Faut-il vraiment acheter équitable ?

Café, vins, fruits, objets déco, vêtements,meubles... Les produits équitables sont de plus en plus tendance. Mais ces produits sont-ils de bonne qualité ? Valent-ils vraiment leur prix ? Et comment être sûr qu’il n’y a pas d’abus ?

Contenu :

– Du café aux disques à démaquiller
– Le commerce équitable contre le bio
– Attention aux imitations
– Dans notre propre intérêt
– Payer plus cher ?

– Les consommateurs décident !
– Quelques adresses pour se restaurer équitablement
– A quoi reconnaît-on un produit équitable ?
– Des vins équitables
– Ethic wear : la mode éthique
– Votre commune est-elle équitable ?

– Comment voyager éthique

Même si l’on ne peut pas encore parler de gros succès, les produits équitables deviennent résolument tendance. Depuis 2001, leur chiffre d’affaire en Belgique a doublé au niveau du commerce de détail. Près d’une banane sur dix que nous achetons porte un label Commerce Équitable.

Les 364 magasins du monde Oxfam restent d’importants points de vente de produits équitables mais ils ne sont plus les seuls. Désormais, on en trouve aussi dans les grandes surfaces (Delhaize, Colruyt, Inno, etc.), dans les chaînes de magasins (Citizen Dream), dans les cafés, restaurants et fast-foods, dans les entreprises de vente par correspondance (La Redoute), dans les boutiques indépendantes et chez les négociants en vins.

Du café aux disques à démaquiller

Actuellement, on peut consommer équitable pour couvrir la plupart de ses besoins quotidiens. Que ce soit pour les vêtements, les chaussures, le coton, le linge de maison, les produits de beauté, le bois, les objets déco et même le tourisme...

Parmi les produits les plus récents portant le label Max Havelaar, on retrouve de l’huile de massage, du gel douche, des disques à démaquiller et des  » coffee pads « ... Kuyichi et Veja sont, elles, des marques équitables de jeans et de chaussures de sport branchées.

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Le commerce équitable contre le bio

Malgré cette forte croissance, le concept de commerce équitable n’a pas encore été reconnu ni défini par la législation belge. L’année dernière, trois partis ont pourtant introduit une proposition de loi en ce sens. Une définition officielle contribuerait, en effet, à éviter les abus.

Au niveau international, le fair trade est défini comme  » un commerce équitable avec le Sud, qui répond à des normes économiques, sociales et écologiques « .

Concrètement, dans les pays en voie de développement, les producteurs de produits équitables reçoivent un prix minimum qui leur permet de vivre dans la dignité. De plus, leurs coopératives se voient octroyer les moyens d’investir dans des écoles et dans l’amélioration de la production. Les conditions de travail doivent être correctes et le travail des enfants est interdit. Le produit doit être fabriqué de manière écologique et durable (c’est-à-dire en faisant usage de matières premières réutilisables).

Cette dernière condition est une nouveauté.  » Il y a trente ans, lorsque le mouvement du commerce équitable a débuté, l’écologie et le développement durable n’étaient pas des thèmes d’actualité, explique Steven De Craen du Fair Trade Centre. A présent, ils font partie du cahier des charges. De plus en plus de produits issus du commerce équitable portent même un label de culture biologique.
Évidemment, il existe une certaine opposition entre commerce équitable et culture biologique. Les partisans du mode de vie bio veulent que nous achetions le plus possible de produits locaux, alors que les produits issus du commerce équitable nous viennent du sud.
Cela n’a pas de sens d’importer des pommes de l’hémisphère sud, alors que nous en avons ici. Par contre, comme nous n’avons ni coton, ni ananas, ni bananes, ni café etc, il vaut donc mieux en acheter par le biais du commerce équitable.
De plus, il faut remettre en question certains produits cultivés chez nous. Des fleurs coupées provenant de serres surchauffées sont-elles vraiment plus écologiques que des fleurs coupées équitables cultivées en plein air et importées d’Équateur ou du Kenya ? « 

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Attention aux imitations

Pour être sûr d’acheter équitable, vous pouvez faire confiance à ces 5 labels : Max Havelaar, Oxfam Fairtrade, Made in Dignity, Fair Trade Original et Maya (voir encadré A quoi reconnaît-on les produits équitables ?) Ou faire vos emplettes dans Les Magasins du monde Oxfam, certains magasins spécialisés et sur des boutiques en ligne travaillant avec des fournisseurs qui ont signé la charte du commerce équitable.

