Le cinéma s’invite en oncologie aux cliniques universitaires Saint-Luc

Aux Cliniques universitaires Saint-Luc, le patient est traité aux petits oignons ! Son service de radiothérapie oncologique a en effet trouvé une alternative à l’anesthésie et aux anxiolytiques lors des traitements par rayonnement ... et l’idée vient d’un enfant !

La radiothérapie est l’un des principaux traitements contre le cancer. Elle consiste à diriger des rayons radioactifs sur la tumeur, afin de détruire les cellules cancéreuses. Les traitements qui sont réalisés avec un appareil de tomothérapie – permettant de la sorte de cibler la tumeur, tout en réduisant les risques pour les organes sains avoisinants – obligent le patient à rester immobile pendant au moins une demi-heure. Pour les enfants ou les patients stressés et claustrophobes, cette demi-heure peut vite devenir un calvaire. Les médecins utilisent dès lors des anxyolitiques pour les adultes et une légère anesthésie générale pour les enfants. Toutefois, le service de radiothérapie oncologique des Cliniques universitaires Saint-Luc a imaginé une nouvelle méthode baptisée Vladi.

Vladi, premier patient

Vladi, c’est l’acronyme de Video Launching Applied During Irradiation, mais c’est également le prénom du premier patient ayant bénéficié de cette alternative à l’anesthésie. Vladi avait 4 ans et devait subir plusieurs séances de tomothérapie. Sa maman Irina a alors demandé aux médecins s’il était possible de ne pas anesthésier son enfant lors de chaque séance (un traitement comporte en moyenne 30 séances). L’équipe a eu l’idée de projeter un dessin animé au petit garçon. Concrètement, il s’agit de remplacer l’anesthésie, lorsque cela est possible, par la projection d’un film ou d’un dessin animé au sein même de l’appareil de traitement. Cette technique permet de maintenir l’enfant au calme. « Nous veillons à ce que le film ou le dessin animé soit choisi par l’enfant, car il faut qu’il soit captivé et qu’il puisse le regarder en restant immobile et apaisé « , expliquent Catia Palhetinha Aguas, dosimétriste, et Philippe Humblet, technologue dans le Service de radiothérapie oncologique des Cliniques universitaires Saint-Luc, tous deux à l’origine du projet VLADI.  » L’utilisation de cette technique modifie réellement la manière dont l’enfant aborde son traitement. Et le mécanisme permet de tenir compte de certaines contraintes étant donné que le patient doit rester seul dans la pièce durant tout le traitement, à cause du rayonnement produit « .C’est ce principe de  » focalisation  » induit par l’hypnose qui a donné l’idée à l’équipe d’utiliser une projection de film, les enfants étant généralement facilement  » absorbés  » par un écran. Jusqu’à présent, une dizaine d’enfants ont déjà pu bénéficier de cette technique et autant d’adultes.

Il fallait y penser

 » Théoriquement, nous aurions pu imaginer de placer un écran de télévision devant le patient. Cette solution simple ne peut pourtant pas être mise en pratique car rien ne peut se trouver dans le passage des faisceaux d’irradiation « , rappelle Philippe Humblet. De plus, le matériel serait rapidement détérioré par les rayons. Le système de projection mis en place, modulable et simple d’utilisation, répond à ces critères : il est placé hors du champ d’irradiation. Un micro projecteur et un haut-parleur sont installés sur la table de traitement. Le film est projeté sur la paroi intérieure de l’appareil de traitement, face au patient. L’image se déplace en même temps que le patient durant toute la séance de tomothérapie. A terme, un système d’amplification est prévu pour contrer encore davantage le bruit important généré par l’appareil.

Collaboration avec des ingénieurs

L’équipe se penche maintenant sur la possibilité d’étendre cette utilisation à un maximum de patients, quelle que soit leur pathologie ou la complexité de leur position lors du traitement. En effet, certains patients sont traités en étant couchés sur le ventre ou sur le dos, ou encore en devant maintenir les bras au-dessus de la tête, parfois entourés d’accessoires volumineux. Une collaboration est donc née avec des étudiants en ingénierie de l’ECAM, l’Institut supérieur industriel, voisin sur le campus de l’UCL. L’idée est de créer un support qui permettra de déplacer le projecteur dans différents axes.

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