Le banc solaire, machine à cancer

La Fondation contre le Cancer vient de lancer une campagne d’information visant à sensibiliser aux dangers du banc solaire. C’est que fréquenter les centres de bronzage, même à petite dose, augmente sensiblement le risque de développer un cancer de la peau.

Chaque année, le nombre de cas de cancer de la peau augmente de 13% en Belgique. En 2012, on ne comptait pas moins de 30.000 nouveaux cas, tous types confondus. Parmi eux, 2500 mélanomes malins, la forme la plus agressive du cancer de la peau, pour laquelle les pronostics sont généralement très mauvais. Les causes de cette augmentation sont multiples (expositions intenses mais sporadiques au soleil, non-utilisation de crèmes protectrices), mais l’utilisation du banc solaire est particulièrement pointée du doigt.

C’est que, selon la Fondation contre le Cancer, les Belges sont des  » champions  » en matière de fréquentation des centres de bronzage. Plus d’un millions de personnes âgées de 15 à 65 ans ont en effet utilisé au moins une fois un banc solaire en 2013, dont 72% de femmes. Une pratique pourtant dangereuse : le rayonnement UV émis par ces appareils serait six fois plus fort que celui émis par la lumière du soleil à midi. En d’autres termes, il s’agirait de véritables machines à cancer de la peau.  » L’OMS les classe dans la même catégorie que le tabac ou l’amiante, celle des cancérigènes avérés « .


Le banc solaire, machine à cancer

La Fondation désire donc tordre le cou à certaines idées reçues et parfois véhiculées par les centres de bronzage. Elle rappelle que même un usage modéré du banc solaire est considéré comme nocif, que le spectre UV émis par ces appareils crée des dommages irréparables à l’ADN à chaque exposition, ou encore qu’un  » pré-bronzage  » artificiel avant de partir en vacances et de s’exposer au soleil n’offre qu’une protection minime pour la peau. A terme, la Fondation dit espérer un enregistrement obligatoire de chaque banc solaire avant d’interdire purement et simplement les centres de bronzage, comme c’est le cas en Australie.

La réaction de Jean Goussot, gestionnaire d’un centre de bronzage

 » Je souhaiterais exprimer le point de vue des gestionnaires de centres de bronzage respectant la législation et les normes européennes. En août 2008, la législation belge a recadré de manière drastique les normes de fonctionnement d’un centre de bronzage, en ajoutant à la norme européenne toute une batterie d’amendements. Les points les plus importants étant la norme 0,3w/m2 de rayonnement et l’interdiction au moins de 18 ans. Norme qui a été édictée par des scientifiques de toute l’Europe pour que le consommateur puisse bronzer en cabine en toute sécurité.

Si aujourd’hui certains persistent à fonctionner avec des lampes ne respectant pas cette norme, d’autres ont quant à eux bien compris l’intérêt de se conformer la législation, soutiennent l’idée que ceux qui sont en infraction sur le rayonnement et le non-respect de l’âge minimum légal d’accès à un banc solaire devraient tout simplement être fermés.

Une étude récente menée par des oncologues de renommée mondiale a démontré que la malchance est à l’origine des deux tiers de la plupart des cancers. [...]

En ce qui concerne la fermeture des centres de bronzage en Australie, [...] la probabilité d’un cancer de la peau pour les Australiens est treize fois plus élevée que la moyenne des autres pays, en raison de l’exposition prolongée des habitants au soleil

Le risque est accru par la proximité de l’Australie par rapport à l’Antarctique, où la couche d’ozone, qui filtre les rayons ultraviolets, est trouée. De plus, une majorité d’Australiens ont une peau souvent claire qui les rend plus sensibles aux ultraviolets.

De plus l’on pourrait s’interroger pour quelles raisons la Fondation contre le cancer n’exige pas, comme elle le fait pour les centres de bronzage, l’interdiction pure et simple de la vente d’alcool et de tabac, qui selon leur propres sources tueraient plus de dix millions de personne chaque année dans le monde et qui sont la source du plus grand nombre de cancers !

Alors il y aurait-il donc deux poids, deux mesures à la Fondation ?

Il faut, selon les scientifiques, environ 20 ans pour qu’un mélanome se déclare, ce qui signifie que les résultats statistiques de la fondation tiennent compte d’années où les centres de bronzage fonctionnaient sans cadre légal, sans aucun contrôle et sans consigne de la part des autorités et ne commençaient qu’à se développer. De plus les habitudes des gens ont aussi énormément évolués ces 20 dernières années et le Belge est friand d’aller sous des climats ensoleillés. Faut-il aussi dès lors interdire les « Tours opérators » et agences de voyage parce qu’ils proposent des destinations où le soleil est très puissant et augmentent les risques de cancer de la peau ? Faut-il fermer les plages de la Côte belge aux premiers rayons de soleil ?

Les centres de bronzage sont en train de se structurer pour former une fédération, à l’instar de ce qui se passe en Hollande, pour avoir un dialogue centralisé et collaboratif avec les autorités.

Je conclurais que dans la jouissance de toutes choses il faut être modéré et informé des risques, lorsque ceux-ci existent, que l’on prend.

De là à exiger des fermetures, c’est fouler du pied le droit individuel et la démocratie ! « 


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