Quelques exemples : Citizen Dream, une chaîne de magasins (objets déco, tissus, accessoires mode), présente à Bruxelles, à Waterloo, à Alost, à Louvain-la-Neuve, à Liège et à Namur. Sonargaon à Gand (Sint-Niklaasstraat) achète des bijoux, des poupées de chiffon et des objets artisanaux dans des organisations non-gouvernementales au Bangladesh. Mbeubeus à Bruxelles (rue Pletinckx) propose des autos miniatures et des objets de décoration fabriqués en Afrique occidentale à l’aide matériel recyclé. The Body Shop propose un large éventail de produits issus du commerce équitable. Ou encore Ethic Wear, à Bruxelles (rue des Chartreux), Sjamma à Gand (Dampoortstraat), Tu l’auras à Tournai-Maulde (Rue Mansart) et Fair Kleding à Wilrijk (Daniel Herreynslaan).

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Dans notre propre intérêt

Selon une enquête de la Coopération technique belge, près de 8 Belges sur 10 semblent savoir ce que signifie le commerce équitable. La moitié d’entre-nous achète de temps à autre un produit issu du commerce équitable, surtout des boissons mais aussi des aliments. Nous le faisons surtout par respect pour les producteurs (38 %) et pour faire une bonne action (29 %).

 » En réalité, nous devrions acheter des produits issus du commerce équitable par conviction et parce que c’est également dans notre intérêt, explique Steven De Craen. Le commerce équitable, c’est l’avenir de notre planète.
Nous nous sommes habitués aux images de ces réfugiés qui échouent sur les plages des Iles Canaries. Ou de ces Mexicains qui essayent de tromper la vigilance des patrouilles américaines de gardes-frontières. Ces scènes horribles ne disparaîtront que si nous rétribuons correctement les producteurs des pays du Sud.
Aujourd’hui, dans sa globalité, le commerce mondial n’est pas équitable. Nous dépouillons les pays du Sud de leurs matières premières et nous ne les achetons même pas à un prix raisonnable. Nous faisons encore fabriquer nos vêtements et nos meubles dans des sweat shops où l’on exploite les ouvriers et même des enfants.  »

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Payer plus cher ?

Pourquoi devrions-nous payer plus cher pour des produits dont la qualité n’est pas toujours au top ? Tout d’abord, les produits issus du commerce équitable ne sont pas forcément plus chers. Les bananes équitables sont souvent moins chères que celles d’une marque connue.

Par contre, le café équitable et bon nombre d’autres produits sont généralement plus onéreux.  » Un effort est fait au niveau de la qualité, explique Steven De Craen. A l’avenir, l’amélioration qualitative des produits sera le grand défi à relever. Les producteurs des pays du Sud et les réseaux de distribution doivent adapter leurs produits à nos besoins actuels.
Des relations commerciales basées sur la charité sont éphémères. Un mauvais vin équitable, nous en boirons peut-être une fois, histoire de faire une bonne action, mais pas deux. Pourquoi achèterions-nous un panier de jonc d’Indonésie si celui provenant de Chine est plus beau, moins cher et plus design ?

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Les consommateurs décident !

La notion de commerce équitable doit disparaître. Et ce sera le cas lorsque le commerce à l’échelle mondiale sera équitable. Une utopie ? Peut-être, mais à ce niveau, les consommateurs de l’Europe de l’ouest, peuvent faire toute la différence. Si nous achetons en masse les produits issus du commerce équitable, cela sera le signe que nous n’acceptons plus l’exploitation des pays du Sud.

Ikea et Nike ont prouvé que les grandes marques sont sensibles à l’opinion publique. Il y a quatre ans, sont apparus les premiers rapports dénonçant le travail des enfants dans les ateliers en Afrique et dans le Sud-ouest asiatique. La critique a tellement effrayé les deux sociétés qu’elles ont revu les salaires à la hausse et interdit le travail des enfants.

