Anne Vanderdonckt

Ce qui est à moi...

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Pourquoi acheter une foreuse qu’on utilisera seulement deux fois par an ? Pourquoi se mettre un éléphant sur le dos en achetant une auto alors qu’on dispose d’une station de voitures partagées près de chez soi ?

Pourquoi ne pas louer son appartement à des touristes au moment où on s’envole soi-même pour deux mois en Espagne ?

Nous avons réalisé un bref sondage sur notre site internet pour connaître votre avis. Le verdict est tranché : 77% avancent que cette économie de partage, tellement tendance aujourd’hui, ce n’est pas pour eux. Bien sûr, la validité de ce petit coup de sonde n’a d’autre ambition que d’être ludique. Mais arrêtons-nous y quand même car, même s’il est à prendre avec des pincettes, ce résultat n’est pas tout à fait incohérent.

Nés dans une économie prospère, nous avons vu nos parents plonger dans les délices de la consommation, rattrapant les privations de guerre douloureusement inscrites dans leur histoire. Dans la cave, un monticule de paillettes de savon abandonné témoignait d’un passé où on se serrait la ceinture, créant le contraste avec les grands barils de lessive  » lave plus blanc  » dont le choix avait été dicté par le gadget préféré des enfants rois. A cette époque, une foreuse peu productive qui ferait la fierté d’un établi bien tenu n’avait rien d’incongru. D’autant qu’on disposait de plus de m2 qu’aujourd’hui. Acheter ou louer ? Il y a donc des questions qu’on ne se posait pas, tout simplement.

Normal que les enfants de ces adultes-là (nous), désirés, choyés, gâtés dans des familles nucléaires de moins en moins étendues, et qui pour beaucoup bénéficient d’un pouvoir d’achat supérieur à celui de leurs enfants, voient moins facilement l’intérêt d’adhérer eux-mêmes à ce qui leur semble, intellectuellement, une bonne idée. Car, vous nous faites passer tous les jours le message : la prise de conscience est là. Pourquoi accumuler tant d’objets inutiles qui nous étouffent et nous poussent à nous désencombrer ? Pourquoi acheter un dixième T-shirt produit dans des conditions inacceptables et qui ne résistera pas à un premier lavage alors que le seconde main nous en propose de très beaux pour le même prix ?

L’économie de partage, en fait, on la pratique déjà depuis longtemps, en famille, dans son cercle d’amis ou dans le voisinage. Nourrir, durant ses vacances, le chat de la voisine qui nous aide à rédiger nos courriers en anglais, prêter sa tondeuse au voisin qui nous régale des pommes de son verger, cela se pratique spontanément sans porter de nom, mais c’est bien de l’économie de partage. Si ce phénomène ira croissant dans les prochaines années, ce n’est pas seulement pour des raisons économiques, c’est aussi pour les échanges et les liens qu’il crée. Et qui contribuent à notre bonheur et notre bien-être. On aurait tort d’en faire l’économie... Carpe diem !

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