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Hypersensibilité: comment en faire un véritable atout

Vous avez la sensibilité à fleur de peau ? L’hypersensiblité est un trait de caractère qui ne facilite pas forcément la vie mais la rend en tout cas plus intense. Voici comment en faire un véritable atout.

On estime que l’hypersensibilité concerne 15 à 20% de la population. Ces personnes remarquent des subtilités qui échappent aux autres et les ressentent avec plus d’acuité. Les hypersensibles sont souvent plus sensibles aux bruits, aux odeurs, aux lumières fortes, etc. Tout cela agit comme un hyper stimulant et provoque une surréaction émotionnelle. C’est la psychologue américaine Elaine Aron qui fut la première, en 1991, à se pencher sur le cas des hypersensibles. Elle a mis au point un test (à la fin de l’article) qui permet à chacun de déterminer s’il est HSP (personne hypersensible). « L’hypersensibilté est une caractéristique individuelle et non un trouble, précise le Pr Elke Van Hoof (VUB), spécialiste de l’hypersensibilité. Cela signifie simplement que la personne hypersensible est dotée d’un plus grand nombre de capteurs. En neurobiologie, on considère l’hypersensibilité comme un facteur de personnalité supérieur. Le cerveau d’un HSP est différent de celui des autres. »

Des esprits créatifs

« Les HSP méritent une attention particulière, assure Elke Van Hoof. Ils sont plus créatifs que la moyenne et leur importance est cruciale au sein de la société. Ce sont des personnes qui ont un gros potentiel de réussite mais il faut leur ménager suffisamment d’espace mental et leur permettre de fonctionner dans un environnement positif. Car lorsqu’ils se retrouvent dans un cadre qui ne leur convient pas, ils peuvent cumuler les échecs. » Les hypersensibles ont besoin de plus de temps pour appréhender les choses. Ils ont vite les nerfs à fleur de peau, n’apprécient pas la compétition et ne supportent pas l’injustice. Un hypersensible ne sera jamais à l’aise dans un environnement de travail négatif, même avec un accompagnement. Les HSP ont du mal à se plier à notre société très dure, qui évolue très rapidement. « On naît hypersensible, ce n’est pas un trait de caractère dont on peut se défaire par la suite », poursuit le Pr. Van Hoof. L’hypersensibilité serait même héréditaire. Il faut donc apprendre à vivre avec ses « antennes ». Un hypersensible a besoin de calme, de réflexion, de temps d’arrêt pour interpréter les signaux. Bref, il doit se ménager du temps pour lui, au moins une demi-heure chaque jour. « Les hypersensibles sont plus vulnérables, puisqu’ils ressentent tout avec plus d’acuité. Mais cette vulnérabilité ne veut pas dire qu’un HSP présente plus de risque de dépression, précise Elke Van Hoof. Il y a autant d’hypersensibles chez les hommes que chez les femmes, même si les femmes en parlent sans doute plus facilement. »

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Hypersensibilité: comment en faire un véritable atout
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« Je n’ai découvert qu’assez tard, vers l’âge de 30 ans, que j’étais hypersensible. Adolescente, je n’aimais pas les boums et les grands événements mais j’ai vraiment commencé à souffrir de mon hypersensibilité quand j’ai fondé une famille et eu des enfants. Il faut avouer qu’avec de jeunes enfants on a souvent du mal à doser les stimuli. Je supporte difficilement le bruit : la TV qui crie, les ambulances qui passent, le grondement des avions de chasse... Cela dit, en mettant des bouchons d’oreille je retrouve le calme dont j’ai besoin.

Ce que je supporte encore moins, c’est notre rythme de vie accéléré. J’ai essayé de suivre le tempo, en vain. Voyant que les autres y arrivaient, je culpabilisais, parce que je savais qu’il allait me falloir plus de repos ou de temps de récupération. Pourtant, je n’osais pas m’accorder ce pas de côté. Je me forçais à dépasser mes limites avec pour conséquence des périodes d’épuisement et de repos obligatoire.

Au bout d’un certain temps, j’ai voulu sortir de ce cercle infernal : j’étais épuisée tous les mois. Je me suis plongée dans un ouvrage qui m’a permis d’analyser mon cas. C’est comme cela que j’ai pu reprendre la situation en main. Au lieu de me laisser déborder, j’ai appris à gérer mon hypersensibilité. Je sais désormais que mon cerveau est un peu différent de celui des autres, que je ne dois surtout pas culpabiliser mais, au contraire, m’accorder des plages de repos. Je sais que j’ai besoin de plus de temps pour faire les choses et que je dois éviter les sur-stimulations. Prendre le temps d’être seule est important aussi, ne serait-ce qu’un quart d’heure de marche ou de sport par jour. Veiller à moins remplir son agenda aide également à limiter le stress. Ne prévoir qu’une activité sociale le week-end, par exemple.

