Anne Vanderdonckt

Non, les 50+ ne sont pas des e-dinosaures !

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

On est passé d’un monde dans un autre, habitués à nous adapter à la nouveauté, sans oublier comment on faisait avant. Ce qui nous a munis d’un esprit critique qui nous prémunit de bien des dérives, notamment en matière de vie privée sur les réseaux sociaux.

La scène se passe dans un magasin d’électroménagers. Une vendeuse me vante une machine à lessiver dont la face ressemble à un cockpit de Boeing full options.  » Tout ce qu’on peut faire avec cette machine-là, Madame. Il n’y a qu’à programmer là, et puis là, et puis là, et puis à appuyer là ! «   » Oui, mais moi, je n’ai pas besoin de ça, en finale, j’utilise toujours les mêmes programmes basiques.  » Le visage de la gamine s’illumine :  » Ah, mais je vois, c’est sans doute l’informatique qui vous effraie, c’est pourtant facile vous savez ! «  Je puise au fond de mes réserves de calme, question de rester digne, et lui balance que j’utilisais déjà un ordinateur alors qu’elle n’avait pas encore barbouillé sa première barboteuse. Non mais !

Ras-le-bol de ce cliché absurde qui associe les  » non digital natives  » à des dinosaures pataugeant avec leurs grosses pattes dans le monde connecté. Une grande étude réalisée par l’université de Gand vient de remettre les pendules à l’heure, et je vous invite à passer quelques bon moments jubilatoires à découvrir, dans ce magazine, les conclusions que nous ont confiées les scientifiques. Non seulement, les 50+ ne sont pas largués du tout, mais en plus, ils se montrent plus habiles que les jeunes pour certaines applications. Merci la science de nous gratifier de ces statistiques sans lesquelles les preuves de l’évidence ne sont pas recevables !

C’est vrai, les 50+ ne sont pas nés avec un iPad dans le berceau et un smartphone greffé aux doigts. Mais à côté de cela, pensez au nombre de changements auxquels nous avons dû nous adapter, et auxquels nous nous sommes adaptés. Question plasticité du cerveau, c’est pour le moins efficace. Pensez, lorsque j’ai commencé dans ce métier, les journalistes disposaient d’une machine à écrire sur laquelle ils tapaient en choeur comme des sonneurs. A la maison, j’avais une machine électrique (les entreprises n’ont jamais été technologiquement en avance sur le privé, ce qui est une source démontrée de stress des employés habitués à avoir plus efficace chez eux). Puis, les ordinateurs sont arrivés. Et à partir de là, un nombre invraisemblable de changements, souvent radicaux, de programmes qu’il a fallu intégrer. Tout comme l’arrivée d’internet qui s’est immiscé dans tous les pans de notre vie. Musique, photos, lecture... La dématérialisation ne nous fait pas peur. On est passé d’un monde dans un autre, habitués à nous adapter à la nouveauté, sans oublier comment on faisait avant. Ce qui nous a munis d’un esprit critique qui nous prémunit de bien des dérives, notamment en matière de vie privée sur les réseaux sociaux.

Si je compte bien, ça fait plus de trente ans que je partage ma vie avec des ordinateurs. Je les ai connus très moches, comme les premiers Tandy, magnifiquement désirables comme les très designés iMac qui étaient alors réservés aux pros, puis transportables, portables, miniaturisés. Trente ans. Soit davantage d’années que la vie d’un représentant de la génération connectée.

CQFD et sans rancune, les petits 🙂 !

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