L’ADN de Richard III a parlé: un bâtard se cache dans la famille royale

Chaque jour, la science nous apporte son lot de découvertes, d’études, de révélations. Mais quand elle met à mal une monarchie, c’est toute la couronne britannique qui tremble !

Shakespeare le qualifiait de tyran sanguinaire, son ADN le dit blond aux yeux bleus. Richard III, ancêtre de la reine d’Angleterre, fait encore parler de lui. Et c’est justement cet ADN qui l’a trahi. Rétrospective.

En 2012, les ossements du roi Richard III sont retrouvés sous un parking anonyme de Leicester, dans le centre de l’Angleterre. Quelques recherches et analyses ADN plus tard, les scientifiques confirment qu’il s’agit bien des restes du roi de la dynastie des Plantagenêt, mort à 32 ans sous la main des Tudors, lors de la bataille de Bosworth en 1482. Le lieu de sa sépulture était resté inconnu et a fait, des années durant, l’objet de nombreuses spéculations. C’est grâce au travail d’historiens et d’archéologues acharnés que sa tombe a été mise au jour sous une église détruite durant les guerres de religion sous le règne d’Henri VIII et depuis recouverte d’un parking.

Une fois le nom mis sur le squelette, l’ADN vient de révéler un autre élément de taille : entre Richard III et Elisabeth II, on a retrouvé la trace d’un bâtard ! De là à dire que la reine d’Angleterre n’a plus sa place sur le trône, il y a un pas que nous ne franchirons pas.

 » Nous avons découvert une rupture dans la chaîne « , a annoncé Kevin Schurer, vice-chancelier de l’université de Leicester, qui a mené les analyses génétiques. Par rupture, il faut entendre apparition dans l’arbre généalogique royal d’un enfant illégitime.

Comparaison génétique

Le roi est mort sans laisser d’héritier. Les scientifiques ont donc dû comparer l’ADN du squelette retrouvé sous le parking avec celui de deux descendants – encore en vie – de sa soeur, Anne d’York. L’ADN des ossements correspond bien à celui de ces deux descendants. En revanche, il a été impossible d’établir une filiation à travers la lignée masculine remontant jusqu’à Jean de Gand, premier duc de Lancaster et frère de l’arrière-grand-père de Richard III. D’où le soupçon d’adultère. Cet  » événement de fausse paternité  » a pu intervenir

 » dans n’importe laquelle des générations intermédiaires « , explique M. Schurer ajoutant aussitôt :  » nous ne sommes certainement pas en train de suggérer que sa Majesté ne devrait pas se trouver sur le trône « .

Exhumations massives?

Pour savoir où et quand cette rupture de la chaîne de paternité s’est produite, les scientifiques devraient exhumer les corps de tous ceux dont la sépulture est connue et pratiquer sur eux des tests ADN, ainsi que sur les actuels descendants, y compris la famille royale. Autant dire mission impossible. Mais Kevin Schurer estime que cette rupture conduit à poser des questions sur la légitimité d’Henri IV, Henri V, Henri VI et de toute la dynastie des Tudor.

Avec cette découverte, la science jette un pavé dans la mare, mais elle ne va probablement pas remettre l’Histoire en cause, même si de tels éléments pourraient bien fragiliser les monarchies actuelles.

Mais pour Richard III, l’Histoire n’a plus d’importance : son seul souci est d’enfin gagner sa dernière demeure prévue dans la cathédrale de Leicester au printemps 2015.

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