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Les fuites urinaires indésirables en 10 questions

Vous vivez dans la crainte d’une fuite indésirable à chaque quinte de toux, à chaque fou-rire ? Il vous arrive d’être confronté à un besoin d’uriner si impérieux que vous n’arrivez pas à temps aux toilettes ? Ce n’est évidemment jamais très drôle, mais il n’y a pas non plus de quoi avoir honte : les fuites urinaires sont un problème fréquent... auquel il existe des solutions matérielles et médicamenteuses efficaces. Le tour de la question en 10 questions-réponses.

1. Qu’est-ce qu’une fuite urinaire indésirable ?

Il s’agit d’un écoulement d’urine survenant de façon involontaire, parfois limité à quelques gouttes, parfois beaucoup plus important ; le phénomène peut se manifester quotidiennement, voire même plusieurs fois par jour, mais il arrive également qu’il soit plus sporadique. Quelle que soit son importance ou sa fréquence, ce problème particulièrement gênant ne devrait en aucun cas être considéré comme une manifestation du vieillissement à accepter avec résignation, car non seulement les jeunes ne sont pas épargnés, mais il existe aussi une foule de solutions qui permettront de le résoudre dans environ 80% des cas et d’en réduire considérablement la gravité dans les 20% restants.

2. Comment fonctionne notre vessie ?

Le système urinaire se compose des reins, qui produisent l’urine, des uretères, de la vessie et de l’urètre. Au départ des reins, l’urine est transportée par les uretères jusque dans la vessie, qui peut en contenir environ 300 ml. Lorsque celle-ci est pleine, nous ressentons le besoin d’aller aux toilettes. En moyenne, nous produisons chaque jour un litre à un litre et demi d’urine, que nous évacuons en quatre à cinq fois.

3. Quelles sont les différentes formes de fuites urinaires ?

Schématiquement, on distingue trois types de fuites urinaires. La forme la plus fréquente est l’incontinence d’effort ou de stress: certaines formes d’effort (fou-rire, toux, éternuement, saut...) provoquent au niveau du ventre une pression qui entraîne une perte d’urine. Le plus souvent, l’écoulement se limite à une petite quantité, voire à quelques gouttes. Cette forme est beaucoup plus fréquente chez les femmes (voir question 4) et s’aggrave sous l’effet de problèmes de surpoids ou de constipation chronique, qui provoquent une pression accrue dans l’abdomen.
La seconde forme est l’incontinence d’urgence. Suite à un dysfonctionnement du  » signal d’alarme  » qui nous fait savoir que la vessie est pleine, le besoin d’aller aux toilettes peut se manifester de façon très soudaine : la vessie se contracte alors si violemment qu’il est impossible de retenir les urines. Cette forme d’incontinence s’accompagne de fuites urinaires aiguës et souvent abondantes. L’incontinence d’urgence peut se manifester suite à une inflammation de la vessie, une intervention gynécologique ou une opération au niveau la vessie ou des tissus environnants. Certains médicaments, le tabac, l’alcool et le stress peuvent aggraver ou même provoquer les symptômes.
Le troisième type est une forme mixte qui associe des caractéristiques des deux autres. Elle se manifeste en cas de dysfonctionnement du système nerveux au niveau de la vessie, le plus souvent sous l’effet du vieillissement ; il n’est pas rare qu’elle s’accompagne d’une perte de coordination et d’une faiblesse musculaire. Si la personne présente en outre des problèmes de mobilité, il lui sera souvent difficile d’atteindre les toilettes à temps.

4. Pourquoi les fuites urinaires sont-elles plus fréquentes chez les femmes ?

C’est une conséquence de leur anatomie : alors que chez les hommes, l’ouverture de l’urètre est largement contrôlée par un sphincter spécifique (comparable à celui qui entoure l’anus), chez les femmes, la fermeture de la vessie dépend presque entièrement des muscles du plancher pelvien. Ceux-ci risquent toutefois d’être affaiblis et distendus par la ou les éventuelles grossesses, en particulier lorsque l’accouchement a été difficile. Les plaintes tendent aussi à s’aggraver après la ménopause, parce que les tissus de soutien entourant la vessie s’affaiblissent sous l’effet des modifications hormonales ; il en va de même en cas d’ablation de l’utérus. En sus des fuites urinaires, ces femmes ressentent souvent aussi une sensation d’affaissement, des maux de ventre ou des douleurs lors des rapports sexuels.
Chez l’homme, les fuites urinaires sont souvent consécutives à un problème de prostate ; la plainte la plus fréquente est un écoulement résiduel après avoir été aux toilettes.

