Ils divorcent. Et mes petits-enfants ?

Face au divorce de leurs enfants, quel rôle doivent tenir les grands-parents ?

Contenu :

Privilégier le dialogue
Le lien avec notre enfant joue un grand rôle
Ne mettez pas l’enfant face à un choix
Votre rôle en tant que grand-parent
Nous restons tes grands-parents quoiqu’il arrive
Trouvez une oreille
Les grands-parents ont des droits

La semaine dernière, nous nous sommes occupés notre petit-fils de 5 ans tout un mercredi après-midi, témoigne Vera. Sa maman (notre fille) et son papa sont en plein divorce. Milan jouait avec ses petites voitures et les cognait violemment l’une contre l’autre. Soudain, je l’ai entendu dire Je ne veux plus jamais te voir ! puis Ça, c’est à moi ! Pas de doute, il rejouait une scène entendue à la maison. Je n’ai rien dit, je l’ai pris dans mes bras pour lui faire un gros câlin. »

« Lorsque la compagne de notre fils est retournée vivre chez ses parents, nous n’avons plus vu notre petit-fils alors âgé de 4 mois pendant sept longs mois, raconte Joseanne. Depuis peu, nous pouvons le revoir une fois par semaine, pendant quatre heures, mais nous sommes devenus des étrangers pour lui. L’ex-amie de notre fils s’en moque complètement. Lorsqu’ils étaient ensemble, elle refusait de travailler et ne savait même pas faire à manger. Ils avaient sans cesse des discussions, sur l’argent entre autres. Aujourd’hui, nous dépensons des milliers d’euros en frais d’avocat. « 

Deux expériences fort différentes. Vera est l’élément rassurant et consolateur pour son petit-fils, tandis que Joseanne a clairement pris parti dans la séparation en cours.  » On peut comprendre cette attitude, même si elle n’est pas recommandable, explique Rita Barilla, psychologue . Une séparation ou un divorce bouleverse les rôles familiaux. La nature et la fréquence des contacts entre les grands-parents et les petits-enfants sont appelées à changer, surtout si ces derniers partent vivre plus loin. Quel que soit votre chagrin, il est important de garder la tête froide. Pour mettre toutes les chances de votre côté, éviter une rupture et maintenir des contacts suivis avec vos petits-enfants, il est primordial de voir vos enfants, de leur parler et, surtout, de rester neutre dans le conflit qui les oppose .  »

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Privilégier le dialogue

Comme les témoignages des grands-parents le prouvent, sous le coup de l’émotion, il est difficile, voire impossible, de parler ouvertement avec son fils ou sa fille pour envisager les moyens de garder le contact entre grands-parents et petits-enfants (téléphone, e-mail, etc.). Le dialogue n’en reste pas moins capital. Il n’existe pas deux situations semblables. Heureusement, de plus en plus d’ex-conjoints optent pour la coparentalité. Profitez des semaines ou des périodes pendant lesquelles votre fils ou votre fille a la garde de ses enfants pour les voir.

 » Il faut souvent faire des compromis entre les souhaits de chacun et les contraintes des divers agendas. Ne vous arrêtez pas à vos désirs et à ceux de votre fils ou votre fille. Prenez également en compte les attentes de votre ex-belle fille ou beau-fils, celles de l’enfant lui-même et, éventuellement, du nouveau compagnon ou de la nouvelle compagne, conseille Rita Barilla.

Faites des propositions concrètes de manière sereine, sans reproches ni commentaires. Ne commencez pas à passer en revue les circonstances de la séparation et organisez en priorité le nombre de visites, les jours et les heures, jusqu’à atteindre un compromis satisfaisant. Vous avez tout intérêt à parler – en tête à tête ou au téléphone – avec votre ex-belle fille ou ex-beau fils, aussi pénible que cela soit. Entamez la conversation en disant Je comprends que cela doit être dur pour toi mais sache que cette situation m’attriste énormément. Trouves-tu aussi que c’est important que nous gardions un bon contact avec nos petits-enfants ? Que souhaite-tu personnellement ? »

Pourquoi ne pas impliquer dans la discussion la nouvelle compagne ou le nouveau compagnon de notre enfant ? Même s’il n’a pas de lien de parenté direct avec les petits-enfants, il ou elle est appelé(e) à s’occuper d’eux et à les voir souvent. Autant nouer immédiatement un dialogue avec le futur beau-père ou la future belle-mère.

