Les Bricoleurs du Coeur ont du talent !

Un manche à balai + une boîte de conserve vide + de l’ouate dans la boîte. Qu’est-ce que c’est ? Un ramasse-oeufs. C’est tout bête, ça ne coûte rien et c’est génial ! C’est Johan qui a bricolé cela pour Ann, sa femme, qui souffre d’une myopathie qui lui demande beaucoup d’efforts pour se baisser et cause des pertes d’équilibre, ce qui l’empêche du coup d’aller récolter les oeufs de ses poules. Là, Ann peut désormais ramasser les oeufs sans devoir se baisser, sans se faire mal et sans risque de les faire tomber. Et comme elle les recueille dans un contenant garni d’ouate, les oeufs ne se transforment pas en omelette... avant d’atterrir dans la poêle. Petit bonheur de la vie !

Cette invention-là, conçue avec toute l’ingéniosité que peut donner l’amour, bricolée avec trois fois rien, avec des éléments de récupération, pas très design mais on s’en fiche, et dont tout le monde peut s’inspirer, résume formidablement bien l’esprit de Bricoleurs du Coeur, ce concours lancé par Handicap International il y a douze ans déjà, et dont Plus Magazine a le plaisir d’être partenaire pour la deuxième année. « Lorsqu’on est confronté à une perte de mobilité, due à l’âge ou à une maladie, ou si une famille est concernée par un handicap quel qu’il soit, adapter son environnement à cette nouvelle réalité n’est pas évident et coûte très cher », pointe Nicole Luyckx, organisatrice de Bricoleur du Coeur. Car oui, beaucoup de choses existent, mais à quel prix, parfois.

Des freins de vélo = une pince à jardiner

Et puis, il y a ce qui existe, mais qu’on peut encore améliorer. Gérard, par exemple, a réinventé la pince à jardiner. Constituée de freins de vélo recyclés, elle présente l’avantage d’exercer une force beaucoup plus grande et de pouvoir régler l’ouverture des étriers en deux positions différentes.  » Grâce à cette pince, raconte Gérard, 74 ans, on peut retirer directement les mauvaises herbes du sol et les ramasser avec la pince... sans se salir les ongles. Je peux aussi planter une ligne de 60 plants de chicorée sans devoir me baisser. Grâce à sa pince, Gérard a pu continuer à jardiner malgré ses problèmes musculaires. Aujourd’hui, ses problèmes sont réglés, mais il continue d’utiliser sa pince... et la conseille à tout le monde.

Un masque de carnaval = des lunettes

Dans la salle, il y a Yoeri, assis sur sa chaise roulante. Yoeri, lourdement handicapé et dont les mouvements incontrôlés et la tête qui cogne contre les bords de son appuie-tête l’empêchent de garder ses lunettes qui se mettent de travers. Impossible de les remettre en place tout seul. Du coup, il n’en veut plus, de ces lunettes qui sont une source d’irritation... mais lui permettent aussi de rester en contact avec les autres et le monde. Ici, ce sont des étudiants en design de Courtai qui se sont attelés à trouver une solution, à savoir des lunettes qui retrouvent leur place initiale après avoir cogné l’appuie-tête. Celles-ci se composent de deux parties : l’une, récupérée d’un masque de carnaval, se place le long des oreilles et sur le front. L’autre est une monture avec les verres fixée de manière flexible sur la première partie. La partie de masque ne bouge pas lors des chocs, tandis que la monture absorbe le choc et revient en position initiale. Tout le monde applaudit les étudiants. Tout le monde applaudit Yoeri. Yoeri sourit.

Une caméra de recul = une caméra de recul

Et alors, là, c’est encore autre chose... Quand le petit Iago déboule dans la salle aux commandes de son étrange voiturette électrique, avec son petit frère perché derrière lui, qui grimace un peu parce qu’il y a trop de monde, c’est l’émotion. Ces deux petits garçons incroyablement beaux ! C’est autre chose donc, parce que ce que le papa de Iago, Robin, a inventé pour son fils atteint de myopathie et la plupart du temps en corset, ce n’est pas de la petite bière. Parmi les multiples inventions qu’il a mises au point pour améliorer le quotidien de son fils, le jury de Bricoleurs du Coeur a été contraint de n’en retenir que deux. La caméra de recul sur voiturette de manière à augmenter l’autonomie de l’enfant pour la marche arrière... et à épargner les orteils de son entourage. Et une structure de vélo-voiturette composée d’un vieux vélo et d’une vieille voiturette mécanique. L’objectif de Robin est ici de faire ressentir à son fils toutes les sensations physiques du sport malgré son handicap.

Voici donc présentés les quatre gagnants 2015. Mais l’intérêt du concours n’est pas simplement de saluer de belles initiatives, c’est également de faire en sorte que chacun puisse s’en inspirer si nécessaire. Depuis le lancement du concours, Handicap International a reçu quelque 350 propositions de  » bricolages du coeur « . Une trentaine de propositions sont arrivées cette années. La majorité d’entre-elles sont publiées sont www.handicapinternational.be. Allez voir, c’est incroyablement talentueux !

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