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Un nettoyage de printemps en toute sécurité!

Le printemps est enfin revenu, souvent synonyme de grand nettoyage, le fameux « nettoyage de printemps ». Mais attention: nombre de ces produits contiennent des substances allergisantes, irritantes, corrosives, voire peu écologiques. Faisons le point avec un spécialiste.

Vite un peu de déboucheur, se dit Carine lorsqu’elle constate que l’eau s’écoule difficilement dans la bonde. Elle ne prend pas le temps de mettre des gants avant de manipuler le produit. Et laisse la bouteille ouverte sur le bord de la baignoire, puisqu’elle devra sans doute en verser une dose supplémentaire un peu plus tard...

Dr Geert Verstegen, Centre Antipoisons : « Le déboucheur de canalisation est le produit le plus dangereux que nous ayons dans nos armoires. Si on en ingère, il provoque des lésions affreuses. Sur la peau également, il peut occasionner de graves brûlures. Tenez-le à distance des enfants, mais aussi des adultes atteints de démence ! Revissez toujours le bouchon de sécurité après usage, portez des gants et des lunettes (de sécurité) et veillez à faire disparaître la moindre projection de produit. Sinon, vous risquez que votre peau – ou celle d’un enfant qui rampe, par exemple – n’entre en contact avec le produit. S’il s’agit d’un déboucheur de canalisation à base d’acide sulfurique, on perçoit immédiatement une sensation de brûlure. Ceux à base d’hydroxyde de sodium sont basiques. On ne ressent donc pas toujours immédiatement une douleur. Mais, au fur et à mesure où le produit pénètre dans la peau, des brûlures sévères apparaissent. On pense souvent qu’on ne peut pas rincer à l’eau, parce que l’emballage mentionne parfois que le produit ne peut pas entrer en contact avec de l’eau. Cette règle ne s’applique pas en cas d’exposition de la peau ou des yeux : il faut impérativement rincer la partie atteinte à l’eau afin d’éliminer un maximum de produit. Etant donné que le produit pénètre de plus en plus profondément dans la peau, il faut continuer à le rincer longuement, au moins un quart d’heure. Il ne faut pas perdre de temps à lire sur le flacon ce que le produit contient précisément car la rapidité est ici la meilleure façon de limiter les dégâts! »

Le tuyau d’évacuation du lavabo de la chambre est bouché. Walter y verse une bonne dose de déboucheur de canalisation à base d’acide sulfurique. Pendant que le produit agit, il poursuit le grand nettoyage dans une autre pièce. Quelques minutes plus tard, son épouse, Martine, a la même idée que lui et verse de l’eau bouillante dans la canalisation bouchée.

Dr Geert Verstegen : « Les déboucheurs de canalisation produisent de la chaleur lorsqu’ils entrent en contact avec de l’eau. Si le déboucheur est resté dans une canalisation étroite et que vous y versez de l’eau chaude, cela peut provoquer un jet brûlant, avec de graves blessures à la clef. Cela peut se produire également lorsque vous utilisez différents produits. Par exemple, vous avez déjà essayé de déboucher la canalisation avec un produit à base d’hydroxyde de sodium et puis, vous appelez le plombier qui tente de la déboucher à l’aide d’un produit professionnel à base d’acide sulfurique. Même si cette deuxième tentative a lieu le lendemain, voire plus tard, cela reste dangereux. Prévenez le plombier et accrochez un petit mot avec un avertissement près de la canalisation lorsque vous avez utilisé un produit. Ne versez pas non plus de déboucheur dans les toilettes où vous avez déjà mis de l’eau de Javel. En outre, contrairement à ce qu’on peut penser, cette dernière n’est pas efficace contre les bouchons. »

Jean nettoie tous les sanitaires avec de l’eau de Javel. Au bout d’un moment, il commence à respirer difficilement et sa gorge brûle. Ne prêtant pas attention à ces symptômes, il continue son nettoyage...

Dr Geert Verstegen : « En entrant en contact avec de l’eau de Javel, un acide comme un déboucheur de canalisation, produit du gaz chlorique, un gaz très agressif qui attaque les voies respiratoires. Le fait que le produit entraîne des picotements importants et une sensation de brûlure est un bon signal d’alarme. Si on poursuit son nettoyage tout en respirant les vapeurs, l’atteinte des voies respiratoires s’aggravera et nécessitera même peut-être une hospitalisation et une oxygénation. En revanche, si on arrête immédiatement et qu’on respire de l’air frais, on limite généralement les dégâts. Eventuellement, on peut aussi faire bouillir de l’eau et en respirer la vapeur. Et si cela ne suffit pas, le médecin généraliste peut prescrire un puff ou un aérosol. »

Marie pense ne prendre aucun risque car, pour nettoyer, elle utilise uniquement des produits ménagers, de jardinage et de cuisine écologiques et/ou biologiques. Des produits naturels et donc sûrs...