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Le lien avec notre fils ou notre fille joue un grand rôle

  • Après un divorce, il arrive souvent que l’on voie moins ses petits-enfants. Mais on essaie de garder un contact téléphonique.
  • Après un divorce, on se sent tout autant concerné par tout ce qui touche nos petits-enfants. La qualité de la relation reste identique, même si la fréquence des contacts diminue.
  • La relation mère-fille pèse dans la balance. On remarque que la grand-mère maternelle voit en moyenne ses petits-enfants et leur téléphone nettement plus souvent que ne le fait la grand-mère paternelle.
  • Lorsque notre fils ou notre fille a le droit de garde, il y a toutes les chances pour que nous voyions nos petits-enfants plus souvent. En revanche, le droit de garde n’influence pas la fréquence des contacts téléphoniques.
  • Plus la relation avec notre fils ou notre fille est étroite, plus souvent nous verrons nos petits-enfants et plus solide sera le lien qui nous lie à eux.
  • Lorsque les grands-parents vivent près de leurs petits-enfants, ils les voient plus souvent, mais téléphonent et chattent moins souvent avec eux sur internet.
  • Les grands-parents qui vivent seuls sont moins souvent en contact avec leurs petits-enfants que ceux qui vivent en couple.

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Ne mettez pas l’enfant face à un choix

Prévoir une discussion à tête reposée est une chose. Ne jamais prendre parti dans une séparation en est une autre, tout aussi importante. « La neutralité ne signifie pas que vous ne pouvez pas soutenir votre fils ou votre fille dans cette épreuve. En revanche, vous devez éviter à tout prix de confronter vos petits-enfants à un dilemme. Ils n’ont pas à choisir entre deux camps, insiste la psychologue. Ce qui risque d’arriver lorsque les enfants sont seuls chez vous. Ne les questionnez pas et ne parlez jamais en mal de leur papa ou de leur maman. Vous les forceriez à prendre parti, chose impossible pour eux.

Il est frappant de voir à quel point les enfants restent loyaux à l’égard de leurs deux parents et les défendent contre vents et marées en cas de séparation. Y compris quand ils ont été témoins de violences physiques ou verbales. La séparation des parents est déjà assez pénible pour eux, ne les obligez pas à se montrer déloyaux. »

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Votre rôle en tant que grand-parent

Mieux vaut vous concentrer sur le seul rôle valable pour les grands-parents en cas de divorce, surtout en pleine tourmente : celui de refuge et de gage de stabilité.  » Vos petits-enfants vous seront reconnaissants de pouvoir se confier à vous. Laissez-les être eux-mêmes, distrayez-les, câlinez-les, aidez-les à faire leurs devoirs, faites des sorties ensemble et, surtout, n’abordez pas avec eux le thème de la séparation, conseille Rita Barilla. S’ils ont envie d’en parler, d’accord, mais ne forcez pas les choses et ne les questionnez pas. Vous sentirez quand ils auront envie d’aborder le sujet. Laissez-les alors s’épancher, ne prenez pas parti et ne répétez pas systématiquement à ses parents ce qu’ils vous ont dit. Vos petits-enfants vous font confiance, honorez-la.  »

Vous aurez parfois l’impression que vos petits-enfants sont montés contre vous, ce qui peut vous inciter à perdre votre belle neutralité. Dans ce cas, une seule règle : restez zen. Il faut absolument ignorer les ragots et les insinuations. Se disputer avec votre ex-belle fille ou beau fils ne peut conduire qu’à la catastrophe, à savoir amener vos petits-enfants à choisir entre ses grands-parents et son père ou sa mère.