Cela m’a permis de développer mes qualités, comme ma forte intuition et mon empathie. En tant qu’assistante sociale, je sens très vite si les choses se passent bien au sein d’une équipe et s’il y a des tensions sous-jacentes. C’est quelque chose que l’on apprécie chez moi. Mes collègues savent que je suis hypersensible, du coup on me permet de faire du télé travail. J’ai un coin bureau installé au calme. Je partage ensuite mon ressenti et mes impressions. »

Pas comme les autres

« Enfant, je me suis rendu compte que j’étais un peu différente, explique An Michiels, psychotherapeute elle-même hypersensible. J’avais un côté très sérieux, tout me touchait et on me voyait comme une enfant grave. Beaucoup de HSP disent ressentir la même chose : ils se sentent différents, bizarres. Cela peut finir par affecter la confiance en soi. Pourquoi suis-je ainsi ? Pourquoi me trouvet-on bizarre ? On voit ou on sent souvent des choses que les autres ne perçoivent pas, alors on se dit qu’on a tout faux. Au sein de la population, seuls environ 20% des gens sont hypersensibles. Ils forment une petite minorité et cela peut être difficile à vivre, car notre société valorise moins la sensibilité et le ressenti que la pensée et l’action. »

Les HSP sont-ils moins sociables ? « L’hypersensible est très empathique mais parfois un peu lourd ou insistant, reconnaît An Michiels. Nous ne nous retrouvons pas dans les aspirations habituelles des gens, nous n’aimons pas la compétition, les grandes réceptions. Or, les gens qui fuient la foule sont souvent vus comme des asociaux. Au sein d’une relation, les HSP peuvent être pénibles : exigeants, ils prennent toute relation très au sérieux et attendent de l’autre qu’il s’investisse. Dans ma pratique, j’apprends aux HSP à gérer leur stress et les critiques, et aussi à se détendre. »

Infos : https://www.leshypersensibles.ch/

Etes-vous hypersensible ? Faites le test!

Parmi les affirmations suivantes, combien vous correspondent ?

– J’ai souvent conscience de ressentir des signaux infimes autour de moi.

– L’humeur des autres influe sur la mienne.

– Je suis assez sensible à la douleur.

– Les jours où l’agitation est intense, j’ai besoin de prendre du recul, par exemple en me mettant au lit, en me retirant dans une pièce sombre ou calme, où je serai sûr(e) de ne pas être dérangé(e).

– Je suis particulièrement sensible aux effets de la caféine.

– Je suis vite gêné(e) par toutes sortes de choses : lumière trop vive, odeurs fortes, tissus qui grattent, sirènes hurlantes...

– J’ai un monde intérieur riche et complexe (j’ai tendance à gamberger sur pas mal de choses).

– Je ne me sens pas à l’aise dans un environnement trop bruyant.

– Je peux me sentir bouleversé(e) par de la musique ou une oeuvre d’art.

– Je suis quelqu’un de consciencieux.

– Je sursaute facilement.

– Je me sens harcelé(e) quand je dois faire beaucoup de choses dans un court laps de temps.

– Quand des gens disent ne pas se sentir bien dans une pièce, je sais d’intuition ce qu’il faudrait faire pour améliorer cela (ex. prévoir un éclairage plus doux ou changer quelques meubles de place).

– Je m’énerve quand on essaie de me faire faire trop de choses en même temps.

– Je fais mon possible pour éviter d’oublier des choses ou de commettre des erreurs.

– Par principe, j’évite de regarder des films ou des séries trop violents.

– Je ne me sens pas à l’aise quand il se passe trop de choses autour de moi.

– Quand j’ai (très) faim, cela sape ma concentration ou mon humeur.

– Les changements dans ma vie ont tendance à me déstabiliser.

– J’ai une sensibilité développée aux parfums délicats, aux saveurs fines, aux sons et aux oeuvres d’art, et j’en profite.

– Ma priorité ? Eviter les situations qui pourraient me bouleverser ou être trop stressantes, trop pesantes.

– Je perds facilement mes moyens quand je dois me mesurer à quelqu’un, rivaliser avec cette personne ou quand je sais qu’on m’observe et me jauge.

– Mes parents ou mes professeurs disaient de moi que j’étais un enfant sensible ou timide.

Si vous avez coché au moins 14 affirmations, c’est que vous êtes, selon toute vraisemblance, une personne hypersensible.

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