simplicité, et nous ne nous offrons rien... « .

Que faire lorsqu’on n’aime pas un plat ?

Vos amis se sont donnés beaucoup de mal mais vous n’aimez pas du tout ce qu’ils ont préparé. La parade ? Un pieux mensonge. Dites, par exemple, que vous êtes désolé mais que vous êtes allergique à l’ingrédient principal du plat ou qu’il n’est pas compatible avec votre régime alimentaire... Si on vous sert ensuite un plat dont vous raffolez, n’oubliez pas d’en faire l’éloge...

Les sujets de conversation à éviter

Lorsqu’on passe une soirée avec des gens qu’on ne connaît pas bien, on évite les sujets sensibles.  » Dès le début de la soirée, soyez attentif aux sujets de conversation qui font réagir les invités que vous ne connaissez pas (ou peu) et ceux qui, au contraire, suscitent un silence gêné, recommande Erika Rau. Cela ne veut pas dire qu’il faut d’office éviter la politique, par exemple. Les échanges les plus passionnants se produisent souvent lorsque les convives ont des avis bien tranchés sur un sujet. Et puis, même entre amis, on n’est pas obligé d’être du même avis. Si, en tant qu’hôte, vous remarquez qu’un sujet suscite la polémique, faites diversion et orientez la conversation sur un autre domaine.  »

Que faire quand un convive gâche la soirée ?

Que faire si quelqu’un raconte des blagues de mauvais goût ou boit beaucoup plus que de raison, gâchant ainsi la soirée ? Même s’il s’agit d’un ami proche, faites-lui part de votre irritation, mais avec tact et gentillesse. Dites-lui :  » S’il te plaît, pourrais-tu arrêter de raconter ce genre de plaisanteries ?  »

Comment réagir face à des invités qui viennent avec leur chien ?

 » Personnellement, cela me déplairait, d’autant que je suis allergique aux poils des chiens, s’amuse la psychologue. Si vos invités ne vous ont pas prévenus, n’acceptez pas le chien chez vous. Demandez leur si le chien peut rester à l’extérieur ou dans leur voiture. Si vous avez un chien et que vous êtes invité, demandez à vos hôtes si vous pouvez l’emmener avec vous. Et trouvez une alternative si vous sentez que cela les gêne.

Il en va bien sûr tout autrement si vos invités viennent avec un bébé, parce qu’ils n’ont pas pu trouver de baby-sitter, par exemple. Un bébé grincheux peut gâcher une soirée mais, dans ce cas, je plaide pour la compréhension. Vous êtes entre amis et tout le monde a connu ou connaîtra un jour ce type d’imprévu. »

Comment réagir face à des invités qui  » envahissent  » la cuisine ?

 » Nous invitons très souvent des amis. Bien que nous nous connaissons assez intimement, je n’aime pas qu’ils m’aident à débarrasser, ni qu’ils viennent dans la cuisine « , raconte Viviane, une lectrice.

Chacun réagit différemment. Lorsque vous êtes invités, offrez votre aide et attendez la réaction du maître ou de la maîtresse de maison. S’ils ne répondent pas franchement oui, abstenez-vous. Lorsque vous recevez, n’hésitez pas à dire que vous préférez débarrasser la table et faire la vaisselle seul.

Suis-je obligé de rendre une invitation ?

Sommes-nous moralement tenus de rendre les invitations qu’on nous a faites ?  » Pour un dîner d’affaires ce n’est pas obligatoire, mais avec des amis ou des connaissances, il serait assez indélicat de ne pas le faire, remarque Erika Rau. Bien entendu, rien ne peut vous obliger à rendre une invitation.

Si vous n’aimez pas cuisiner, dites-le franchement à vos amis. Expliquez que vous n’avez pas la place chez vous ou que vous ne vous voyez vraiment pas organiser un grand dîner. Proposez alors une sortie au restaurant ou commandez un repas chez un traiteur. Vous éviterez ainsi que vos amis se sentent mis à l’écart ou qu’ils se vexent de ne pas être invités.  »

L’art de bien communiquer

Si vous êtes en bisbrouille avec vos amis, voici comment aplanir la situation et repartir sur de bonnes bases :

1. Faites preuve d’objectivité, n’interprétez pas les faits. Il ne s’agit peut-être que d’une broutille.

2. Exprimez clairement vos sentiments : Qu’avez-vous sur le c£ur ? Comment vivez-vous la situation ?

3. Pour renouer le lien, ne vous exprimez pas à la deuxième personne ( tu as fait, tu es...) mais à la première personne, en faisant passer un message personnel et des souhaits concrets. Evitez les généralités : encore une fois, toujours ou jamais. Exemple: une amie est arrivée avec une demi-heure de retard alors que vous l’attendiez pour déjeuner. Ne lui dites pas: « Tu es encore (ou toujours) en retard ! ». Mais :  » Je n’ai pas beaucoup apprécié de devoir attendre toute seule. Cela me ferait plaisir que tu m’envoies un message pour me dire que tu auras du retard.  »

4. Renvoyez la balle dans le camp de l’autre. Après avoir exprimé vos sentiments, posez une question telle que  » Est-ce que cela te convient? » ou  » Que penses-tu de cette solution ? »

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