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La sécheresse intime, toujours taboue

Si ce problème est extrêmement fréquent, il est rarement évoqué en raison d’un tabou persistant. De nombreuses femmes sont pourtant concernées.

 » Le premier épisode de sécheresse vaginale se produit souvent pendant l’allaitement, explique Lisbeth Jochems, gynécologue. La production de lait fait chuter le taux d’£strogènes. Plus tard, à la ménopause, le phénomène se répète. Il s’agit d’un processus tout à fait naturel causé par la chute du taux d’£strogène, l’hormone féminine. Or cette hormone est précisément responsable de la bonne irrigation des muqueuses vaginales.

Les £strogènes stimulent les nombreuses petites glandes situées sur les parois du vagin, qui assurent la production de mucus. Lorsque le taux d’£strogènes chute, cette activité diminue d’autant, avec toutes sortes de désagréments à la clé. On peut avoir mal au moment de la pénétration et pendant l’acte sexuel. Cette sécheresse peut causer un rétrécissement vaginal, voire de petites lésions. Tout cela pousse certaines femmes à interrompre toute relation sexuelle avec leur conjoint pendant des mois, voire des années. Ce qui n’est pas sans conséquences pour le couple.

Localement, brûlures et démangeaisons peuvent survenir. L’acidité (le pH) du vagin se modifie, ce qui ouvre la porte aux infections fongiques (champignons). Non traitée, la sécheresse fragilise à la longue les tissus. Le relief vaginal naturel disparaît, les tissus affaiblis perdent leur souplesse et le terrain devient vulnérable aux infections, en particulier aux cystites (inflammation de la vessie). Les parois vaginales sont elles-mêmes sujettes aux micro-lésions, par exemple pendant l’acte sexuel.  » La sécheresse vaginale n’est donc pas un symptôme à prendre à la légère mais il y a plusieurs solutions efficaces pour la traiter.

Consulter sans tarder

 » Plus vite on réagit, meilleur sera le résultat, confirme Lisbeth Jochems. Lorsque le problème est encore léger, on peut se contenter d’un traitement local, en général un gel non-hormonal à base d’actifs végétaux. Le gel hydrate les parois et reste actif pendant deux à trois jours. Il n’est donc pas nécessaire de répéter l’application quotidiennement.

Une autre solution consiste à employer un lubrifiant juste avant les relations sexuelles. Mais son action est plus courte.  » Si le problème est plus aigu ou déjà bien installé, il faut passer à la vitesse supérieure.  » Dans les cas d’atrophie vaginale sévère, il peut être nécessaire d’entamer une thérapie aux ovules ou d’appliquer une crème vaginale aux £strogènes. Ici encore, il s’agit d’un traitement local capable de renforcer et d’assouplir de l’intérieur les tissus atrophiés ou fragilisés. Si ce type de traitement ne résout pas le problème, il permet toutefois de réactiver les glandes grâce à l’amélioration du tissu des parois vaginales.

Une thérapie hormonale n’est pas une bonne idée : ce traitement comporte trop de risques pour le bénéfice qu’on peut en attendre. On peut l’envisager si d’autres problèmes surviennent mais ce n’est pas un traitement de première intention pour une simple sécheresse vaginale. Je précise qu’un traitement local avec une crème aux £strogènes est, en revanche, tout à fait sûr et peut être répété autant de fois que nécessaire. « 

Les femmes elles-mêmes peuvent-elles faire quelque chose pour améliorer la situation ?  » Il faut veiller à boire en suffisance d’une manière générale, mais cela aura peu d’incidence sur la sécheresse vaginale. Le bon réflexe consiste à consulter sans tarder et à se dire que ce problème est au fond assez banal et absolument pas honteux. « 

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