Le tabac, ce n’est pas seulement la cigarette !

Tour d’horizon des différentes manières de fumer et de leur impact sur notre santé.

Cette année, l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) mène une campagne pour promouvoir la présence d’avertissements santé sur les emballages de tous les produits du tabac. En effet, les avertissements combinant « texte et image » sont l’un des moyens les plus efficaces et les plus économiques pour sensibiliser le public aux risques du tabagisme sur la santé. En Europe, ces avertissements santé sous forme de  » textes  » sont désormais obligatoires sur les produits du tabac. En Belgique, ils le sont au titre d’avertissements « complémentaires » et sont accompagnés d’une photo au contenu explicite sur les paquets de cigarettes. En 2007, une étude a montré que la moitié des jeunes fumeurs sont d’avis que les nouvelles photos sur les paquets de cigarettes rendent les cigarettes moins attirantes.

Le problème, c’est que les emballages de tabac à rouler et les boîtes de cigares comportent uniquement un avertissement santé, tandis que les emballages de « tabamel » (tabac utilisé pour le narguilé), eux, indiquent rarement un avertissement.

Ce constat a conduit la Coalition Nationale contre le Tabac à interroger les jeunes pour voir quelles images ils avaient des autres moyens pour fumer du tabac. L’enquête auprès des jeunes révèle des tendances surprenantes ! L’enquête, menée en avril 2009 à Bruxelles et en Communauté germanophone, auprès de 1049 écoliers néerlandophones, francophones et germanophones âgés de 17 à 18 ans, montre que 54% d’entre eux ont déjà fumé la chicha (le narguilé), 50% ont déjà fumé des cigarettes, 30% ont déjà fumé du cannabis, 27% ont déjà fumé du tabac à rouler et 22% ont déjà fumé des cigares.

Etonnamment, la langue maternelle n’est pas déterminante dans l’expérimentation de la chicha parmi les jeunes interrogés. 59% des jeunes qui l’ont expérimentée sont néerlandophones, 53% sont francophones, 52% sont germanophones et 43% parlent l’arabe ou le turc à la maison.

Le point sur les différentes utilisations du tabac

Tous les produits du tabac sont nocifs. Contrairement à l’image qu’ils peuvent parfois avoir, les usages alternatifs tels que la chicha, le tabac à rouler et le cannabis ne sont pas dénués de risques.

1. Le tabac... un produit naturel ?

Plus de 600 additifs peuvent être utilisés dans la fabrication des produits du tabac. Ils agissent surtout sur la dépendance. Certains facilitent l’absorption de la nicotine et donc sa diffusion vers le cerveau avec pour effet l’accroche et le maintien de la consommation. Quant aux arômes, ils sont surtout présents pour attirer. Ainsi l’ajout de cacao, censé adoucir l’âpreté de la fumée, a aussi pour effet de faciliter le passage de la fumée dans les petites bronches. Quant au menthol, il modifie le goût et masque les effets irritants de la fumée sur la gorge.

2. La chicha : une nouvelle mode ?

L’usage de la chicha se développe dans nos régions et pourtant cette pratique est plus dangereuse que de fumer une cigarette. De nombreux non-fumeurs, fument le narguilé en pensant que c’est très différent de la cigarette. C’est vrai. En pire. Faire une séance de narguilé, c’est comme fumer deux paquets de cigarettes. La chicha se compose d’un fourneau destiné au tabac et de plusieurs tuyaux flexibles dont l’un est relié à un vase à moitié rempli d’eau et l’autre est utilisé comme siphon à fumée. En circulant dans l’eau, la fumée de tabac devient moins irritante et une partie de la nicotine et des goudrons y est retenue. En revanche, l’humidification ne piège pas le monoxyde de carbone (CO) qui est produit en plus grande quantité à cause d’une température de combustion plus basse. De plus, le volume de fumée inspiré pendant une séance de chicha est beaucoup plus important que lorsque l’on fume une cigarette, d’où l’absorption d’une plus grande quantité de toxiques. Le tabac à chicha se compose de 28 % de tabac, d’environ 70 % de mélasse et d’un arôme de fruit. Il ne fait pas encore l’objet d’avertissements « santé ». Son emballage annonce 0 % de goudrons mais ceux-ci apparaissent au moment de sa combustion. Comme, chez nous, les bars à chicha sont des lieux clos, l’intoxication est accrue car le tabagisme passif y est intense.

