En vacances, j’ai rencontré des gens formidables

Il y a des gens qui vous font forte impression, qui vous donnent vraiment quelque chose d’eux-mêmes. Et les vacances semblent propices à ces belles rencontres qu’on n’oublie pas...

Un ami de longue date, entrepreneur en Hongrie et chez qui je passe régulièrement quelques jours de vacances, m’avait confié qu’il menait un projet passionnant : la restauration d’une chapelle funéraire perdue dans les champs. « Il faut que tu ailles la voir, tu vas adorer !  » J’étais en train de prendre des photos, lorsqu’un homme d’une quarantaine d’années, vêtu d’un pantalon bouffant, s’est approché. C’était le maître d’£uvre, un baron hongrois. Il parlait un allemand parfait et nous nous sommes mis à bavarder. Il avait grandi en Allemagne, où il avait étudié avant de trouver du travail à Sofia, la capitale de la Bulgarie. C’est là qu’il vivait avec ses proches, ne venant en Hongrie, le berceau de sa famille, que pour les vacances. Il n’avait malheureusement jamais trouvé d’emploi ici...

Restaurer la chapelle de ses grands-parents

Après la chute du régime communiste, il avait pu récupérer une partie des terres de ses ancêtres, sur lesquelles il se faisait construire une résidence secondaire. Il m’a expliqué qu’il voulait aussi restaurer la chapelle funéraire de ses grands-parents, qui se trouvait dans un état déplorable. Les troupes russes marchant sur l’Allemagne l’avaient détruite à la fin de la Seconde Guerre mondiale : la croix métallique sur le toit avait été volée pour être refondue, les cercueils profanés pour y récupérer bijoux et dents en or... Après le départ des pillards, le jardinier avait rapidement enterré les dépouilles dans des tombes creusées à même le sol. Le comte était à la recherche de ces sépultures temporaires mais ne les retrouvait pas en dépit des indications du vieil homme. S’il ne parvenait pas à les localiser, il devrait se contenter d’une plaque commémorative sur la chapelle, lorsque celle-ci serait restaurée. J’ai bien souvent repensé à cette histoire, qui contraste avec les champs baignés de soleil de la région. Je pense souvent au visage de cet homme qui attachait nettement plus d’importance à la mémoire de ses grands-parents qu’à sa propre personne.

Les préoccupations s’évanouissent

Ce sont des moments intenses qu’on n’oublie pas, qui restent à jamais gravés dans la mémoire. Et les vacances sont propices à ce genre de rencontres.  » Ce n’est pas étonnant, confirme Joris Bruyninckx, psychologue. Il suffit d’être en congé pour que les tensions et les préoccupations du quotidien s’évanouissent. Ceux qui sont curieux de tout ont enfin le temps de partir à la découverte du monde qui les entoure. Cette ouverture d’esprit suscite de nouvelles expériences et de nouvelles rencontres. « 

Le moment de toutes les envies et tous les projets

Les vacances sont donc une période fructueuse. « Oui, elles sont synonymes de changement, d’exploration, confirme Joris Bruyninckx. C’est le moment de tous les désirs, de toutes les envies, de tous les projets.  » Mais comment expliquer que les rencontres soient tellement plus intéressantes en vacances ? Chacun donne en fait – inconsciemment – un coup de pouce au destin. Le choix de telle ou telle destination n’est pas le fruit du hasard, il reflète nos centres d’intérêt, une manière de voyager qui nous correspond, avec des activités qui nous plaisent. D’où une probabilité accrue de rencontrer des personnes qui partagent nos goûts et une même façon de voir la vie.

 » Les rencontres qu’on peut faire en voyage dépendent de plusieurs facteurs. De la façon de voyager, certes, mais aussi de ceux qui nous accompagnent. Avant, avec ma femme, nous rencontrions des gens férus de voyage dans les maisons d’hôtes où nous logions. Mais depuis que nous partons avec nos enfants, nous rencontrons des gens différents, principalement les habitants des régions que nous visitons. « 

Le principe du 6e jour

 » Rares sont ceux qui partent mal lunés en voyage. On est en général plein d’enthousiasme et on se dit qu’on va vivre d’excellents moments. Du coup, on se montre sous son meilleur jour. Et comme les vacances sont, en général, courtes, on ne fréquente pas les mêmes personnes pendant longtemps. On évite ainsi le sixième jour, celui où peuvent survenir d’éventuelles tensions. Le sixième jour est, en effet, un seuil critique. Dans les programmes de téléréalité que j’ai supervisés, c’est flagrant. Les premiers jours, tout le monde fait un effort, du troisième au sixième jour, on se teste et à partir du sixième jour, les tensions se créent. Il en va de même en vacances. Il y a des années, ma femme et moi avons fait un tour du monde et avons décidé de ne jamais passer plus de quatre jours en compagnie des mêmes personnes, même si nous avions des atomes crochus. « 

Des amitiés durables ?

Nous avons demandé à nos lecteurs de nous faire part de leurs plus belles rencontres de voyage et, apparemment, ces amitiés vite nouées ne résistent pas au temps, une fois les vacances terminées (lire p. 22).

 » C’est un peu comme avec des collègues de travail. On se promet de garder le contact mais on finit par se perdre de vue. Rien de grave, cependant. Pourquoi ces amitiés devraient-elles durer ? On a aimé se fréquenter, nos chemins se sont croisés et voilà. Le film Lost in Translation illustre parfaitement cette idée. Cette rencontre fortuite entre deux personnes coincées dans une ville qu’elles connaissent mal débouche sur une relation intense mais platonique. Ce sont des moments à apprécier pour ce qu’ils sont. Au cours de nos voyages, ma femme et moi nous sommes fait à trois reprises de vrais couples d’amis, un couple belge, un italien et un norvégien. Nous nous voyons au maximum une fois par an, pour une soirée de détente et cela suffit à alimenter notre amitié.  »

Vouloir à tout prix se raccrocher à un souvenir heureux mène souvent à la déception.  » Le plus important ? Profiter du moment présent, sans se préoccuper des photos ou des souvenirs ! Ce sont des instants à vivre dans son c£ur plus que dans un album. Il faut être prêt à les cueillir, sans essayer à tout prix de les répéter. C’est le contexte qui fait leur valeur : vouloir les revivre chez soi peut être une erreur.  » Ne dit-on pas qu’en vacances tout a plus de saveur ? C’est vrai pour les vins, les bons petits plats et les tissus chatoyants sous le soleil de Toscane, mais pas uniquement...

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