La consommation d’alcool est problématique pour un Belge sur dix

Une consommation problématique d’alcool, ce n’est pas uniquement être ivre tous les jours ou avoir les mains tremblantes lorsqu’on ne siffle pas sa petite bière quotidienne. Cet état comporte bien d’autres aspects et il n’est pas rare d’en être affecté sans même s’en rendre compte.

Selon le Centre belge d’expertise des soins de santé (KCE), un Belge sur dix présente un problème avec l’alcool. Ils ne sont, pour la plupart, pas aidés par un professionnel ou attendent de très nombreuses années avant de chercher du soutien.

Problématique vs dépendance

Une enquête menée par l’Institut de Santé publique en 2013 révèle qu’un dixième des Belges de plus de 15 ans présente une consommation problématique d’alcool. Mais à quel moment faut-il considérer cette consommation comment étant problématique ? Selon l’Organisation mondiale de la Santé, l’absorption d’alcool devient excessive au-delà de 14 verres standard par semaine pour une femme et 21 pour un homme. Un verre standard, c’est un verre d’alcool dans le contenant adéquat, par exemple 25 cl de bière, 10 cl de vin, 2,5 cl de whisky, 10 cl de champagne ... Selon cette définition, la consommation est problématique, mais ne prend pas pour autant la forme de la dépendance. Sans y prendre garde, elle peut toutefois y mener ou en tous cas avoir un impact négatif sur la santé (cirrhose, cancers).

La normalité de l’alcool

Parmi ces personnes à la consommation problématique, seule une sur douze cherche ou reçoit de l’aide, souvent après plusieurs années. En effet, elle attend en moyenne 18 ans avant de passer à l’acte. Beaucoup tentent de résoudre le problème seules, en y réussissant parfois. Mais pourquoi une telle attente avant d’entamer des démarches ? La faute au déni, à la honte, à la méconnaissance des prises en charge possibles, à la place de l’alcool dans notre société. « On soulignera à quel point la consommation d’alcool fait partie de notre vie quotidienne. Par conséquent, une consommation problématique n’est souvent reconnue comme telle que très tard, voire pas du tout. En revanche, une fois que le problème devient gênant pour un individu et/ou son entourage, notre tolérance diminue : nous avons alors tendance à penser qu’il est seul responsable et qu’il n’a qu’à s’en sortir tout seul « , observe le KCE.

Plusieurs niveaux d’action

Certaines aides ont pourtant déjà prouvé leur utilité, comme l’entretien motivationnel, l’accompagnement psychologique, les groupes d’entraide, les traitements médicamenteux. Même si le but ultime n’est pas d’aboutir à un arrêt complet de l’alcool, le KCE recommande de mettre en place une stratégie globale pour une aide plus visible, accessible et socialement acceptée. L’alcool dit problématique étant le résultat de plusieurs raisons, ces mesures doivent être mises en place simultanément à différents niveaux. C’est donc la société dans son ensemble qui doit évoluer. Toutes les parties concernées – décideurs politiques, organisations et prestataires de soins, associations de patients – doivent élaborer ensemble un  » Plan alcool « . Celui-ci devrait notamment comporter des campagnes d’information ainsi qu’une réglementation plus stricte de la publicité et de la vente d’alcool. L’objectif est de mener l’opinion publique vers moins de stigmatisation et davantage de connaissances. Au niveau des prestataires de soins, il faut proposer des formations adéquates, notamment sur les compétences communicationnelles. Nombreux sont les médecins qui ont du mal à reconnaître ce problème et à l’aborder. Ils doivent pouvoir adopter une attitude empathique et sans jugement et être en mesure de diriger le patient vers l’aide la plus adéquate.

La famille et l’entourage jouent également un rôle majeur dans cette prise en charge. Mais ils doivent être soutenus en bénéficiant notamment d’une information correcte et précise au sujet des thérapies familiales et de leur implication possible.

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