Bons baisers de yesterday

Cela n’a rien d’étonnant, car pourquoi seules les vacances auraient échappé à la grande réhabilitation du  » bon vieux temps  » ? La tendance de cet été, ce sont donc les vacances  » nostalgie « .

On va se faire du bien à l’âme en retournant là où on séjournait enfant. Au hit-parade des activités, dans l’ordre : manger des glaces, construire des châteaux de sable, collecter des coquillages,... Enfin, toute l’imagerie que donnaient à voir les cartes postales qui, sur la digue, trônaient alors sur les présentoirs entre ballons gonflables, jokaris et scoubidous. D’ailleurs, au fait, ces vacanciers envoient à nouveau leurs bons baisers par la poste. Sous enveloppe ou pas la carte ? Il paraît que cela arrive plus vite sous enveloppe ! Va pour l’enveloppe ! Il me faut aussi 10 timbres, Madame. Les cartes précéderont ainsi notre retour, enfin, on l’espère. Ce n’est pas dit.

Bof, planter des fleurs en papier crépon à Ostende ou La Panne en souchonisant  » J’ai dix ans, chais que c’est pas vrai, mais j’ai dix ans... « , ça ne fait de mal à personne... Encore que... Car le risque de déception est grand quand l’attente est trop forte. Si le passé nous apparaît tellement idéal et rassurant, c’est en grande partie parce que le temps a enjolivé nos souvenirs. Et puis, par définition, le passé n’est plus. La petite villa que vos parents louaient à la côte, et dont, lorsque vous fermez les yeux, vous sentez encore la légère odeur de renfermé s’échappant des armoires restées closes tout l’hiver, a vraisemblablement été fondamentalement rénovée, au cas où elle n’aurait pas été remplacée par un immeuble à appartements. Le quartier, lui aussi, a changé. Et les odeurs... J’ai été frappée, à la mer du Nord, de ce que les magasins de jouets n’ont plus d’odeur (vous vous souvenez de cette odeur de plastique qui émanait des poupées et des ballons ?) Ni les poissonneries, fonctionnelles, aseptisées; fini, les effluves de crevettes qui vous mettaient l’eau à la bouche. Et le camion de soupe où on faisait la file muni d’une casserole ? ! Aujourd’hui, c’est tomate ! Et toute la rue exhalait la tomate ! Et vous, vous surtout, vous avez changé : vos souvenirs sont ceux d’un enfant; votre regard d’aujourd’hui est celui d’un adulte qui en a vu d’autres. Souvenirs, souvenirs... Le souvenir n’a-t-il pas vocation, justement, de rester un souvenir, qu’on entretient avec tendresse, dont la chaleur nous porte les jours où le moral flanche et qu’on ne confronte surtout pas à la réalité sous peine de le dissoudre dans cette confrontation de deux mondes qui n’ont plus rien à voir ?

Les vacances, cela reste néanmoins un moment privilégié pour renouer avec son esprit d’enfance. Pour explorer. S’étonner. S’émerveiller. Les vacances, ce n’est pas un lieu, c’est un état d’esprit. Sautez à pieds joints dans les flaques, offrez-vous des orgies de crème glacée et passez de très très bonnes vacances !

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