3. Cigarette industrielle : infos trompeuses ?

La teneur en goudron, nicotine et monoxyde de carbone mentionnée sur les paquets de cigarettes ne correspond pas aux quantités réellement absorbées avec la fumée. Ces chiffres correspondent à des taux « théoriques » calculés sur base de cigarettes fumées par une machine qui « fume » dans des conditions standard très différentes de celles des fumeurs dont les façons de fumer sont très variables. Un consommateur de 30 cigarettes par jour peut, selon sa façon de « tirer » sur sa cigarette et son degré de dépendance, inhaler de 10 à 100 mg de nicotine par jour. Comme pour la voiture, la consommation varie selon la manière de conduire.

4. Le tabac : avec ou sans filtre ?

Les filtres ont été créés pour réduire la teneur en goudron de la fumée de cigarette. En vérité, ils ne retiennent que les plus grosses particules mais sont inefficaces pour retenir les plus fines et la partie gazeuse de la fumée soit plus de 3000 produits chimiques. Des trous minuscules sont prévus pour faciliter l’aspiration de l’air et permettre une dilution de la fumée. Cependant, ils sont souvent bouchés avec les doigts ou avec les lèvres. Plus le filtre offre de la résistance, plus on « tire » sur la cigarette et les fines particules pénètrent, alors, plus profondément dans le poumon.

5. Opter pour le tabac à rouler ?

Le tabac à rouler, moins coûteux, est plus nocif que celui des cigarettes industrielles. En effet, le tabac d’une cigarette roulée, tassé irrégulièrement, brûle moins bien que celui d’une cigarette industrielle. Il produit plus de toxicité, dont un taux de monoxyde de carbone (CO) beaucoup plus élevé avec des risques cardiovasculaires nettement augmentés.

6. Qu’en est-il du mélange tabac et cannabis ?

Se rouler une cigarette à l’aide de tabac et de cannabis (joint) multiplie les risques pour la santé malgré l’image « nature » qu’en ont certaines personnes. En effet, la fumée produite contient à la fois des toxiques issus du tabac et du cannabis. De plus, le volume de fumée inhalé est jusqu’à quatre fois plus important qu’une simple cigarette suite à des bouffées plus profondes. A cela s’ajoute un blocage plus long de la respiration. Les quantités de monoxyde de carbone et de goudron présentes dans les poumons sont alors plus élevées.

Des occasions à saisir

Arrêter de fumer, ce n’est pas facile. Profitez donc de cette journée de sensibilisation où de nombreux moyens sont mis à votre disposition. Souvenez-vous que vous pouvez vous intéresser à la question même si vous n’avez pas encore décidé d’arrêter. Et si c’est l’un de vos proches qui est concerné, renseignez-vous, vous pouvez l’aider à arrêter.

Quelques pistes :

  • Le site du Fonds des Affections respiratoires : www.fares.be
  • Site de la Fondation contre le cancer et qui propose un programme avec un coach pour arrêter de fumer : www.tabacstop.be
  • Un site pour visualiser l’effet du tabac sur votre peau et qui sera accessible dès le 29 mai. Vous chargez votre photo et le site la vieillit de 20 ans en considérant le fait que vous fumez : www.sauvetapeau.be
  • CHU de Liège : de 10h à 16h, des tabacologues et des infirmières accueilleront gratuitement les visiteurs sur deux sites de l’hôpital universitaire, le Sart Tilman et N.-D. des Bruyères (Chênée). Les participants auront l’occasion de passer un test de dépendance à la nicotine et un examen de mesure du taux de CO. Ils pourront également évaluer l’âge de leurs poumons grâce à un test de mesure du volume expiré (VEMS). Chaque participant aux tests recevra un passeport santé récapitulant ses résultats, qu’il lui sera conseillé de présenter à son médecin traitant. Une estimation personnalisée du montant financier de la consommation en tabac sera également indiquée dans ce document. Des produits alimentaires  » sains  » seront remis aux visiteurs qui accompliront le parcours complet. www.chuliege.be

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