Le couple se partage la cuisine

De plus en plus d’hommes se mettent aux fourneaux. Source de conflits ou point de départ d’une nouvelle relation homme-femme ?

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A deux dans la cuisine...
... le début d’une nouvelle vie
Chacun de son côté ou le test de la Saint Valentin ?

Elle :  » Le repas que tu as préparé était délicieux, chéri, mais tu as vu la cuisine ? C’est un vrai champ de bataille ! Tu aurais pu faire la vaisselle et ranger. J’ai dû tout nettoyer pendant que tu recevais les éloges de nos amis autour d’un bon whisky. Je cuisine presque tous les jours mais personne ne dit jamais rien « .

Lui :  » En fait, tu n’acceptes pas que j’investisse la cuisine. Tu cuisines très bien mais tu prépares toujours des plats hyper classiques : viande, pommes de terre et légumes. Tu n’oses pas innover. Et je ne comprends pas pourquoi tu me tiens sans cesse à l’oeil quand je suis en train de cuisiner. C’est très désagréable « .

Ce genre de discussion est très fréquent. Du moins pendant le week-end car, souvent, c’est le moment de la semaine où monsieur endosse le rôle de cuisinier. Beaucoup d’hommes se passionnent pour la cuisine et ce phénomène n’est pas nouveau. Ce qui l’est plus, en revanche, ce sont ces hommes de plus de 50 ans, qui, pendant toute la durée de leur mariage, n’ont pas été capable de cuire un oeuf, et qui se mettent à suivre des cours de cuisine. A la grande joie de toute la famille, madame a toujours assumé le rôle de cuisinière et voilà que monsieur veut mettre la main à la pâte. Et plus particulièrement quand il y a du monde à dîner. Il veut alors montrer ce dont il est capable. C’est pour cela qu’il n’opte pas pour des cours de cuisine de base mais plutôt pour des leçons de cuisine gastronomique. Ou qu’il se fait membre d’un club de cuisine réservé aux hommes.

 » Ce phénomène ne me surprend pas, explique la psychologue Kristel Matthijs. Pour un homme, la cuisine de haut niveau est souvent une manière de faire ses preuves quand il met fin à d’autres activités sociales ou hobbies ou achève une carrière professionnelle. Dans la cuisine, il se construit une nouvelle identité. S’il essayait autrefois de s’y distinguer, il va vouloir continuer à le faire de plus belle. Il se peut d’ailleurs qu’il ait de réels talents culinaires et puisse seulement commencer à les exploiter. »

A deux dans la cuisine...

Si la cuisine était jusqu’à présent le domaine de madame, l’intérêt soudain de monsieur peut être source de frustrations et de conflits. Cuisiner était pour elle un moyen idéal de s’épanouir. Monsieur peut certes donner un coup de main, tant que la cuisine reste son espace à elle. Et tant qu’elle en demeure la principale responsable et reçoit les louanges pour le travail qu’elle y a accompli. Mais voilà qu’elle ne peut plus exercer un contrôle total sur son territoire.

« Tout va dépendre de la manière dont fonctionnait jusqu’à présent le couple, poursuit Kristel Matthijs. S’ils ont une relation aimante et entretiennent une bonne communication, la lutte autour de la cuisine peut se dérouler dans le calme. Dans le passé, ils ont déjà eu l’occasion de travailler en équipe dans le cadre de la famille, que ce soit pour l’éducation des enfants, l’aménagement de la maison ou les vacances, par exemple. A présent, ils devront aussi collaborer dans la cuisine. Une bonne organisation peut faciliter les choses. Qui cuisine quand ? Si je prépare l’entrée, tu t’occupes du plat de résistance ? On fait les courses ensemble ? »

Selon Kristel Matthijs, trois critères déterminent une relation harmonieuse : l’ouverture, le sentiment de sécurité et l’estime.

  • Une communication ouverte : il peut lui demander de ne pas toujours le tenir à l’oeil, elle doit pouvoir lui dire ce qui la dérange.
  • Un sentiment de sécurité : même dans la cuisine, il est important que chacun puisse être lui-même, agir sans complexe et se sentir en sécurité. Il faut laisser à monsieur l’occasion de commettre des erreurs et d’apprendre. S’il aborde les choses de manière différente de madame, ce n’est pas un problème. A chacun son style !
  • L’estime : tant les talents culinaires de madame que ceux de monsieur sont dignes de louanges. Quand il y a des invités, mieux vaut donc cuisiner à tour de rôle. Madame doit aussi pouvoir continuer à briller en cuisine. Mais elle doit aussi être fière que son partenaire ait acquis de nouvelles aptitudes. A cet égard, elle doit veiller à l’encourager et non à le décourager.

