Les produits les plus chers sont-ils les meilleurs ?

De plsu en plus de campagnes publicitaires veulent convaincre les consommateurs. Mais y a-t-il vraiment un lien entre le prix de nos aliments et leur qualité ?

Aujourd’hui, acheter un pot de confiture, un poulet ou du beurre peut nous amener à nous poser cette question : pourquoi deux produits en apparence identiques affichent-ils un écart de prix parfois considérable ?

Cette question semble d’actualité : selon une étude de la Fedis (Fédération belge de la distribution), le Belge est de moins en moins fidèle aux grandes marques. Pourquoi ? A la recherche du prix le plus bas, il n’hésite pas à se rendre dans plusieurs magasins pour trouver ce qu’il veut.

Confirmant cette tendance, plusieurs études du Crioc sur les critères de choix d’un produit alimentaire montre que 70 % des consommateurs citent spontanément le prix comme premier critère d’achat. Viennent ensuite la fraîcheur, la qualité, les informations sur l’emballage, la sécurité, la composition et la confiance en la marque.

Trois niveaux de prix

En faisant vos courses chez un grand distributeur, vous avez le choix entre trois niveaux de prix :

  • Les  » premiers prix  » : ce sont des produits de base, de qualité standard. Il s’agit par exemple des produits  » 1  » de Carrefour, ou  » 365  » de Delhaize. Leur intérêt ? Un prix bas garanti.
  • Viennent ensuite les marques propres de ces distributeurs. Ce sont d’une part les produits portant le nom du distributeur (un lait  » Delhaize « , un jambon  » Carrefour « ), mais aussi des marques appartenant exclusivement à ce distributeur :  » Souvenirs du terroir  » chez Carrefour ou  » Patrimoine gourmand  » de Cora. Ces dernières, également appelées  » marques terroir « , ont pour but de concurrencer les marques  » nationales  » en offrant des produits de qualité équivalente à moindre prix.
  • Enfin, dans le haut du panier, les marques nationales et internationales, aussi appelées  » grandes marques  » : Coca-cola, Nestlé, Danone, etc.

De nombreux paramètres

Qu’est-ce qui fait la qualité d’un produit ? C’est sans doute un mélange de critères subjectifs (le goût, l’habitude, la confiance...) et de critères plus objectifs : les ingrédients, leur origine (un poulet de batterie ou bio), l’emballage, les informations données, la facilité d’emploi, la sécurité (absence de substances indésirables)...

Les ingrédients

Plus une confiture contient de fruits (40 %, 60 %, etc.), plus sa qualité est élevée. De même pour la quantité de noisettes dans une pâte à tartiner : or les noisettes sont chères, le prix du produit variera donc selon sa teneur en noisettes (2 %, 13 %...).

Un riz comportant moins de 10 % de brisures sera de qualité supérieure.

Certains beurres sont faits à partir de lait dont l’origine est garantie. D’autres, sont fabriqués à partir de lait acheté sur le marché européen en fonction des stocks disponibles, au plus bas prix. Le prix du beurre sera alors garanti, mais pas son origine.

Le packaging

Le packaging influe également sur le prix, selon les informations qu’il donne, son design, etc. Pour les premiers prix, l’emballage est plus fin, moins facile d’utilisation (sachet de fromage râpé non refermable, etc.).

 » Le packaging coûte cher, explique Marc Vandercammen, directeur du CRIOC. Il peut représenter jusqu’à 60 % ou 80 % du prix de revient. Une bouteille peut coûter plus cher que l’eau qu’elle contient !  »

Les volumes

La quantité achetée par le distributeur permettra de jouer sur le prix : un distributeur achetant des volumes importants d’un même produit, pour le vendre dans différents pays, par exemple, pourra amortir ses coûts fixes et faire baisser son prix.

La publicité

La communication a un coût. Les premiers prix ne font pas l’objet de publicité. Les grandes marques, par contre, communiquent sur leurs produits. Ce coût se répercute sur ceux-ci.

Y a-t-il une logique ?

 » Globalement, les produits alimentaires sont aujourd’hui de meilleure qualité qu’autrefois, commente Jean van de Put, directeur qualité et sécurité alimentaire chez Delhaize. C’est une évolution positive « . Mais obtient-on toujours un produit de qualité en achetant une marque ?  » C’est souvent meilleur, mais... il est possible que ce ne soit pas toujours le cas « , répond prudemment Marc Vandercammen. A l’inverse, quelle qualité trouve-t-on dans les  » premiers prix  » ?  » On trouve de tout ! Les  » premiers prix  » ne garantissent pas une qualité précise, mais un prix bas. Il n’y a pas de logique systématique. Ceci dit, il n’y a pas de secret : un prix bas a peu de chance de présenter une qualité optimale...  »

Pour estimer la qualité d’un produit, il faut bien sûr lire les informations figurant sur l’emballage.  » Regardez surtout les ingrédients principaux, qui font la qualité du produit en question: la quantité de fruits, pour une confiture, ou de chocolat, pour un biscuit, etc. « , conseille Jean van de Put.

Qu’en est-il de la sécurité des produits premiers prix ?  » Tout produit, quel qu’il soit, doit respecter les mêmes règles de sécurité alimentaire, insiste Marc Vandercammen. Ceci est très important « .

La calorie de graisse coûte moins cher

Côté santé, la réponse est plus claire. La qualité, ce sera moins de matières grasses, de sel, de sucre...  » Or on a constaté qu’une calorie coûte moins cher si elle apparaît sous forme de graisses, explique le Pr. Jean-Paul Thissen, endocrinologue et nutritionniste aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Autrement dit, acheter la même quantité de calories reviendra moins cher sous forme de viande grasse (haute densité calorique) que de fruits et légumes (haute valeur nutritionnelle). Mais l’idéal, c’est justement une alimentation à haute valeur nutritionnelle, riche en fruits et légumes, et pauvres en graisses.  »

En conséquences, l’obésité touche surtout les classes socio-économiques défavorisées, qui, outre un pouvoir d’achat moindre, sont souvent moins informées du lien entre alimentation et santé.  » Et nous savons que le diabète de type 2, non insulino-dépendant, est lié à l’alimentation et l’obésité « , souligne Jean-Paul Thissen. Il faut comprendre que bien choisir son alimentation, c’est choisir, à long terme, la qualité de vie. C’est un investissement pour sa propre santé !

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire