Mes enfants reviennent à la maison !

Comment cohabiter avec ces adultes qui ont acquis d’autres habitudes de vie ?

Contenu :

Un enfant doit vivre ses propres expériences
Oser dire non !
Instaurer des règles de vies
Témoignages
8 clés pour un retour réussi

On ne laisse pas tomber ses enfants et ses petits-enfants, juge Rudi Scheers, un lecteur de Plus Magazine. Notre fille est provisoirement revenue vivre à la maison avec ses deux enfants. Nous l’avons aidée à affronter à nouveau la vie.  »  » Il est plus facile de venir pleurer sur l’épaule de ses parents que de faire face à un coup dur, estime un autre lecteur, Herman Bouckaert. Il est préférable de les laisser affronter ce mauvais moment seuls, pour les inciter à faire preuve de plus prudence à l’avenir !  »

Ces réactions, que nous avons recueillies sur le forum de notre site internet, indiquent clairement que le retour des enfants au domicile parental est un sujet sensible . Et c’est légitime ! En effet, lorsqu’un enfant, qui a quitté la maison depuis plusieurs années, revient du jour au lendemain vivre sous votre toit, parfois accompagné d’un ou plusieurs enfants, cela change la vie !

Un enfant doit vivre ses propres expériences

 » Le retour d’un enfant adulte au domicile parental se passe sans problème si les deux parties font preuve de respect mutuel, ne se mêlent pas de la vie privée de chacun, se font confiance et concluent de bons accords, expliquent Lydia Etienne et Jef Devolder, éducateurs au centre PRH (*) et qui ont eux-mêmes vécu cette expérience. Les aléas de la vie ont en effet voulu que leur fils Wim, 23 ans, revienne vivre chez eux après une rupture sentimentale.

(*) Le centre PRH (Personnalité et relations humaines) propose des cours visant à dépasser les obstacles qui freinent votre épanouissement personnel.
Tél. : 03 226 53 26 et www.fr.prh.be

Cette situation présente certes de bons côtés tant pour les enfants que pour les parents mais elle comporte aussi certains pièges.

 » Dans un foyer aimant, un enfant trouve l’apaisement nécessaire pour faire le bilan sur sa vie, expliquent Lydia Etienne et Jef Devolder. Il n’est, en effet, pas confronté à des problèmes d’ordre pratique et financier. Les parents peuvent en outre lui apporter un soutien moral et logistique. Tous les enfants doivent trouver leur voie et le meilleur moyen d’y arriver consiste à faire des expériences et parfois aussi à se planter complètement. Les parents ont ainsi l’opportunité d’apprendre à entretenir des rapports d’adulte à adulte avec leur enfant. « 

Cette dernière notion est absolument essentielle. Lorsque qu’un enfant revient vivre à la maison, on a tendance à croire que tout redeviendra comme avant.  » Attention, il est illusoire de croire que l’on peut revenir en arrière et combler un vide dans son foyer, affirment Lydia Etienne et Jef Devolder. Si vous accueillez votre fils ou votre fille à la maison par pure nostalgie du temps passé ou pour voir plus souvent vos petits-enfants, vous courez tout simplement droit à la catastrophe. « 

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Osez dire non !

Autoriser un enfant adulte à regagner le domicile parental doit être un choix mûrement réfléchi. Il faut en effet tenir compte de vos envies, de vos moyens financiers et de vos limites. Ce n’est pas parce que vous refusez que vous êtes un monstre d’égoïsme. Il y a, en effet, de nombreuses bonnes raisons pour ne pas accepter.

Le manque de place, par exemple, est une raison parfaitement valable. Si la relation que vous entretenez avec votre enfant n’est pas au beau fixe, cette cohabitation peut même renforcer les tensions et les conflits. Si vous avez des problèmes de couple, votre enfant risque de se retrouver dans une situation très délicate. Enfin, des problèmes d’ordre financier peuvent également vous inciter à refuser ce retour au nid familial.

 » Depuis que vos enfants ont quitté la maison, vous vous êtes sans doute construit une nouvelle vie dans laquelle vous vous épanouissez, ajoute Lydia. Etant donné que le retour de votre enfant peut perturber profondément ce nouvel équilibre, vous ne serez peut-être pas à même de lui offrir le soutien dont il a besoin. Il existe d’ailleurs d’autres manières de soutenir vos enfants que de les accueillir chez vous. Vous pouvez, par exemple, offrir votre soutien financier, faire la cuisine, garder plus souvent vos petits-enfants, les emmener en vacances...  » Si avez divorcé et refait votre vie, cela peut compliquer les choses mais ce n’est pas forcément une raison de refuser d’accueillir votre enfant sous votre toit.  » Il s’agit toujours d’un choix qu’il faut faire à deux, précise Jef Devolder. Peu importe que vous soyez tous deux les parents biologiques ou non ! « 

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Instaurer des règles de vie

Le retour à la maison doit rester une solution provisoire, même s’il peut parfois durer un an ou deux. Et ce retour ne s’improvise pas ! Dès le début, il faut établir certaines règles. Non seulement en matière de finances mais aussi au niveau des différents aspects de la vie quotidienne : utilisation de la salle de bains, de la cuisine, de la télévision, de l’ordinateur, respect de la vie privée de chacun...

