Le CO un tueur invisible

Incolore et inodore, le monoxyde de carbone est un gaz toxique qui fait chaque année des centaines de victimes en Belgique. L’accident n’est pourtant pas une fatalité...

Nous avons un jour accueilli toute une famille dont le chat avait commencé à se comporter de manière étrange avant de sombrer dans l’inconscience, raconte le Dr Peter Germonpré du Centre d’oxygénothérapie hyperbare de l’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek, qui reçoit chaque année des dizaines de victimes d’intoxication au CO. Le père et la fille sont partis consulter le vétérinaire avec l’animal. Lorsqu’ils sont revenus chez eux, ils ont trouvé les autres membres de la famille dans le coma. Leur chat leur avait sauvé la vie car les secours ont pu être prévenus à temps. « 

Le plus souvent dans la salle de bain

La plupart des intoxications surviennent dans la salle de bain. C’est, en effet, une pièce où on est souvent seul, porte fermée. Mais une intoxication au CO peut se produire dans n’importe quelle pièce où se trouve un brûleur, alors que l’oxygène est rare et que les gaz de combustion ne sont pas correctement évacués.  » Nous avons récemment soigné des patients qui polissaient du béton dans leur garage à l’aide d’une machine à essence. Des gens qui avaient fait un barbecue à l’intérieur ont également été intoxiqués. Quand les braises sont rouges, elles fument très peu, et on ne se rend pas compte du danger. « 

Les poêles dernier cri ne sont pas forcément plus sûrs que les modèles plus anciens. « Il y a quelques années, on nous a amené, un hiver, plusieurs personnes qui avaient acheté un poêle à charbon à haut rendement. Le poêle fonctionnait si bien qu’elles l’avaient réglé sur minimum. Résultat ? L’arrivée d’air était trop faible, la combustion incomplète et ces gens ont été intoxiqués au CO. »

La cause d’une intoxication au CO peut donc être imputable au disfonctionnement ou à un mauvais usage d’un appareil. Mais il existe d’autres facteurs de risque. Un conduit de cheminée étroit, bouché ou tordu, par exemple. Ou encore la météo. En Belgique, on assiste souvent à un phénomène d’inversion, qui repousse les gaz de combustion vers l’intérieur des habitations.

Un apport d’oxygène

Pour chasser le CO des cellules de l’organisme, on doit oxygéner le corps à l’aide d’un masque à oxygène. L’équipe médicale peut le faire sur place, dans l’ambulance ou à l’hôpital. Mais il arrive qu’on doive réoxygéner le patient en chambre hyperbare pressurisée. Cette technique permet de réduire le taux de CO dans l’organisme plus rapidement.  » Mesurer le pourcentage de CO dans le sang ne suffit pas à déterminer si un traitement hyperbare est nécessaire ou non. En effet, cette mesure ne reflète la situation qu’à un instant précis. Elle peut être faussée et, surtout, elle varie en fonction de l’oxygénation immédiate de l’organisme. De plus, ce chiffre n’indique pas le taux d’absorption de CO par les cellules, plus élevé en cas d’exposition prolongée au gaz toxique. Il faut également tenir compte de l’état de santé de la victime. Plusieurs facteurs doivent donc être pris en considération avant de transférer un patient vers un centre hyperbare. « 

Vraiment utile, le détecteur de CO ?

Il existe des détecteurs de CO, mais ils risquent de donner à tort un sentiment de sécurité, met en garde le Centre Antipoisons dans son rapport annuel sur les intoxications au CO. Non seulement parce que la cellule électrochimique du détecteur peut être sensible à d’autres substances que le CO mais aussi parce que son fonctionnement n’est pas garanti en présence de poussières, de graisses, de chaleur ou d’humidité dans l’atmosphère. Et comme la plupart des intoxications ont lieu dans la salle de bain, c’est gênant.

Alors que faire ? Veillez à aérer suffisamment les pièces, faites entretenir régulièrement la cheminée, les appareils de chauffage et les poêles. Evitez aussi de vous servir d’une machine à combustion dans un espace fermé et soyez attentifs aux symptômes tels que maux de tête et nausées (ou état grippal).

Pour éliminer le CO de l’organisme plus rapidement, on place le patient en chambre hyperbare pressurisée.

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