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Handicap international récompense ses bricoleurs du coeur 2017

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Pour la quatorzième fois déjà, Handicap International a récompensé ses bricoleurs du coeur, à savoir des personnes qui ont inventé et bricolé un système permettant de faciliter ou d’embellir la vie d’un proche handicapé.

Plus Magazine est très fier de s’impliquer dans ce concours qui, à chaque fois, remue bien des émotions. Car c’est de l’amour ou de l’amitié que naissent ces « bricolages » qui, très souvent, ne nécessitent pas de fortunes ni un savoir-faire exceptionnel, mais énormément d’empathie et qui améliorent considérablement le quotidien des personnes handicapées. Ce concours prend de l’ampleur puisqu’une agora digitale est, pour le moment, en train de prendre forme avec pour objectif de regrouper toutes ces innovations apportées au fil des ans par des parents ingénieux partout dans le monde. Une façon de mettre en avant les talents et une mine d’inspiration pour les personnes handicapées et familles soucieuses d’aider leurs proches!

Cette année encore, ce sont quatre inventions très différentes qui ont été primées.

Manger un yaourt avec une seule main

Le prix Vie quotidienne échoit à An-Sofie Vandenberghe.

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Cette jeune ergothérapeute aux cliniques universitaires de Louvain a imaginé un soutien-pot universel qui maintient en place des pots de toutes les tailles pour les personnes qui ne peuvent utiliser qu’une seule main ou souffrent de problèmes de coordination. Ouvrir le pot de yaourt, de glace, de pudding ou que sais-je d’une seule main, le tenir pour qu’il ne glisse pas pendant qu’on y puise, imaginez la difficulté de la chose ! Pour les personnes qui éprouvent des problèmes à s’alimenter et dont l’alimentation se limite à des aliments liquides ou semi-liquides en pot, l’heure des repas devient un combat quotidien, une mine de frustrations. A la fin, ras-le-bol, certains abandonnent et ne mangent plus qu’un minimum.

L’ergothérapeute a fixé de l’antidérapant en-dessous du soutien-pot et prévu des ouvertures pour les couverts gauchers et droitiers. Les coins sont arrondis pour éviter les blessures. Prix total : 18,69 euros.

C’est tout simple, pas cher, il suffisait d’y penser ! Rien d’étonnant dès lors si le soutien-pot d’An-Sofie Vandenberghe a aussi remporté le prix du public avec pas moins de 1.799 voix.

Continuer à coiffer en chaise roulante

La chaise de coiffeur hydraulique, c’est l’invention de Frank Genar, de Hove, le mari d’Ingrid. Et cette invention lui vaut aujourd’hui le prix de la catégorie Vie professionnelle.

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A la suite d’un accident il y a trois ans, Ingrid s’est retrouvée en chaise roulante. Deux fois « punie », car avec sa mobilité, elle a aussi perdu son boulot et s’est trouvée devant un grand vide. Heureusement, Frank, qui est ingénieur, a plus d’une idée dans son cerveau. L’an dernier, nous avions rencontré le couple au même endroit à l’occasion de la remise des prix « Bricoleurs du coeur ». Frank avait été primé pour avoir réalisé une version pliable et sûre du repose-pied de la chaise roulante qui, fixe, gênait très fort Ingrid. Cette fois-ci, il va un cran plus loin... en lui permettant de reprendre son travail de coiffeuse. Reprendre sa pratique qu’elle exerce à domicile à temps partiel (car sa revalidation est évidemment une priorité qui lui prend beaucoup de temps), cela représente pour Ingrid des contacts sociaux, un sentiment d’indépendance et celui d’être utile. On est donc ici bien loin de l’anecdotique.

Qu’a fait Frank ? Il a transformé une chaise classique pour les clients en chaise hydraulique qu’Ingrid peut utiliser depuis son verticalisateur. La chaise sur laquelle est installée la cliente est montée sur un socle électro-hydraulique qui est réglable et compense la position statique de la coiffeuse. Elle peut également faire pivoter la chaise dans toutes les directions et bien positionner la tête de la cliente. Comme Ingrid ne peut pas utiliser de pédale au pied, Frank a prévu une commande manuelle sur le dossier de la chaise. Les interrupteurs sont munis de lampes LED pour être facilement visibles sous la cape.

Prix ? On serait tenté de dire qu’une invention qui permet à une personne à laquelle on ne donnait plus aucun espoir dans ce sens de réintégrer le monde du travail avec tout ce que cela comporte, cela n’a pas de prix. Mais bon... Frank a dépensé 1632 euros pour adapter une chaise existante. Le couple a obtenu un soutien financier du VDAB pour l’adaptation du lieu de travail au handicap, ce qui a permis d’acheter le socle.

Nager bien protégé quand on est polyhandicapé

La catégorie Sports et loisirs fait émerger l’association AP3plouf ! de Rixensart qui mérite bien d’être mise à l’honneur et médiatisée. Car un des mérites de ce concours, c’est aussi de donner de la visibilité à des gens formidables.

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Bref, cette association permet à des polyhandicapés de tous âges de profiter des effets bienfaisants de l’eau en les amenant à la piscine. Comme l’eau leur semble plus fraîche qu’aux personnes non-handicapées, pour plus de confort, l’association utilise des combinaisons de plongée qui leur permettent de bénéficier de quelques degrés de plus et de se détendre au mieux. Le hic, c’est que ce n’est pas facile à enfiler à des personnes dont les bras ou les jambes sont raidis. Les animateurs de l’association ont découpé et adapté deux combinaisons classiques en y cousant de grosses tirettes aux épaules, à l’entrejambe et sur la longueur d’un des côtés de manière à pouvoir ouvrir le vêtement, y déposer le nageur et l’y emballer. Génial, il suffisait d’y penser ! Et le nom de la combinaison que nous révèle Michèle Rouge ne manque pas de piquant : « croque-monsieur ou mademoiselle ». Le sourire, ça compte aussi...

Encore ceci : cette petite association a besoin de bénévoles (pas nécessairement pour un travail dans l’eau). Si cela vous intéresse, prenez contact avec Elisabeth Renard, dès le mois de septembre : Elisabeth_renard@hotmail.com. Tel 067 77 28 80 ou 0494 69 07 82

Plus d’infos sur l’asbl AP3 sur www.AP3.be

Suivre les conversations en lisant sur son smartphone

La catégorie Ecoles couronne, elle, le très jeune Olivier Catfolis, 13 ans, de Duffel, avec son application Read my voice.

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D’une part, un constat : son oncle sourd a énormément de mal à suivre les conversations. De l’autre, une demande de son école de réaliser un projet visant à résoudre un problème. D’où l’idée de mettre au point une application permettant à son oncle de suivre les conversations en lisant les dialogues sur son smartphone. Génial Olivier a travaillé avec un logiciel de programmation spécifique pour les applications, AppInventor. Son système peut fonctionner dans toutes les langues. Le public qui lui a accordé 1545 voix ne s’y est pas trompé : une appli pareille permettra à beaucoup de retrouver une vie sociale de qualité, ce qui est essentiel.

Toutes ces inventions et bien d’autres se trouvent sur www.handicapinternational.be

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