Dr Geert Verstegen : « Les toxines naturelles sont aussi dangereuses que leurs homologues à base de composants chimiques. Le fait qu’un produit de nettoyage soit d’origine naturelle ou qu’il porte une étiquette ‘bio’ ou ‘écologique’ garantit son origine, mais pas qu’il est inoffensif, ni qu’il n’est pas susceptible de mettre la santé en danger. L’acide borique, par exemple, est un produit traditionnel qu’on utilise notamment pour désinfecter et dont on pense, à tort, qu’il est inoffensif. Beaucoup de gens se méprennent sur les huiles essentielles : il s’agit de produits très concentrés au niveau chimique qui nécessitent la plus grande prudence d’utilisation. Et puis, il y a aussi les produits généralement inoffensifs qui posent problème lorsque la peau y a été exposée trop longtemps. Si, pour faire disparaître des traces de calcaire dans votre baignoire, vous utilisez pendant des heures une éponge imbibée de vinaigre sans porter de gants, vous risquez d’attraper une irritation cutanée. C’est pourquoi il est déconseillé de poser des compresses de vinaigre sur le front des enfants qui ont de la fièvre. »

Pour faire disparaître des taches de thé dans un thermos, Anne y met des cristaux de soude et de l’eau chaude. Sa maman, qui souffre de la maladie de Parkinson, ne remarque pas que ce qu’elle pense être du thé a un goût bizarre...

Dr Geert Verstegen : « La plupart des gens sont conscients que nettoyer en présence d’enfants en bas âge peut être dangereux. Il en va de même lorsqu’on est en présence de gens qui, en raison de la prise de certains médicaments ou d’une maladie, ont perdu le sens du goût, ou de personnes démentes. Il arrive qu’ils ne s’aperçoivent même pas qu’ils ont un goût bizarre en bouche, ou ils imputent celui-ci à leurs troubles du goût ou à un ingrédient qu’ils ne connaissent pas. »

Josiane n’arrive pas à nettoyer parfaitement son aquarium. Une amie lui a donné une vidange de limonade dans laquelle elle a mis un peu d’un produit professionnel qu’elle utilise à son travail. Pendant que Josiane récure son aquarium, Philippe, son mari, rentre d’une balade en vélo et a très soif...

Dr Geert Verstegen : « Les détergents et les produits de nettoyage que nous utilisons pour nettoyer la maison occasionnent peu de problèmes si nous les rangeons bien à l’abri. Ils sont souvent équipés de bouchons de sécurité et les flacons ont un aspect différent des bouteilles de soda, etc. Les produits concentrés à usage industriel, eux, ne sont pas disponibles dans les magasins classiques et sont souvent vendus en grands conditionnements. C’est pourquoi certaines personnes en prélèvent parfois un peu et le mettent dans une bouteille de soda pour en ramener chez eux, par exemple. Il suffit que quelqu’un soit distrait et confonde la bouteille avec une autre pour qu’un accident, parfois grave, se produise. Bien sûr, un produit d’entretien n’a pas le même goût qu’un soda ou que de l’eau, mais souvent, on en a déjà bu plusieurs gorgées avant de s’apercevoir de son erreur. Les femmes trempent souvent d’abord leurs lèvres avant de boire et ont alors encore la possibilité de recracher le liquide. Les hommes, eux, ont tendance à boire à grandes gorgées. Et quand on sait qu’une seule gorgée de méthanol peut faire perdre la vue ou qu’une gorgée d’ammoniaque peut occasionner de graves blessures... »

Luc nettoie déjà depuis des heures et ses vêtements commencent à être imprégnés des produits avec lesquels il récure le sol. Pas grave, ce sont des habits de travail et il se changera ce soir...

Dr Geert Verstegen : « Des vêtements mouillés par une eau savonneuse, c’est une chose. Des vêtements imprégnés d’un produit chimique, c’en est une autre ! Même des produits qui ne sont pas très agressifs peuvent, par une exposition de longue durée, irriter la peau et occasionner des dégâts. Mieux vaut donc se changer régulièrement... »

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