 » Pour que tout se passe bien, il faut que chacun exprime ses souhaits, explique Jef Devolder. Il ne faut pas hésiter à demander à son enfant de ne pas faire trop de bruit le soir, de ne pas monopoliser la commande à distance de la télé, etc... « 

Au niveau financier, il est tout à fait justifié de demander une contribution pour le gîte et le couvert (y compris la consommation de gaz, d’électricité, d’eau, etc.). En fonction des revenus de votre enfant, convenez d’un montant. S’il travaille, un  » loyer  » de 300 euro par mois est tout à fait raisonnable. Si vous devez aussi héberger votre petit-enfant, n’hésitez pas à demander 100 euro de plus. En revanche, si votre fils ou votre fille est sans emploi, demandez-lui une contribution moindre en attendant qu’il/elle trouve du travail. « 

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Témoignages

Francine Benjamin :  » Ma fille rechigne à participer aux frais « 

 » Après mon divorce, je me suis construit une nouvelle vie avec l’homme que j’aime. Il y a six mois, sa fille nous a demandé si elle pouvait venir vivre chez nous avec son fils de deux ans et demi. Mon ami et moi lui avons dit qu’elle était la bienvenue. Depuis qu’elle habite chez nous, elle rechigne à participer aux frais (50 a pour eux deux). Malgré notre insistance, elle ne fait pas grand-chose pour améliorer sa situation (chercher du travail et un logement). Entre-temps, elle a un nouvel ami, qui semble très bien vivre la situation actuelle. Nous sommes confrontés à un choix difficile. Pour préserver notre sérénité et notre vie de couple, nous devons lui demander de partir mais nous nous faisons aussi du souci pour notre petit-fils. Suite à cette mauvaise expérience, je ne conseille à personne d’accueillir à nouveau ses enfants à la maison. « 

Lydia Etienne :  » J’ai appris à m’imposer  » – Jef Devolder :  » J’ai vécu mon rôle de père d’une autre manière « 

 » Wim, notre fils, avait 19 ans quand il a quitté la maison, racontent Lydia et Jef. Un jour, alors qu’il avait 24 ans, il est venu nous rendre visite et a éclaté en sanglots dans la cuisine. Il ne s’entendait plus avec son amie et souhaitait revenir à la maison. Bien que nous sachions que leur relation n’était pas au beau fixe, cela nous a fait beaucoup de peine. Mais nous avons gardé la tête froide et établi certaines règles de cohabitation. Nous avons dû lui faire de la place car nous avions transformé son ancienne chambre en bureau.

Il a vécu dans notre chambre d’amis pendant un an. Aujourd’hui, six ans ont passé. Il s’est marié et sera bientôt papa. Il s’est construit une nouvelle vie. Vivre chez nous lui a permis de retrouver la sérénité et de se reprendre en mains. Au cours de cette année de cohabitation, nous avons communiqué très ouvertement alors qu’avant, notre relation était plus difficile.

Nous ne considérons pas ce retour à la maison comme un échec mais plutôt comme une étape, poursuit Lydia. Cette année m’a également permis de me développer sur le plan personnel. Je devais dire à un adulte qui habitait dans ma maison ce que je voulais et ce que je ne supportais pas. J’ai appris à m’imposer et à poser des limites.

J’ai respecté le fait que Wim ose franchir le cap de la rupture avec son amie et prenne un nouveau départ, conclut Jef. En outre, j’ai pu vivre mon rôle de père d’une autre manière. Je parlais beaucoup avec lui, d’adulte à adulte. Je pouvais ainsi vraiment l’aider à faire face à la vie. Je suis content d’avoir vécu cela. « 

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8 clés pour un retour réussi

1. N’oubliez pas que votre enfant est adulte ! Ne lui demandez pas  » Qu’as-tu fait aujourd’hui ?  » ou  » Où vas-tu encore ? « 

2. Ne sermonnez pas votre enfant quand il fait une bourde.

3. Respectez son choix. Ne cherchez pas à connaître les raisons de l’échec de sa relation.

4. Etablissez des règles claires en matière de finances et de vie en commun.

5. Parlez ouvertement. Vous n’appréciez pas que votre fils invite chaque soir des amis, qui boivent le vin et le whisky que vous réservez pour les grandes occasions ? Parlez-en. Faites éventuellement des compromis mais ne laissez jamais la situation dégénérer en conflit.

6. Faites preuve de souplesse et évaluez de manière informelle les règles que vous avez établies. Tous les deux ou trois mois, invitez votre enfant au restaurant. C’est une excellente manière de faire le point, de modifier certaine règles et de parler des projets d’avenir.

7. Ce n’est la faute de personne. Inutile donc de culpabiliser votre enfant, son ex ou de rejeter la faute sur vous-même.

8. Convenez d’une durée de séjour raisonnable. Ne forcez pas votre enfant à respecter une date précise (cela lui mettrait trop de pression) mais suggérez-lui, par exemple, d’essayer de trouver une solution définitive dans le courant de l’année .

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