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Quelques adresses pour se restaurer équitablement

Si vous souhaitez déguster un vin, une bière ou un cocktail  » fair trade  » ou savourer un repas préparé avec des produits issus du commerce équitable, voici quelques bonnes adresses :

  • Café Delirium (Impasse de la Fidélité 4a, 1000 Bruxelles): bières équitables portant le label Mongozo.
  • Exki (dans toute la Belgique) : chaîne de fast food servant du riz et du café équitables.
  • The Foodmaker (dans toute la Belgique): chaîne de fast food servant du riz équitable.
  • Horloge du Sud (Rue du Trône 141, 1050 Bruxelles) : repas et vins équitables.
  • El Metteko (Boulevard Anspach 88, 1000 Bruxelles) : café proposant du vin équitable.
  • Tout l’Or du Monde (Rue Marché au Charbon 7, 1000 Bruxelles) : magasin d’alimentation et bar où on peut consommer des produits tels que café, bière, thé, jus, vin, tapas, etc.
  • Table d’Hôtes afro-tropicale (Chaussée de Marche 135/2, 4120 Neupré) : offre une panoplie assez variée de succulents acras de morue, beignets de maïs et sauces africaines. 50 % des produits utilisés sont issus du commerce équitable.
  • PP Café (28 rue Jules Van Praet, 1000 Bruxelles) ne sert désormais plus que du café au label Max Havelaar.

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A quoi reconnaît-on un produit équitable ?

Voici les cinq labels principaux qui distinguent les produits équitables :

  • Max Havelaar : quelque 330 produits. Du café et un large éventail de produits alimentaires mais également du vin, des cosmétiques, des vêtements, du linge de maison, etc.
  • Oxfam Fairtrade : près de 200 produits (surtout alimentaires) distribués principalement dans les Magasins du monde Oxfam.
  • Made in Dignity : propose essentiellement du prêt-à-porter, des articles cadeaux et des produits artisanaux, principalement distribués dans les magasins Oxfam et les boutiques spécialisées.
  • Fair Trade Original : grossiste proposant des articles les plus divers allant de l’artisanat au café en passant par le vin et les produits alimentaires. Propose également des produits destinés aux grands consommateurs (entreprises, etc.)
  • Maya : miel du Mexique et du Guatemala.

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Des vins équitables

En 2006, Vincent De Coninck a reçu le Be Fair Award pour son projet Vino Mundo. Il s’est lancé à la recherche de vins équitables de bonne qualité pour les vendre dans l’horeca et à des particuliers. Ses vins chiliens et argentins sont originaires de corporations d’agriculteurs locaux. Ses vins sud-africains proviennent de domaines viticoles exploités par des européens qui ont radicalement changé de direction après la chute de l’apartheid. Ils offrent aujourd’hui à leurs travailleurs des contrats de longue durée, un salaire honnête, un logement, etc.

 » Avant de distribuer un vin, je le juge selon les mêmes critères de qualité qu’un vin européen, explique Vincent De Coninck. Il m’arrive donc de devoir refuser des crus, mais heureusement, j’ai souvent de bonnes surprises, comme avec le Chenin blanc du domaine Ruitersvlij (Afrique du Sud) : un très bon vin de table pour un prix raisonnable (5,60 ?). « 

Plus d’info :

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Ethic wear : la mode éthique

Les vêtements des marques Kutim (Magasins du Monde Oxfam), Kuyichi (jeans), Celio (T-shirts) et Satya (coton biologique indien) montrent que le prêt-à-porter éthique peut aussi être très mode.

Ethic Wear, une initiative bruxelloise lancée en 2003 dispose déjà de points de vente dans six pays. La matière de base (le coton biologique) vient principalement d’Inde et de Turquie, la soie d’un atelier à Calcutta, la laine biologique d’Autriche et du Danemark.

Chaque année, les initiateurs du projet visitent les ateliers de sous-traitance pour s’assurer que les conditions de travail et les salaires soient décents.

Infos points de vente :

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Votre commune est-elle équitable ?

Trente et une villes et communes ont déjà officiellement reçu le titre de Rue du commerce équitable. Parmi elles, on compte Bruxelles, Louvain, Anvers, Gand, Bruges et Malines. Ixelles, Schaerbeek, Etterbeek et un certain nombre de villes et communes wallonnes (Charleroi, Herve, Durbuy, La Louvière, Thuin, Remicourt) ont entamé une procédure de reconnaissance. Pour être reconnue, la commune ou la ville doit répondre à certains critères.

L’administration locale doit au moins consommer deux produits issus du commerce équitable dans ses bureaux et cafétérias. L’administration communale doit prendre des initiatives pour encourager la consommation et la production durables. Les magasins et établissements horeca doivent proposer des produits équitables et les entreprises, écoles, églises et organisations locales doivent consommer ces produits. Un comité local doit aussi veiller à la continuité de la campagne.

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Comment voyager éthique

Les voyages éthiques ont la cote. Ce type de voyage ne sous-entend pas que vous ne pouvez plus prendre l’avion ou que vous devez dormir dans une tente perdue au milieu du désert mais vise à permettre aux populations locales de tirer un maximum de profit du tourisme.

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