Anne Vanderdonckt

Docteur, j’ai tout compris

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Quatre Belges sur dix ne comprennent pas très bien, ou pas du tout, ce que leur explique leur médecin, révèle une enquête des Mutualités libres. Qu’on n’aille pas en déduire que 40 % des Belges sont « durs de la comprenure », je me sentirais visée !

Tout récemment, je me rends chez un spécialiste que je consulte pour la première fois. Qui, après m’avoir examinée, me débite à marche forcée des tas de notions scientifiques à grand renfort de vocabulaire spécialisé pimenté d’abréviations. Où veut-il en venir ? Moi qui ai interviewé combien de médecins au cours de ma vie professionnelle, je ne pige rien. Profondément agacée, je le coupe platement : « En fait, vous voulez dire quoi ? » Interloqué, le temps de décoincer sa glotte de sa cravate haut de gamme, il me résume alors très clairement, en termes de tous les jours, les tenants, les aboutissants et le traitement. Presque sympa du coup.

Je suis néanmoins sortie de ce cabinet très mal à l’aise. Je n’y retournerai plus. Je ne me suis pas sentie respectée. Et puis, si l’affaire avait été grave, comment me l’aurait-il annoncé, ce médecin si peu empathique ? Quand on est patient, on est en droit de comprendre ce qui concerne notre pathologie. En droit de poser des questions. Et en droit d’exiger du temps, raisonnablement il va sans dire. Car, c’est grave, l’étude montre également que les gens qui éprouvent le plus de difficultés à comprendre les explications du médecin bénéficient en moyenne de consultations plus courtes. Une consultation sur dix durerait moins de 10 minutes (y compris le temps d’ôter et de remettre manteau et autres vêtements, j’imagine, donc encore pire en hiver !).

Bref, si on a affaire à un cuistre, comme il y en a dans toutes les professions, on arrête là la relation. Mais il se peut aussi que le médecin soit fatigué, pas nécessairement conscient que les concepts ou les mots qu’il utilise ne sont pas compris par son patient. Alors, on n’hésite jamais à lui demander des explications. Il n’y a pas de questions idiotes.

Car une bonne consultation ne tient pas qu’au médecin. Le patient a, lui, la charge d’avoir préparé sa visite. De se munir de la liste de ses médicaments habituels, par exemple. D’avoir listé ses symptômes (et non de claironner à son pauvre docteur un diagnostic clé sur porte élaboré à la suite d’une recherche sur internet). D’avoir réfléchi à ses questions, sans honte, fausse pudeur. L’idéal, étant de tout noter; ses propres questions, pour ne pas les oublier, et les réponses du médecin. Car chaque mot a une valeur et il est indispensable de s’en souvenir précisément. Si on se dit qu’on sera trop nerveux pour comprendre, deux oreilles supplémentaires seront les bienvenues. Non, cela ne déplaît pas aux médecins d’avoir des patients acteurs de leur santé. Des médecins formidables, profondément humains, il y en a plein et c’est ici l’occasion ici de les saluer !

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