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Infarctus : les premières 10 minutes cruciales

Lorsqu’une personne est victime d’un infarctus, 7 minutes sont en moyenne nécessaires pour que les secours arrivent sur place et 3 pour qu’ils commencent les soins. Durant ce laps de temps, le pire est de ne rien faire. Or, une réanimation, c’est simple... comme un coup de fil !

La  » crise cardiaque  » ou infarctus du myocarde survient lorsque le muscle cardiaque (le myocarde) ne reçoit brutalement plus assez de sang. Et ce, suite à l’obstruction des artères coronaires (celles qui nourrissent le coeur) par un caillot. Par conséquent, il ne bénéficie plus d’un apport suffisant en oxygène, ce qui provoque une destruction des tissus. Outre l’âge, le sexe ou l’hérédité, il existe de nombreux facteurs de risques cardiovasculaires aisés à modifier car dépendant de nos comportements : tabagisme, hypertension artérielle, cholestérol, diabète, excès de poids, sédentarité...

Reconnaître les symptômes

Les premiers signes d’infarctus sont des douleurs oppressantes dans la poitrine irradiant vers les épaules, le bras gauche, la mâchoire, les dents, le cou, etc. Ces douleurs se manifestent pendant plus de 20 minutes et/ou surgissent au moins deux fois en une heure, malgré la prise éventuelle de médicaments spécifiques.

Elles sont définies comme  » oppressantes  » parce qu’elles donnent l’impression d’écraser le coeur dans un étau ou d’entraîner une sensation de brûlure. Mais d’autres signaux doivent aussi être repérés pour un diagnostic rapide: la crise d’angoisse, l’essoufflement, la transpiration abondante, les vertiges, etc.

L’infarctus ne démarre pas toujours par des symptômes cardiaques. Ce sont parfois des troubles gastriques (nausées, douleurs à l’estomac, vomissements...). Chez les femmes, les indices sont aussi peu spécifiques : des manifestations grippales, une fatigue chronique, des angoisses, des sueurs froides... Enfin, la sensation est telle qu’elle provoque un affolement, ce qui oriente parfois le diagnostic vers un état de panique.

L’avis de l’expert :  » La majorité de la population sait qu’une douleur qui serre dans la poitrine et une douleur dans le bras gauche sont des signaux d’alarme de l’infarctus, analyse le Dr Freddy Van de Casseye, directeur général de la Ligue cardiologique belge. Mais les autres manifestations ne sont pas du tout connues alors qu’il est tout aussi essentiel de les repérer. C’est ce qui permet de mettre en route le processus de prise en charge médicale. Plus rapidement le patient arrive à l’hôpital, plus ses chances de survie seront élevées. Trop souvent, on ne pense pas à un infarctus et on croit qu’un peu de repos éliminera ce malaise. Pendant ce temps, de précieuses minutes s’écoulent. « 

Si vous avez le moindre doute et dès l’apparition d’un ou plusieurs symptômes, téléphonez au 112. Il s’agit du numéro d’appel d’urgence européen, valable dans tous les pays de l’Union européenne, même si le 100 reste, bien sûr, valable en Belgique.

Réagir correctement

Une fois les secours prévenus, laissez la victime se reposer et empêchez-la de faire des efforts. Installez-la, confortablement (assise, par exemple). Pour vérifier qu’elle ne perde pas connaissance, demandez-lui régulièrement comment elle se sent. Si elle sombre dans l’inconscience, couchez-la sur le côté.

En cas d’arrêt cardiaque, entamez une réanimation. Procédez à un massage cardiaque et/ou utilisez, si vous êtes dans un lieu public et en avez un à disposition, un défibrillateur externe automatique. Sans paniquer et en vous faisant accompagner : les répondants des centrales de secours sont désormais formés pour aider l’appelant à identifier le malaise et commencer éventuellement un massage cardiaque. Ces spécialistes vous fournissent des instructions de réanimation claires et précises jusqu’à l’arrivée du Smur. Si vous êtes dans un lieu disposant d’un défibrillateur automatique, maniez-le sans crainte : son utilisation est simplissime, dictée par la machine elle-même et les décharges électriques ne sont dispensées que si elles sont nécessaires.

L’avis d’expert :  » En réanimant un patient dans les toutes premières minutes qui suivent un arrêt cardiaque, les chances de survie sont élevées, mais diminuent ensuite rapidement, constate le Dr. Ivan Blankoff, cardiologue au C.H.U. de Charleroi. On estime en effet que chaque minute qui passe après un arrêt cardiaque fait perdre environ 10 % de chance de survie.

Après 5 minutes sans man£uvres de réanimation, les chances de survie ne sont ainsi plus que de l’ordre de 50 %; après 10 minutes, soit la moyenne du temps nécessaire à la plupart des services d’urgence professionnels pour débuter la réanimation du patient, elles ne sont plus que de 15 %. Et 90 % des  » morts subites  » (mort naturelle qui suit rapidement – 1 heure – l’apparition des premiers symptômes) sont d’origine cardiaque. « 

Place aux médecins !

L’objectif du cardiologue est d’éviter au maximum la nécrose du muscle cardiaque et de prévenir les complications. Lorsque la victime est amenée à l’hôpital et en fonction des résultats de l’ECG, le praticien a le choix entre une thrombolyse ou une angioplastie.

La thrombolyse consiste en l’injection d’un médicament qui va tenter de dissoudre le caillot de sang obstruant l’artère.

L’angioplastie vise la libération mécanique de l’artère via l’introduction d’un cathéter de l’aine (ou du bras) jusqu’à la zone atteinte de la coronaire. Une fois en place, le cathéter gonfle un petit ballon qui agrandit le diamètre de l’artère rétrécie par les dépôts graisseux. Puis, le ballonnet est retiré précautionneusement.

Cet acte se réalise, parfois en plusieurs étapes, sous anesthésie locale et en salle de cathétérisation (également appelé cath-lab). Il donne de bons résultats lorsqu’il est pratiqué rapidement, moins de 120 minutes après la prise en charge. Néanmoins, tous les hôpitaux ne disposent pas d’un cath-lab : parfois, un transfert d’un établissement de soin vers une structure plus équipée est donc nécessaire.

Si ce transfert ne peut être organisé moins de 120 minutes après la prise en charge, une thrombolyse sera d’abord effectuée avant l’éventuelle angioplastie. En Belgique, un quart des infarctus sont traités ainsi.

Si la thérapie médicamenteuse ne permet pas l’amélioration de l’affection, le médecin peut également introduire des stents par le cathéter cardiaque. Les stents sont des mini- ressorts qui maintiennent l’artère ouverte et restent en place.

Autre possibilité thérapeutique : le pontage. Soit la réalisation d’un  » pont  » entre deux artères pour court-circuiter la zone rétrécie. Ce pont est souvent constitué d’une veine prélevée sur une jambe ou au niveau du thorax.

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