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Notre modèle de soins a été élaboré pour gérer des affections aiguës

10% des Belges génèrent à eux seuls 72% des dépenses de santé, 20% sont à l’origine de... 84% des coûts. Comment expliquer une telle concentration des dépenses ? Les Mutualités Libres ont tenté d’identifier les sources des plus importantes dépenses en soins de santé.

Notre système de soins est-il armé pour amortir les chocs annoncés que sont le vieillissement de la population et l’explosion des maladies chroniques? Quelles politiques de santé actionner pour répondre aux besoins futurs de ces patients? Pour répondre à ces questions, les Mutualités Libres ont tenté de comprendre les mécanismes de concentration des dépenses de santé en Belgique. Les données de remboursement de tous leurs affiliés (+ de 2 millions de personnes) ont été analysées, avec une attention toute particulière aux plus grands utilisateurs de soins qui représentent 10 à 20% de la population. Trois facteurs de concentration des coûts ont ainsi pu être identifiés : le fait d’être atteint d’une maladie chronique, d’en avoir plus d’une (comorbidités), et le fait de devoir être hospitalisé.
Un petit résumé des constats les plus instructifs de cette étude !

1. Coût élevé des maladies chroniques

  • 23% de la population des Mutualités Libres souffre d’au moins une maladie chronique. Ensemble, ces patients génèrent 64% des dépenses de l’assurance maladie obligatoire.
  • La dépense annuelle moyenne d’une personne souffrant d’au moins une maladie chronique est de 5.076 euros, contre 859 euros pour une personne non atteinte d’une maladie chronique. Les troubles mentaux, l’insuffisance rénale et les maladies rares font grimper la facture jusqu’à plus de 20.000 euros annuels.

2. Plus le nombre de maladies est grand, plus les coûts explosent

  • Si le remboursement annuel moyen pour un patient souffrant d’une seule maladie chronique est de 3.449 euros, il double (6.500 euros) en présence de 2 pathologies, pour atteindre 21.751 euros lorsque le patient présente 5 pathologies chroniques.
  • Chez les personnes souffrant d’une maladie chronique fréquente associée à d’autres pathologies chroniques, les dépenses de santé sont très élevées. Ainsi, les patients présentant de l’hypertension (16% de la population) génèrent à eux seuls 43% des dépenses totales de l’assurance maladie, sachant que l’hypertension est l’affection la plus associée à d’autres maladies chroniques. Les patients en dépression (5% de la population) génèrent 18 % des dépenses, les diabétiques (3,6% de la pop.) 11% des coûts.

3. L’hospitalisation, principale source de dépenses

  • Les séjours à l’hôpital représentent 40% de l’ensemble des dépenses de soins de santé des patients, qu’ils soient chroniques ou non. Pour les 10% des plus gros utilisateurs de soins de santé, l’hospitalisation représente même la moitié (50%) de leurs dépenses!
  • Les malades chroniques sont hospitalisés 3 fois plus souvent et pour des durée de séjour 2 à 3 fois plus longues que les malades non chroniques. Les patients souffrant de psychose, de Parkinson, de la maladie d’Alzheimer ou de troubles mentaux présentent les durées moyennes de séjour à l’hôpital les plus longues (entre 16 et 41 jours par an par admission).

 » Notre système de soins a besoin d’un check-up « 

Pourquoi s’intéresser aux patients qui concentrent le plus de dépenses de santé ? Xavier Brenez, Directeur Général de l’Union Nationale des Mutualités Libres :  » Parce que ces patients et leurs maladies doivent figurer en haut de l’agenda politique ! En analysant cette population, on dégage deux grands groupes de maladies : les coûteuses et fréquentes comme l’hypertension, la dépression ou le diabète, et les très coûteuses mais plus rares comme l’insuffisance rénale, les troubles mentaux ou la maladie d’Alzheimer. La première catégorie de pathologies rappelle la nécessité de renforcer la prévention et l’accompagnement des patients. La seconde doit nous inciter à développer des alternatives moins coûteuses aux soins institutionnalisés (hôpital, maisons de repos), tout en garantissant bien sûr la qualité de la prise en charge. »
L’organisation des soins en Belgique est-elle adaptée à la prise en charge des maladies chroniques ?  » Non, poursuit Xavier Brenez. Notre modèle de soins a été élaboré pour gérer de manière réactive, ponctuelle et isolée des affections aiguës de courte durée. Ce modèle a besoin d’un check-up ! Il doit accomplir une mutation pour aller vers une prise en charge préventive, multidisciplinaire et planifiée des maladies chroniques. Il est essentiel de mettre tout en oeuvre pour prévenir les complications liées aux maladies chroniques et éviter que ces patients se retrouvent dans des filières de soins inutilement coûteuses pour la collectivité. »

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