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Le sommeil : 10 questions pour mieux le comprendre

Le temps de sommeil et l’insomnie, les effets du manque de sommeil et ses incidences. Quand s’inquiéter ?

Toutes les réponses à vos questions pour des nuits plus douces.

• Temps de sommeil et insomnie

1) Pour une bonne nuit, faut-il 8 heures de sommeil?

Un bon sommeil se juge au résultat: se sentir reposé et en forme 30 minutes à 1’heure après le réveil. Et si en moyenne nous dormons 7 heures par 24 heures (8 heures le week-end), chacun possède son propre quota, en partie génétiquement programmé.

Ainsi, Einstein avait besoin de 11 heures et Churchill de 5 heures... C’est aussi la génétique qui détermine la propension à être plutôt du soir ou du matin. La quantité de sommeil récupérateur et le fonctionnement de l’horloge biologique interne déterminant les phases d’éveil et de sommeil sont donc personnels.

2) Quelles sont les raisons de l’insomnie?

Les premières causes sont liées à la dépression et à l’anxiété. Mais nombreuses sont les pathologies qui perturbent le sommeil: douleurs, tumeur, diabète, maladies neurologiques (Parkinson, Alzheimer), maladies de la thyroïde, des glandes surrénales, asthme...

De mauvaises conditions environnementales (chambre trop chauffée...) et de mauvaises habitudes de vie (regarder la télé au lit) contrarient elles aussi les nuits. Quant aux apnées du sommeil et au syndrome des jambes sans repos, ce sont deux pathologies directement liées au sommeil qui, encore sous-diagnostiquées, entravent le sommeil profond sans que le dormeur s’en aperçoive.

3) Quand parler de troubles du sommeil?

Souffrir d’un trouble du sommeil, c’est passer une mauvaise nuit de temps en temps à cause d’une bronchite, d’un voisinage bruyant, d’un stress avant un examen... et ça ne doit surtout pas inciter à la médicamentation!

Il s’agit d’insomnie lorsque plus de 3 jours par semaine et depuis plus d’un mois, la personne souffre de difficulté d’endormissement ou de réveils nocturnes et que la qualité des journées s’en ressent. L’insomnie chronique traduit des troubles installés depuis plus de 3 mois. Les soupçons se portent alors sur une prédisposition génétique, mais surtout des facteurs aggravants tels que la difficulté à gérer les émotions fortes – heureuses ou malheureuses – et la mise en place de comportements de crispation qui entretiennent l’insomnie.

• Les effets du manque de sommeil

4) Mal dormir, c’est dangereux?

Le danger immédiat est d’être somnolent le lendemain et de risquer un accident. À plus long terme, c’est d’accumuler une dette de sommeil. Or, tout le sommeil perdu ne sera pas récupéré, même en dormant plus le week-end. Cette dette dépend du besoin de sommeil de chacun, mais les études prouvent qu’un quota régulièrement amputé de 1 à 2 heures augmente les risques de diabète de type 2 et de maladies et d’accidents cardiovasculaires, affaiblit les défenses immunitaires et la résistance à la douleur, favorise enfin les troubles anxieux.

L’intense besoin de dormir le week-end et surtout la dégradation du sommeil (difficulté à s’endormir, à se rendormir...) sont les principaux signes de l’installation de ce déficit de sommeil... et des prémices d’une dépression.

5) Le manque de sommeil fait-il grossir?

Indiscutablement. Pendant le sommeil sont sécrétées différentes hormones contribuant à l’équilibre pondéral. S’il y a un manque, l’équilibre est rompu et les kilos s’installent sans même que l’alimentation soit modifiée. De plus, lors du sommeil, l’activité de l’hormone qui stimule l’appétit est ralentie alors que celle de la satiété augmente. Des éveils nocturnes poussent donc à satisfaire ses fringales...

Mal dormir, c’est aussi être fatigué, donc moins bouger et grignoter pour pallier les coups de pompe. Enfin, lors du sommeil, l’organisme brûle des calories pour maintenir une température corporelle basse.

6) Quand et qui faut-il consulter?

Mieux vaut consulter dans le mois. Si la personne n’était pas insomniaque jusqu’alors, c’est un signal d’alarme. Soit c’est psychologique et une situation de vie compliquée génère une dépression. Soit c’est organique et une maladie peut être à l’origine du trouble.

À 55-60 ans,il faut toujours évaluer la cause de l’insomnie débutante car elle est rarement psychophysiologique (liée à la peur de ne pas dormir). En cas d’échec des premières mesures, la prise en charge passera alors par un spécialiste du sommeil, médecin, psychologue ou psychiatre. En cabinet, à l’hôpital ou dans un centre du sommeil.

• Somnifères et anxiolytiques

7) Les somnifères sont-ils incontournables?

S’ils aident à dédramatiser parfois une situation, ils peuvent aussi s’avérer dangereux hors protocole médical strict. Leur prise doit être circonscrite sous peine d’accoutumance et d’inefficacité et leur arrêt ne jamais être brusque sous peine de recrudescence de l’insomnie... qui conduirait à reprendre le traitement et à augmenter les risques d’effets secondaires.

Les somnifères doivent juste permettre de souffler entre deux mauvaises nuits ou passer un cap difficile. Et toujours s’accompagner d’une thérapie de gestion du sommeil.

8) Et les anxiolytiques?

Non, surtout grâce aux thérapies comportementales et cognitives qui permettent d’identifier et de remédier aux mauvaises habitudes générant un sommeil perturbé. Il peut s’agir d’une alimentation inadéquate, d’un manque d’activité physique, d’une heure de coucher inadaptée à sa propre horloge biologique... Dans d’autres cas, la sophrologie et la luminothérapie seront davantage indiquées.

• Incidence sur les femmes et les personnes âgées

9) Les femmes sont-elles plus concernées?

Elles en parlent plus facilement que les hommes mais ce n’est pas la seule raison expliquant qu’elles soient 7% plus nombreuses à en souffrir et composent deux tiers des insomniaques chroniques. Leur sensibilité à l’anxiété plus importante, mais aussi des facteurs hormonaux sont largement en cause.

La ménopause est une période critique car les bouffées de chaleur font grimper la température corporelle alors que le sommeil nécessite son abaissement... Deux à trois ans sont nécessaires pour que les hormones se stabilisent et le sommeil aussi.

10) Le sommeil s’allège avec l’âge, paraît-il?

En effet. Il survient plus tôt, se fragmente d’éveils plus longs et fréquents, se ponctue d’un réveil précoce et d’une tendance à faire la sieste. Rien d’anormal: le balancier de l’horloge biologique interne qui avant intimait l’ordre de dormir la nuit et d’être éveillé le jour devient moins net. La durée moyenne de sommeil de 7 heures à 30-40 ans, passe à 6h30 à 65-70 ans et 6 heures après 80 ans.

Les cycles se modifient aussi: le sommeil lent-profond, le plus récupérateur, qui composait 35% du temps total à 40 ans, chute à 10-15%. Les microréveils qui survenaient 10 fois par heure sont doublés après 60 ans. Paradoxalement, c’est surtout de la phase d’éveil qu’il faudra se soucier. Mieux cadrée, elle permettra de mieux dormir la nuit... et de moins ressentir les douleurs inhérentes à l’âge.

Auteur : Par Magali Quent (NT-F.COM)

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