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Quels vaccins après 50 ans ?

Coqueluche, grippe, pneumocoques... Avec les années, nos défenses immunitaires faiblissent et nous devenons plus sensibles aux maladies infectieuses et à leurs complications. La meilleure solution ? Booster son immunité grâce aux vaccins.

Faut-il encore se faire vacciner après l’âge de 50 ans ? Notre système immunitaire n’est-il pas assez développé pour lutter de lui-même contre la plupart des germes ?  » La vaccination reste un must au-delà de 50 ans, et ce pour toutes sortes de raisons, explique le Pr Pierre Van Damme, spécialiste de la vaccination. En premier lieu, pour préserver sa santé. Avec l’âge, le système immunitaire perd en efficacité. Cette immunosénescence est un processus d’usure tout à fait naturel. Le corps développe moins d’anticorps et leur qualité diminue. On devient donc plus vulnérable aux maladies et le risque de complications augmente. La vaccination redonne un coup de fouet à l’immunité. « Bouger est une autre façon de renforcer ses défenses. Marche, fitness, natation... peu importe. Soigner sa forme physique et se faire vacciner, voilà le cocktail idéal pour améliorer son immunité.

La vaccination permet aussi de protéger les autres, en ne contaminant pas ceux que l’on côtoie.  » C’est particulièrement important pour les personnes amenées à voir régulièrement des malades ou à s’occuper de jeunes enfants. On évolue doucement vers le concept de vaccination à vie. En Europe, la carte de vaccination s’arrête trop souvent à 18 ans mais aux Etats-Unis, les patients reçoivent une carte pour toute leur vie, avec mention des rappels de vaccins nécessaires à tel ou tel âge. C’est un peu comme une assurance incendie : son utilité n’apparaît pas d’emblée évidente mais le jour où un feu se déclare chez soi, on est bien content d’être protégé.  »

Les incontournables

La coqueluche

La protection contre cette infection bactérienne touchant les voies respiratoires se réduit au fil des ans. Au bout de dix à quinze ans, les anticorps ont quasi disparu et on se retrouve vulnérable à la maladie. Il est fortement recommandé de faire un rappel de vaccin anti-coqueluche. Chez l’adulte, l’affection est rarement mortelle ou très grave. Elle se limite à une toux sèche qui dure trois à six semaines. Mais l’adulte atteint risque de contaminer des personnes plus vulnérables, par exemple des nourrissons pour qui la coqueluche peut être fatale. On ne vaccine un bébé qu’à partir de huit semaines, or il faut plusieurs mois pour que l’immunité s’installe, d’où l’importance de ne pas exposer un tout petit à la maladie. C’est ce que l’on appelle la vaccination cocon : l’entourage du bébé veille à être dûment vacciné.

Ce vaccin – une seule dose – peut se faire toute l’année et protège pendant dix ans. Il s’agit d’un vaccin combiné avec la dyphtérie et le tétanos.  » Contre ces trois maladies infectieuses, il est important que des anticorps circulent dans le sang en permanence. Le temps d’incubation – période entre l’infection et la déclaration des symptômes – peut être très bref, parfois deux ou trois jours à peine. Imaginons que vous attrapiez le tétanos par une blessure ouverte et que vous vous fassiez vacciner dans la foulée, le risque est grand de voir les anticorps venir à la rescousse trop tard. Mieux vaut parer à toute éventualité !  »

La dyphtérie et le tétanos

Vous ne savez pas si vous êtes en règle pour le vaccin antitétanique ? Parlez-en à votre médecin. Le vaccin de base qu’on reçoit enfant dure environ une dizaine d’années. Sans rappel, le nombre d’anticorps finit par être insuffisant. A 50 ans, la moitié des gens à peine sont encore suffisamment protégés. Mieux vaut donc faire un rappel de vaccin tous les dix ans. Le tétanos est une maladie rare chez nous mais elle reste mortelle dans la moitié des cas. La bactérie se tapit dans la terre et dans la poussière (en rue comme dans la maison).

