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Zoothérapie: ces animaux qui soignent !

Chien, chat, cheval... Ils enchantent nos vies au point d’être désormais considérés comme de véritables alliés thérapeutiques. Le monde médical et paramédical fait de plus en plus appel à leurs dons.

La zoothérapie, également appelée médiation animale ou encore thérapie assistée par l’animal, consiste à faire intervenir un animal domestique dans un cadre thérapeutique pour maintenir ou améliorer la santé des personnes atteintes de troubles physiques, mentaux et psychosociaux. L’animal, qui ne communique pas comme nous, donne souvent l’image d’un être cher, fidèle, bienveillant, attentif, doué de tendresse, dénué de jugement, capable d’amour inconditionnel. Ajoutons à cela sa beauté, son doux pelage, son regard souvent captivant et attendrissant... Il n’y a finalement rien d’étonnant à le voir promu au rang de médiateur thérapeutique dans divers centres de soins.

Thérapie canine

De récentes études montrent que nos amis canins ont le pouvoir de stimuler notre sphère biologique et psychosociale. A leur contact, la production d’endorphine, l’hormone bien connue du plaisir, augmente. Et voilà notre toutou capable de détendre les anxieux, réduire le stress et les risques de dépression nerveuse. Tout comme de diminuer la pression artérielle et le cholestérol, prévenant du même coup les maladies cardiovasculaires.

Le chien exerce en outre une force de catalyseur dans les relations sociales, contribuant ainsi à établir, maintenir, voire restaurer la communication entre les soignants et les patients, notamment les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Pour nos enfants, le chien est un merveilleux compagnon de jeux qui leur apprend l’empathie, la compassion, le respect des limites, l’attention à l’autre. Il offre un support affectif, parfois salutaire, aux enfants maltraités, abusés ou négligés, et une aide efficace aux enfants souffrant de troubles du développement.

Chien, métro, boulot, dodo...

En Angleterre, aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, en Allemagne, voir un chien au bureau n’a rien de surprenant. Sa présence y est même encouragée. Employés et employeurs l’adorent parce qu’il diminue le stress, suscite des conversations, crée des liens de convivialité, désamorce les crises et les conflits, accroît le bien-être et la motivation, améliore la concentration et la productivité, tout en diminuant le taux d’absentéisme !

Ronronthérapie

Le chat a aussi un pouvoir très apaisant, notamment grâce à son ronronnement. Cette découverte, corroborée par des études, a catapulté notre ami félin au rang de ronronthérapeute spécialisé dans le traitement de certains maux de notre siècle, comme le stress, l’anxiété, l’hypertension, l’insomnie, prévenant, lui aussi, les risques d’infarctus.

Hippothérapie

À Fraiture-en-Condroz, le centre d’équitation adaptée, Hippopassion, s’adresse à des adultes et des enfants porteurs de difficultés physique, mentales ou psychosociales afin de les aider à évoluer, à maintenir leurs acquis ou à se sentir mieux grâce au contact du cheval. Financièrement, l’hippothérapie se veut accessible au plus grand nombre. Le manège est installé sur le site du Centre neurologique et de réadaptation fonctionnelle (CNRF), spécialisé notamment dans la prise en charge pluridisciplinaire des personnes atteintes de sclérose en plaques.  » Pour ces patients, l’hippothérapie intervient dans le processus de réadaptation sur le plan neurologique, musculaire et psychologique, explique le docteur Benoît Maertens, chef du service de réadaptation au CNRF. La position du cavalier sur le cheval, la chaleur et le mouvement de celui-ci entraînent une relaxation musculaire des jambes, mais aussi un renforcement de la musculature des membres inférieurs et du torse, un meilleur équilibre du tronc, ainsi qu’une amélioration de la coordination des mouvements. « 

De son côté, Audrey Renard, logopède et thérapeute chez Hippopassion, attire l’attention sur le fait que le cheval est un être hypersensible qui amène le patient dans le monde du toucher.  » L’hippothérapie aide à vivre le moment présent, à prendre progressivement conscience de ses limites corporelles, à réaliser un travail important, tout en douceur, d’adaptation sociale, de gestion des émotions et des frustrations. C’est particulièrement intéressant pour les personnes atteintes d’un trouble envahissant du développement tel que le trouble du spectre autistique, mais aussi pour les enfants souffrant de dyslexie, de dyspraxie ou de troubles du comportement. Les adultes confrontés à des difficultés psychosociales comme le burn out, la dépression peuvent également trouver un soutien efficace dans l’hippothérapie. « 

Revalidation, relaxation, confiance...

– Marie-Lu Remy, 55 ans, est atteinte de sclérose en plaques depuis ses 25 ans. Soignée au CNRF, l’hippothérapie entre dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire de rééducation reconnue par l’INAMI.  » Si elle ne ralentit pas la progression de la maladie, l’équithérapie m’aide à améliorer mon équilibre. La chaleur du cheval délasse mes jambes. Le contact avec le nature, en plus, me fait un bien fou moralement et physiquement. Étant le plus souvent en voiturette, me retrouver en hauteur sur un cheval me donne le sentiment d’être comme avant, lorsque j’étais valide. « 

– Âgé de 71 ans, Alex a fait un AVC il y a douze ans. Il en a gardé une paralysie du côté gauche.  » L’hippothérapie m’a permis de retrouver l’équilibre perdu et de me redresser, ce qui fut pour moi un progrès considérable. Apprendre à monter et conduire le cheval, et pour cela vaincre ma peur, notamment d’être en hauteur, m’a aidé à retrouver la maîtrise de moi-même. « 

Du parcours canin à la persévérance thérapeutique

Vanessa De Puydt, infirmière psychiatrique et zoothérapeute, accompagne des patients au sein d’un Centre de santé mentale à Bruxelles et à la Villa Samson, le nouveau centre de zoothérapie de l’UZ Brussel.

