Si je me ronge les ongles, c’est que je suis perfectionniste !

Vos doigts sont boudinés et parfois ensanglantés ? A la moindre contrariété, vous vous rongez les ongles jusqu’à ce qu’ils soient quasi inexistants ? Vous témoignez de la sorte d’une manie appelée onychophagie.

Mais derrière cette habitude qui rend les mains disgracieuses, se cache un tout autre comportement : le perfectionnisme ! C’est du moins ce qu’affirment des chercheurs de l’université de Québec qui ont constaté, après avoir étudié le comportement de 48 personnes, que celles qui se rongent les ongles ont une caractéristique commune : le perfectionnisme et le désir de tout contrôler.

L’onychophagie est un problème qui touche un Belge sur quatre, selon la firme pharmaceutique belge Oystershell Laboratories. Mais cette manie, outre de rendre les doigts peu esthétiques, présente également des risques pour la santé. Sans verser dans la psychose due au décès de ce Britannique de 40 ans, mort d’une septicémie foudroyante causée par les blessures entourant la peau des ongles, l’onychophagie risque quand même d’endommager votre estomac, vos dents ou votre peau. Se ronger les ongles, c’est un accès direct aux bactéries et aux virus !

Stade oral ou frustration ?

Malgré cette évidence, pourquoi sommes-nous si nombreux à ne pas résister à la tentation d’amener nos doigts à la bouche et de raboter nos ongles ? Sigmund Freud parlerait de stade oral – qui veut que la bouche soit considérée comme une zone érogène jusqu’à environ 18 mois – et expliquerait l’onychophagie par un blocage à ce stade. En effet, les personnes restées coincées au stade oral pencheraient plus aisément pour des activités leur procurant une satisfaction orale : fumer, manger, se ronger les ongles. Cette habitude aiderait en tous cas à maîtriser ses émotions, comme l’ennui, le stress et la frustration. Elle représenterait une sorte de détente et de distraction temporaires. Les chercheurs canadiens, dont l’étude a été publiée dans le Journal of Behavior Therapy and Experimental Psychiatry, ont en tous cas mis en évidence que les personnes qui sont souvent impatientes, qui s’ennuient rapidement ou qui sont facilement frustrées, sont plus souvent sujettes à des comportements tels que l’onychophagie, le fait de s’arracher les cils (trichotillomanie) ou de se triturer les petites peaux (dermatillomanie). Pour les scientifiques, le perfectionnisme est souvent à l’origine de ce type de comportements.

Relaxation, avez-vous dit ?

 » Nous pensons que les individus qui expriment des comportements répétitifs ont plutôt tendance à être perfectionnistes, autrement dit, ils sont incapables de se relaxer et de réaliser une tâche à un rythme ‘normal’ « , explique le Dr Kieron O’Connor, professeur de psychiatrie qui a dirigé cette étude.  » Ils sont plus enclins à la frustration, à l’impatience et à l’insatisfaction quand ils n’atteignent pas leurs buts « . Quarante-huit personnes ont participé à cette étude, dont la moitié avouait éprouver des comportements compulsifs du genre onychophagie. Toutes ont été soumises à un questionnaire sur les limites à partir desquelles elles ressentaient l’ennui, la colère, la culpabilité, l’irritabilité ou encore l’anxiété. Chacune d’entre elles a ensuite été mise face à des situations provoquant ces sentiments. Les comportements tels que l’habitude de se ronger les ongles permettent notamment de faire face à l’afflux d’énergie que ces personnes ne parviennent pas à utiliser de manière productive.  » Les effets positifs de ces habitudes sont une stimulation et une manière de réguler son émotion « , souligne encore Kieron O’Connor. Dans ce cas, l’onychophagie se substitue à une action plus constructive et représente une certaine forme de récompense personnelle.

Des solutions

Si l’esthétique de vos mains ne vous dérange guère et si vos doigts ne vous font pas souffrir, inutile dès lors de vous inquiéter outre mesure. Mais si cette (mauvaise) habitude interfère dans votre vie quotidienne, sachez qu’il existe des solutions, des plus naturelles au plus thérapeutiques. Un spécialiste vous conseillera peut-être un traitement comportemental qui induira de remplacer l’habitude par une activité concurrente. Une approche différée peut également être proposée pour pouvoir se concentrer sur les facteurs responsables de cette manie. Vous pouvez aussi avoir recours au vernis amer ou encore à la pose d’ongles en résine. Et si toutes ces solutions n’ont aucun effet sur vous, essayez donc le mélange huile d’olive et jus d’oignons. Trempez le bout de vos doigts dans cette préparation deux fois par jour pendant 20 minutes.

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