5. Quelle est la fréquence des fuites urinaires dans la population ?

Environ un quart de la population adulte est confronté à ce problème et environ 7% en souffrent au quotidien. La forme la plus courante (60%) est l’incontinence d’effort, qui survient lorsque la personne rit, éternue ou fait un effort physique important. Le risque d’être victime d’un problème de vessie augmente avec l’âge.

6. Quelle peut être la contribution du kinésithérapeute ?

Certains kinésithérapeutes se spécialisent dans la rééducation du plancher pelvien : à l’aide d’exercices, ils apprennent à leurs patients à renforcer les muscles pelviens mais aussi à les détendre, ce qui est également très important. Ce traitement a une efficacité bien réelle : 60 à 70% des patients en retireront un bénéfice.
Exercer les muscles du plancher pelvien n’est du reste pas si simple, car ils ne sont pas du tout aussi clairement visibles que ceux du bras ou de la jambe. Le kinésithérapeute aura quelquefois recours à une électrode placée dans le vagin ou l’anus, ce qui permettra de visualiser les contractions musculaires sur un écran et donc de s’assurer que les exercices ciblent bien l’endroit voulu. Un peu gênant quand même, ce genre de traitement ? Mais non, ces professionnels ont l’habitude : ils ont choisi de faire ce métier ! Précisons par ailleurs qu’il est important de continuer à faire travailler les muscles pelviens, et que certaines femmes pourraient malgré tout avoir besoin d’une opération à plus long terme.

7. Est-ce que je peux moi-même entraîner mon plancher pelvien ?

C’est possible tous les jours, à tout moment. Imaginez-vous que vous êtes en train d’uriner et que vous devez brusquement interrompre la miction : les muscles qui entrent en action sont ceux du plancher pelvien. Pour les entraîner, contractez-les pendant environ 10 secondes puis relâchez-les ; cet exercice peut être effectué aussi bien en position assise que debout ou couché.

En réitérant régulièrement cet exercice, vous renforcerez votre plancher pelvien. Evitez néanmoins de le faire pendant que vous êtes aux toilettes, car la vessie risquerait alors de ne pas se vider complètement, ce qui pourrait provoquer une inflammation.

8. Existe-t-il une opération contre les fuites urinaires ?

Oui, et même plusieurs ! Au départ, il s’agissait surtout d’interventions abdominales passablement lourdes imposant une hospitalisation de plusieurs jours ; de nos jours, les femmes peuvent toutefois bénéficier de la technique dite  » TVT « , qui consiste à placer en-dessous de l’urètre une bandelette de soutien qui va fonctionner comme une sorte de hamac. La technique a été si bien mise au point que l’intervention ne nécessite plus qu’une petite incision dans le vagin et peut être réalisée sous anesthésie locale. Elle ne peut toutefois s’appliquer qu’à l’incontinence d’effort.

9. Y a-t-il des médicaments contre les fuites urinaires ?

Il existe des produits qui agissent sur les reins ou sur la vessie et qui peuvent par exemple contribuer à détendre ou à dilater cette dernière. Nombre d’entre eux provoquent toutefois des effets secondaires tels que nausées, symptômes intestinaux ou somnolence. Chez les femmes, il est également possible de prescrire un pessaire ou un tampon contre l’incontinence. Les médicaments sont efficaces uniquement contre l’incontinence d’urgence ; demandez conseil à votre médecin.

10. Comment gérer les fuites urinaires au quotidien ?

Il existe heureusement aujourd’hui une foule de produits absorbants spécialement prévus pour éviter les taches et les odeurs. Certaines femmes utilisent pour cela une simple bande hygiénique, mais ce n’est pas forcément une bonne idée : ces serviettes ne sont pas prévues pour absorber l’urine et peuvent même accroître légèrement le risque d’inflammation vésicale.

Vous trouverez dans le commerce un vaste éventail de produits spécifiquement prévus contre les fuites urinaires (aussi bien légères que plus abondantes) ; essayez-en plusieurs pour trouver celui qui s’adaptera le mieux à votre anatomie. Les protections contre les fuites légères sont disponibles dans les supermarchés, les autres chez les bandagistes ou dans des boutiques en ligne spécialisées.


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