La dyphtérie est également d’origine bactérienne et peut provoquer une très mauvaise angine, voire une atteinte du coeur et du système nerveux. Nombre de pays européens recommandent désormais le vaccin combiné dyphtérie-tétanos-coqueluche, à répéter tous les dix ans. La Belgique n’a pas encore pris position.

Pratique. Le rappel de ce vaccin triple est gratuit pour les adultes. Renseignez-vous auprès de votre médecin traitant ou de votre mutuelle.

La grippe : quadruple protection

Ce vaccin n’est pas obligatoire mais fortement recommandé dès l’âge de 66 ans. Entre 50 et 65 ans, l’injection est conseillée aux fumeurs, aux personnes souffrant d’obésité et aux buveurs. Trois profils qui voient augmenter leurs risques de contracter la grippe saisonnière, avec souvent des complications, voire une hospitalisation à la clé. Le vaccin anti-grippe est nécessaire pour certaines catégories de personnes, par exemple les malades chroniques (affections cardiaques, diabète...).

Pourtant, chaque année, la même critique refait surface : les vaccins anti-grippe seraient peu efficaces et mal ciblés.  » On ne dispose pas (encore) de supervaccins mais ceux qu’on propose sont sûrs et protègent efficacement. Chez les plus de 50 ans, des études ont pu démontrer que le vaccin protège 60 à 70 % des patients. Après 70 ans, le taux de protection diminue un peu, principalement en raison de l’affaiblissement du système immunitaire. On est incapable de prédire comment tel ou tel patient va réagir au vaccin contre la grippe mais on s’efforce de vacciner le plus grand nombre de personnes. La recherche vise à développer des vaccins toujours plus efficaces. Aux Etats-Unis, certains médecins proposent à un groupe cible des vaccins antigrippaux plus dosés, précise le Pr Van Damme. Une autre façon d’augmenter l’efficacité du vaccin anti-grippe consisterait à y ajouter des excipients mais cela pourrait provoquer des réactions localisées.  »

Cet automne, on pourra se faire injecter un quadruple vaccin contre la grippe qui promet de nous protéger plus largement.  » Jusqu’il y a peu, on ne disposait que de vaccins triples, avec deux souches A et une souche B du virus influenza. Ces dernières années, on a remarqué que deux souches B circulent chaque hiver. Il arrivait donc qu’on se trompe dans la combinaison de souches et que le vaccin de l’année protège insuffisamment contre la bonne souche B. Le quadruple vaccin – deux souches A et deux souches B – offre une meilleure garantie. Y compris pour les personnes qui voyagent, car c’est souvent l’autre souche B qui sévit au-delà de nos frontières.  » Si le vaccin ne protège pas toujours à 100 %, il permet tout de même de limiter les symptômes et les complications de la grippe.

Pratique. A faire entre octobre et novembre. Le vaccin est partiellement remboursé aux 65 ans et plus, ainsi qu’aux groupes à risque.

Les pneumocoques : vaccin à immuno-mémoire

Le pneumocoque est une redoutable bactérie responsable entre autres d’infections pulmonaires. Il est souvent associé aux sinusites, à la septicémie, aux inflammations de l’oreille et à la méningite, sans compter qu’il peut endommager le cerveau. Avec l’âge, le risque d’être infecté augmente. Le Conseil supérieur de la santé recommande la vaccination pour toutes les personnes de 65 ans et plus, mais beaucoup de pays appliquent la vaccination systématique dès 50 ou 55 ans. De plus, la bactérie du pneumocoque semble être de plus en plus résistante aux antibiotiques, ce qui complique le traitement.

Aujourd’hui, on dispose de deux types de vaccins : un 23-valent et un 13-valent.  » Le vaccin 23-valent est le premier qui a été mis au point. Beaucoup de personnes l’ont déjà reçu. Il protège contre 23 souches de pneumocoques mais doit être répété tous les cinq ans. Le nouveau vaccin 13-valent fonctionne autrement. Il comprend une liaison protéique qui stimule l’immunité afin de créer une mémoire immunitaire. En d’autres termes : le système immunitaire est capable de reconnaître à vie la bactérie des pneumocoques et de réagir contre elle en synthétisant des anticorps.  » Ici, pas besoin de refaire le vaccin tous les cinq ans. Autre avantage : ce vaccin-là crée des anticorps dans les muqueuses, si bien que la personne vaccinée parvient à bloquer plus efficacement les bactéries à partir de la bouche. On se prémunit contre la maladie et l’on évite de contaminer les autres.

 » Le Conseil supérieur de la santé recommande plutôt le nouveau vaccin aux personnes non encore vaccinées, suivi d’une seconde injection contenant le vaccin 23-valent. Le premier agit en profondeur, créant une mémoire immunitaire, tandis que le second agit selon un large spectre pour couvrir davantage de souches. Les personnes à risque (malades chroniques, etc.) ont tout intérêt à opter pour cette association de vaccins, étant donné son coût. Parlez-en à votre médecin.  »

Pratique. Pour l’adulte, aucun des deux vaccins n’est remboursé (pour le moment). Ils coûtent respectivement 75 euros et 28 euros.

Egalement utile

Le zona

Le zona est la réactivation du virus de la varicelle (varicella-zoster). Il frappe surtout les personnes de 60 ans et plus. Ceux qui ont déjà eu cette maladie fort douloureuse ne sont pas à l’abri d’une nouvelle infection. Le zona résulte en fait de la varicelle, une maladie infantile très fréquente. A partir du moment où on fait la varicelle, le virus circule dans l’organisme et y reste en dormance. Il suffit de se retrouver en contact avec le virus de la varicelle pour risquer un zona. Deux vaccins ont été mis au point : l’un est déjà disponible, l’autre le sera bientôt. Tous deux réveillent le système immunitaire contre le virus.

Pratique. Ces vaccins ne sont pas remboursés. Prix : comptez minimum 137 euros.

Peut-on associer vaccins et médicaments ?

Oui, pour la plupart des médicaments à prise chronique (antihypertenseurs, statines, etc.). La prudence est de mise chez les patients à l’immunité affaiblie, soignés pour un cancer, par exemple. On envisage alors, au cas par cas, quel vaccin donner à quel moment.

Certains vaccins contiennent-ils des substances dangereuses ?

On ajoute certaines substances pour améliorer l’efficacité et la conservation des vaccins. Le formaldehyde, qui fait pas mal parler de lui, est présent en très faible quantité et ajouté en cours de production aux vaccins comme conservateur : il permet d’éviter la prolifération de bactéries indésirables. Cela dit, le dosage est très faible et sans danger. D’ailleurs, il s’agit d’une substance qu’on retrouve dans la nature. Les poires contiennent vingt fois plus de formaldehyde qu’un vaccin.

Le patch plutôt que l’aiguille ?

Verra-t-on d’ici quelques années les médecins  » coller  » leurs vaccins au lieu de les injecter ?

Quels vaccins après 50 ans ?
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 » C’est fort possible, car des études comparatives sont en cours avec une faible dose de vaccin délivrée dans l’épiderme (au lieu d’une injection profonde dans le muscle) d’une part via une vaccination intradermale à l’aide d’une très fine aiguille et, d’autre part, via un patch recouvert de minuscules aiguilles. L’épiderme est formé notamment de cellules dendritiques qui assurent la bonne communication avec les ganglions lymphatiques. Ce mode de vaccination permet une réponse immunitaire comparable, voire meilleure que par injection intramusculaire. Le patch permettrait à chaque patient de se vacciner lui-même, augmentant ainsi le taux de vaccination au sein de la population.  »

Le champ d’action des vaccins ne cesse de s’élargir et concerne désormais nombre de maladies chroniques et même de dépendances. On teste actuellement des vaccins contre le diabète, la maladie de Lyme, l’excès de cholestérol, la dépendance au tabac et aux drogues. Dans ces cas-là, le vaccin bloque les récepteurs situés dans le cerveau, afin de stopper la sensation de plaisir. De plus en plus de vaccins entrent aussi dans le traitement d’une série de cancers.

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