Vanessa De Puydt, son Cavalier King Charles et les Maine Coons de la Villa Samson.
Vanessa De Puydt, son Cavalier King Charles et les Maine Coons de la Villa Samson.© P.G.

 » Cela fait plusieurs années que j’ai pu me rendre compte de l’immense effet qu’ont les animaux sur des problèmes tels que la dépression, le burn out ou les crises d’angoisse, raconte Vanessa De Puydt. Après ma formation de zoothérapeute, je me suis mise à la recherche des races de chiens les plus bénéfiques et je suis tombée sur le Cavalier King Charles, un animal très social et câlin. Deux fois par semaine, j’emmène mes chiens au travail où ils m’assistent comme des collègues. « 

Les animaux apportent aide et soutien lors d’une thérapie motrice ou d’une revalidation mais aussi lors des traitements des troubles psychologiques.  » Selon les besoins du patient, le chien ou le chat pourra suppléer à toutes sortes de fonctions. Mais attention, l’animal lui-même n’est pas un thérapeute, ce rôle reste dévolu au personnel soignant. La zoothérapie ne fonctionne pas toujours. Il faut que le patient soit ouvert aux animaux, qu’il aime les chiens ou les chats et qu’il n’y soit pas allergique « , précise Vanessa De Puydt. Chez certains patients, la simple présence d’un chien permet de limiter la quantité de soins nécessaires. Cette présence bienveillante réduit la distance et crée du lien. Le chien facilite le dialogue : grâce à lui, on aborde plus facilement des sujets sensibles. Le simple fait de caresser ou de câliner l’animal détend, met en confiance, ce qui est très important pour la réussite du traitement.

 » Dans des cas de troubles alimentaires, j’encourage la personne donner des croquettes au chien, ce qui peut l’amener à évoquer ouvertement sa propre façon de s’alimenter. Dans d’autres cas, par exemple chez des patients présentant une dépendance, le chien peut être un formidable moteur pour la poursuite de la thérapie. La perspective de revoir le chien incite le patient à se montrer plus persévérant dans ses rendez-vous. « 

L’effet miroir

 » Le chien fonctionne comme un miroir. Il ressent l’état d’esprit d’une personne et s’en fait le reflet. Je fonctionne par tâches : je demande, par exemple, à la personne d’accompagner le chien tout au long d’un parcours. Si elle est tendue, cela se voit immédiatement, car le chien réalise une moins bonne prestation. A l’inverse, si elle fait preuve de calme, de sérénité et de persévérance, le chien le sent et réagit bien mieux. C’est extrêmement gratifiant. Les malades découvrent, par le biais du chien, les effets de leur propre comportement. Ainsi, une personne souffrant de dépression, qui a du mal à prendre des initiatives ou qui n’a plus l’énergie de bouger, peut progresser. »

La présence du chien se révèle également précieuse contre les crises d’angoisses.  » J’ai pu aider des patients qui avaient une peur bleue de sortir de chez eux ou qui n’osaient pas prendre les transports en commun. Grâce au chien, ils ont dépassé leurs craintes et se sont lancés avec la conviction que l’animal les préviendrait à temps en cas de problème. Le chien ouvre ainsi la voie à la thérapie. « 

En revalidation motrice aussi, le chien peut se révéler un atout précieux.  » Et cela de différentes manières. Un patient peu motivé pour faire un exercice de revalidation, comme presser une balle souple, acceptera de caresser ou de masser doucement un chien. Ce qui lui permet de travailler sa motricité sans s’en rendre compte. D’autres se disent prêts à marcher un peu, pourvu que ce soit en compagnie du chien. La rencontre avec l’animal permet parfois au patient de ne plus songer à sa douleur. « 

 » La présence d’un animal a des effets très bénéfiques sur le processus de guérison en général et sur le ressenti douloureux en particulier, confirme le Pr Dr Marc De Ridder, chef du service radiothérapie (UZ Brussel) et grand connaisseur de chiens. Il n’est pas rare que le patient en arrive même à diminuer ses antidouleurs. On constate aussi une augmentation de la production d’hormones du bien-être, comme l’ocytocine et la sérotonine, qui va de pair avec une amélioration du rythme cardiaque et une baisse de la tension artérielle. « 

Les autres animaux

 » Les chats ont un sens aigu du territoire. On ne peut donc pas les déplacer facilement dans le cadre d’une thérapie. Par ailleurs, ils jouent moins facilement le rôle d’assistant-thérapeute. A la Villa Samson, nous avons opté pour des Maine Coon, une race de grande taille, à poils longs, au caractère doux et paisible, un peu comme un gentil toutou. Ces chats restent à la clinique en permanence. Nous parvenons dans une certaine mesure à les dresser et à leur apprendre certaines choses, ils se laissent caresser, mais ils restent maîtres du jeu. Avec eux, la thérapie se limite à une approche et une prise de contact qui contribue tout de même à changer les idées. La plupart des patients sont plus détendus lorsque le chat ronronne ou leur pétrit les cuisses, «  assure Vanessa De Puydt. Tous les animaux ne se prêtent pas à la zoothérapie.  » Les lapins ou les furets ne seraient d’aucun secours. Les lapins sont tétanisés de stress dès qu’on les prend sur les genoux et les furets restent des prédateurs... « 

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