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... le début d’une nouvelle vie

Quand monsieur se met aux fourneaux, cela doit aussi être un plus pour madame. « Chez les hommes, l’intérêt pour la cuisine se manifeste souvent lorsque le couple aborde une nouvelle phase de vie, poursuit Kristel Matthijs. Les enfants sont adultes et ont souvent déjà quitté la maison. J’appelle cela les secondes noces d’un couple. Elles permettent de balayer des habitudes profondément ancrées et de passer à autre chose. Je conseille à ces couples de dresser un plan quinquennal : discutez ensemble d’où vous voudriez être dans cinq ans. Que voudriez-vous encore faire ensemble ? Quels sont les intérêts particuliers de chacun qui vous amèneraient à choisir chacun votre voie ? En effet, il est important que tous deux osent franchir le pas qui les sort de la routine. Et cela conduira inévitablement à un enrichissement de leur relation. »

Monsieur veut devenir un véritable cordon bleu ? Pas de problème ! Le temps que madame passait dans la cuisine, elle pourra le consacrer à d’autres activités qu’elle n’avait pas le temps de pratiquer. De cette manière, elle pourra également se construire une nouvelle identité et conquérir un nouveau territoire. Évidemment, un tel plan exige certains compromis où chacune des deux parties doit trouver son compte. Si madame tient à continuer à assumer son rôle de cuisinière, il suffit de convenir de cuisiner chacun à son tour, par exemple quand des amis ou les enfants viennent dîner. Si monsieur n’apprécie pas que madame le surveille quand il cuisine, elle peut, pendant ce temps, se distraire à l’extérieur. Les conjoints doivent alors se tenir informés des activités qu’ils exercent séparément et s’encourager mutuellement à pratiquer de nouveaux passe-temps et nouer de nouveaux contacts sociaux. « Essayez donc différents scénarios », conseille la psychologue. Et choisissez celui qui se révèle être le plus satisfaisant dans la pratique. Cuisiner ensemble peut également être une possibilité, même si ce n’est sûrement pas nécessaire au maintien d’une paix harmonieuse dans la cuisine. »

« Si tu aimes tant cuisiner, pourquoi ne me donnes-tu pas aussi un coup de main pour faire la lessive, le repassage et le ménage ? », me demande souvent ma tendre moitié.

Tout ce que je trouve à dire pour ma défense c’est « Je m’occupe du jardin et je suis beaucoup plus accaparé que toi par mon travail !  »

La nouvelle répartition des tâches dans la cuisine n’entraîne pas nécessairement le partage des autres tâches ménagères.  » Beaucoup d’hommes aiment cuisiner et font volontiers étalage de leurs connaissances en matière de vins, affirme Kristel Matthijs. Tant mieux car cela enrichit la relation entre les conjoints. Le repassage, la lessive et le nettoyage ne permettront en effet pas à monsieur de briller de la même manière. Mais rien n’empêche madame de lui poser la question. Et s’il est prêt à l’aider dans les autres tâches ménagères, elle doit également lui permettre de commettre des erreurs pendant qu’il apprend ! »

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Chacun de son côté ou le test de la Saint Valentin ?

Si les conjoints se font la concurrence dans la cuisine au moment où leur couple ne fonctionne pas très bien, le risque de conflits est beaucoup plus élevé. Le nouvel intérêt de monsieur pour la cuisine peut être attisé par la soif du pouvoir : pour briller par rapport à madame, lui damner le pion, voire l’humilier en présence d’au-tres personnes. Madame risque alors d’exprimer sa frustration en lui mettant les bâtons dans les roues ou en lui refusant l’accès à son espace.

« Si le couple ne fonctionne pas bien, mieux vaut éviter les conflits en restant chacun de son côté, conseille la psychologue. Tenez-vous à l’écart de l’autre dans la cuisine et convenez de certains arrangements : tel et tel jour la cuisine est à toi, mais tel et tel jour, elle est à moi. Et établissez également au préalable le budget de chacun. Si tous deux respectent ces arrangements, la situation sera vivable. Et qui sait, le fait que monsieur se décide à cuisiner pourra peut-être même les rapprocher. La Saint Valentin peut être une bonne occasion. S’il se donne du mal pour préparer un bon dîner à partager en amoureux, cela peut rompre la glace... »

Tout le monde le sait, l’amour passe souvent par l’estomac. Et cela vaut autant pour lui que pour elle !

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