© Getty Images/iStockphoto

L’araignée, source d’angoisse pour beaucoup

On a beau me répéter qu’une petite bête n’en mange pas une grosse, j’ai beau savoir que ces petites choses velues sont souvent inoffensives, que leur toile n’est que soie, rien n’y fait. Comme 40% de la population, mon sang se glace à la vue d’une araignée. C’est grave docteur?

Elles mesurent en général moins de 5 centimètres et sont souvent inoffensives pour l’homme, du moins en Belgique. Comment dès lors expliquer que les araignées effraient à ce point 26 millions de personnes? Cette phobie peut rapidement devenir invalidante alors qu’elle est souvent banalisée, voire très peu prise en charge.

J’ai peur! Non, j’ai une phobie!

Il est d’abord utile de définir la peur et la phobie. Tandis que la première est une réaction normale et utile de défense, de protection face à un danger, à l’inconnu ou à l’étrange, la phobie peut vite devenir pathologique. La peur est une émotion utile pour la survie de l’espèce. Elle est toujours une réponse adaptée à un stimulus donné. La phobie est une peur anormalement exagérée et incontrôlable, capable d’engendrer toute une série de symptômes: anxiété, accélération de la respiration, tachycardie, vertiges, maux de ventre, crises de panique, vomissements, évanouissements. Pour ma part, les nausées surviennent rapidement et mes orteils se recroquevillent dans mes chaussures ... Autant de manifestations sur lesquels nous, les arachnophobes, n’avons aucune maîtrise.

La peur d’avoir peur

Les arachnophobes ont pris pour habitude de se taire, souvent par honte. D’autant que leur phobie les pousse à adopter des comportements étranges: fouiller tous les coins et recoins d’une maison, se réveiller en pleine nuit, persuadé d’avoir une araignée sur le corps, anticiper le retour des araignées dans les intérieurs, parfois même tendre l’oreille au moindre bruit feutré. Pour les arachnophobes, il est peu évident de comprendre la violence de leurs réactions et l’origine de leur peur.

A l’origine

La question de l’origine de la peur des araignées est complexe. Dans le cas de la phobie des animaux, une origine ancestrale est responsable. Il était jadis dangereux de s’exposer à une araignée car on pouvait en mourir. Pour protéger l’espèce, nous aurions gardé en nous cette peur depuis des siècles. Une dimension biologique existe également : selon certaines études, la peur pourrait être transmissible, souvent involontairement. L’arachnophobie peut également être d’origine culturelle à cause des médias, des films, des livres qui véhiculent des informations anxiogènes. Une expérience malheureuse avec ces petites bêtes peut également expliquer qu’on les craigne exagérément. Quelle que soit son origine, cette phobie est très occidentale. On la rencontre rarement ailleurs, certains peuples vénérant même les araignées.

Toutes venimeuses, peu sont mortelles

Il exite plus de 45.000 espèces d’araignées (une centaine en Belgique), dont une petite quinzaine seulement peuvent être mortelles pour l’homme. En revanche, elles sont toutes venimeuses, puisque leur venin leur permet de paralyser et de tuer leurs proies. En cas de morsure, une légère boursouflure peut apparaître, voire un petit gonflement ou une démangeaison.

Des solutions?

La première des solutions consiste à faire connaissance avec les araignées (très peu pour moi, une autre fois peut-être!) en maîtrisant sa respiration et, si possible, au moyen d’une loupe. Si cette approche est trop directe et brutale pour vous, commencez par observer la morphologie des araignées sur des images. Comparez-les à d’autres petites bêtes qui ne sont pas, pour vous, source d’anxiété.

Si la vue de cet animal indescriptible vous fait tourner de l’oeil, commencez par admirer sa toile. Avouons-le, c’est une véritable oeuvre d’art. Convainquez-vous ensuite que les araignées sont utiles dans votre habitation: elles chassent les insectes et autres parasites (mouches, acariens, moustiques, ...). Une autre technique, la thérapie cognitive et comportementale, est assez efficace contre les phobies, dont l’arachnophobie. Elle est utilisée pour aider les patients à se comporter de manière plus rationnelle. Elle leur enseigne comment corriger leurs pensées erronées, maîtriser les symptômes et gérer la phobie au quotidien. Le patient sera progressivement et de manière répétée exposé à des araignées, réelles ou sous forme d’images. Souvenons-nous en tous cas que tout ce qui est connu fait moins peur. Répétons-nous cet axiome, c’est peut-être le début de la fin de notre arachnophobie.

Contenu partenaire