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Rassembler les urgences et une permanence de médecine générale en un seul lieu

Avec les (trop) nombreux services d’urgence situés partout en Belgique, les hôpitaux font face à une réalité peu rentable : la moitié de ces services reçoivent moins de 55 patients par 24 heures. Pourquoi ne pas les limiter et installer une permanence de médecine générale ? Pour le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE), cette situation serait en tous cas plus claire et plus pratique pour le patient.

En 2015, la Belgique comptait 139 sites hospitaliers avec service d’urgences, soit 1,24 service pour 100.000 habitants : un chiffre assez considérable en comparaison avec d’autres pays. Si cette pléthore d’urgences permet une plus grande accessibilité des patients, elle se traduit aussi par une dispersion des budgets et du personnel. En outre, ces services ont un nombre de contacts très variable : la moitié d’entre eux ont en moyenne moins de 55 contacts par 24 heures et moins de six contacts par nuit. On se doute dès lors du coût élevé engendré par les permanences de ces urgences. Autre constat : la répartition de ces services sur le territoire n’est pas très rationnelle puisqu’on trouve parfois deux services d’urgence à quelques kilomètres de distance, parfois même moins.

Limiter les services d’urgences

Dans ce contexte, le KCE recommande de limiter le nombre de services d’urgences. Cette limite s’effectuerait sur base de critères scientifiques objectifs tels que l’accessibilité. Dans un premier temps, le KCE préconise de fermer les services d’urgences des hôpitaux qui en possèdent plus d’un. Ensuite, il faudrait procéder à d’autres fermetures, mais dans le cadre d’une réforme globale du milieu hospitalier et du système de financement. Les différentes tâches seraient redistribuées entre hôpitaux et des réseaux hospitaliers seraient créés.

Le KCE remarque aussi que nombre de patients qui se rendent aux urgences pourraient être pris en charge par un médecin généraliste. Mais ce ne sont pas tant les patients qui font un mauvais choix que l’offre de soins qui n’est pas adaptée à la demande. Un patient qui se rend aux urgences a besoin de soins immédiats que pourrait très bien lui fournir un généraliste.

Les postes de garde, une alternative ?

Depuis 2003, 70 postes de garde ont été créés en Belgique. Ils sont financés par l’assurance maladie et leur objectif premier est d’améliorer les conditions de travail des médecins généralistes. Au niveau international, ces postes de garde sont aussi considérés comme une solution alternative pour une partie des contacts des urgences. Ils n’ont toutefois pas mené en Belgique à une diminution du nombre de ces contacts, notamment parce qu’ils ne sont pas suffisamment connus de la population et que leurs heures d’ouverture sont limitées et très variables d’un poste à l’autre. Par ailleurs, les patients semblent faire davantage confiance à l’hôpital, notamment quand il s’agit d’enfants. Ils sont aussi poussés par des raisons financières : le tiers payant en vigueur aux urgences permet de ne payer que le ticket modérateur, alors que chez le médecin généraliste, la plupart des patients doivent d’abord avancer la totalité des honoraires, ce qui, lors d’une consultation de nuit ou de weekend, peut représenter un montant important. Au final, la charge effective de travail est assez faible dans certains postes de garde alors que le budget annuel de l’Inami qui leur est consacré n’a fait qu’augmenter.

Un centre de soins à côté des urgences

Sur les sites hospitaliers où il restera un service d’urgence, le KCE préconise de créer des ‘centres de soins aigus non planifiés’ en y hébergeant une permanence de médecine générale ouverte 24h/24 et 7jours/7. Ils disposeraient d’une porte d’entrée commune avec les urgences et une équipe clinique orienterait les patients vers la permanence de médecine générale ou vers les urgences, en fonction de leurs besoins. Ce type de centres existe déjà aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne et présentent des avantages tant pour les patients que pour l’assurance maladie. Dès lors, pourquoi ne pas tester ce modèle à petite échelle avant de comparer ses résultats à ceux des structures existantes, avance le KCE.

Le triage effectué dans ces centres pourrait aussi être complété par un triage téléphonique via le numéro 1733. En 2008, ce numéro avait déjà été testé dans quelques régions du pays, avec relais automatique vers le médecin généraliste de garde. Actuellement, une série de projets-pilotes franchissent un pas supplémentaire en confiant le traitement des appels 1733 aux centrales 112 (numéro d’appel à former dans toute l’Europe en cas d’urgence). Celles-ci excluent d’abord une éventuelle urgence avant de transférer les appels non urgents vers un médecin généraliste ou un autre professionnel de première ligne. Si les résultats de ces projets pilotes sont concluants, l’usage du numéro 1733 pourrait être élargi et intégré au 112.

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