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Nous restons tes grands-parents quoi qu’il arrive

Il se peut aussi que vos petits-enfants déclarent ne plus avoir envie de vous voir.  » Tâchez de comprendre pourquoi, recommande Rita Barilla. Ils ont peut-être simplement d’autres centres d’intérêt, à moins qu’il ne se soit produit quelque chose de désagréable lors de leur dernière visite. Ce n’est sans doute que temporaire, auquel cas vous devez accepter la situation et respecter leur désir de ne plus vous voir. »

Même si l’enfant se détourne de manière plus durable, il existe des moyens de garder contact. Vous pouvez envoyer des SMS, des cartes ou des e-mails, ou passer un coup de téléphone. Vous pouvez acheter en librairie un album de famille dans lequel vous racontez votre vie, puis le leur envoyer. Autre solution, faire régulièrement un petit cadeau s’il est offert à bon escient.  » Cela ne pose aucun problème, rassure la psychologue. Que vous voyiez régulièrement ou non vos petits-enfants, un cadeau apaise les sentiments. C’est un symbole qui signifie vous restez nos petits-enfants, nous restons vos grands-parents quoi qu’il arrive et vous faites partie de notre famille. « 

La rupture est parfois si dramatique que l’on envisage de faire appel à la justice pour obtenir un droit de visite. En tant que grands-parents vous pouvez faire valoir des droits bien précis (lire ci-contre). Mais est-ce une bonne idée ?  » Je ne suis pas favorable au recours juridique, affirme Rita Barilla. Il peut, certes, être fondé, en particulier lorsque les contacts avec les grands-parents bénéficient aux enfants eux-mêmes. Mais il faut se poser la question suivante : Est-ce que j’agis pour moi ou pour le bien de mes petits-enfants ? Mieux vaut peser le pour et le contre avant d’entamer une éventuelle procédure judiciaire.  »

Il est normal que le contact avec les petits-enfants se dilue à l’adolescence.  » Cela survient aussi en-dehors d’un divorce. A la puberté, un enfant est en quête de sa propre identité et se détache de la famille. Soyez patient et ne vous en faites pas. Une fois devenu adulte et lancé dans la vie, l’enfant revient de lui-même vers ses racines et donc vers ses grands-parents. « 

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Trouvez une oreille

 » Voir ses petits-enfants moins souvent ou plus du tout suite à une séparation est une expérience douloureuse. On se sent impuissant, et c’est difficile à vivre. C’est pourquoi il importe de trouver une oreille, insiste Rita Barilla. N’étouffez pas votre douleur, offrez-lui une soupape. Autrement dit, parlez-en à coeur ouvert avec une personne de confiance. Avec votre conjoint, naturellement, mais aussi à votre meilleur(e) ami(e) ou trouvez une aide professionnelle extérieure.

C’est une façon de trouver de l’apaisement, de partager son expérience et de relativiser. Autant de choses que vos petits-enfants attendent de vous. « 

Pour trouver une aide psychologique, adressez-vous à l’une des asbl Espace-Rencontre Divorce en Belgique francophone (à Bruxelles, Namur – asbl Autrement – Tournai, Arlon – asbl Oasis Famille...). Sur le net : www.guidesocial.be, www.lesfamilles.be, www.alloinfofamilles.be, www.couplesfamilles.be.

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Les grands-parents ont des droits !

Comme grands-parents, vous gardez, contre vents et marées, le droit de rester en contact avec vos petits-enfants. Un droit clairement reconnu par le Code civil (art. 375 bis) :  » Les grands-parents ont le droit d’entretenir des relations personnelles avec l’enfant.... A défaut d’accord entre les parties, l’exercice de ce droit est réglé dans l’intérêt de l’enfant par le tribunal de la jeunesse... « 

  • Comment s’organise le contact grands-parents/petits-enfants ? Si aucun accord ne peut être trouvé entre parents et grands-parents, les grands-parents peuvent se tourner vers le tribunal de la jeunesse pour obtenir un  » droit à des relations personnelles  » avec l’enfant.

Bon à savoir Même si votre propre enfant n’a plus aucun droit à des relations personnelles, vous, grands-parents, conservez le vôtre vis-à-vis de vos petits-enfants. Dans chaque cas, c’est l’intérêt de l’enfant qui dictera la décision du juge.

  • Quelle est la durée du droit de visite ? En principe, vous devrez exercer votre droit de visite pendant les périodes où votre propre enfant exerce le sien et dans des plages horaires convenues de commun accord. Lorsque le juge vous accorde un droit de visite indépendant de celui de votre fils ou de votre fille, il s’agira, par exemple, d’un demi-jour tous les deux mois.

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