Fruits exotiques: du soleil pour les fêtes !

A l’approche des fêtes de fin d’année, les rayons frais des supermarchés s’emplissent de fruits exotiques. Sur le plan diététique, que peut-on retirer de cette explosion de couleurs et de saveurs ?

Pour les gourmands curieux, se promener dans les rayons d’un supermarché au mois de décembre équivaut parfois à se retrouver, enfant, dans un magasin de jouets peu avant la Saint-Nicolas. Les distributeurs élargissent considérablement leur assortiment habituel en prévision des agapes de fin d’année. Au rayon frais, les étals se couvrent de fruits aux noms et aux formes qui fleurent bon les contrées lointaines : certains, comme les mangoustans ou les caramboles, ne restent disponibles que quelques semaines, tandis que d’autres sont mis à l’honneur pour plusieurs mois. C’est qu’en hiver, les fruits saisonniers ne se limitent pas aux pommes, poires et clémentines : il ne faudrait pas oublier que dans les tropiques et l’hémisphère sud, la belle saison bat son plein !

Reste que si de nombreux fruits exotiques nous sont désormais communs (qui s’étonne encore de manger une banane ou un kiwi ?), d’autres gardent leur part de mystère. Sont-ils diététiquement intéressants ? Y a-t-il des précautions à prendre avant de les manger ? Et comment les manger, d’ailleurs ? Nous avons passé en revue les papayes, litchis et autres fruits exotiques en compagnie de Serge Pieters, cuisinier diététicien et professeur de diététique à l’Institut Paul Lambin.

Origine : Principalement Amérique centrale et du Sud

Aspect nutritionnel : Le fruit étant assez anecdotique sur les tables occidentales, on ne connaît pas encore bien ses potentiels bienfaits. On épinglera la présence de vitamines C, B1 et B3, et de béta-carotène (d’où sa couleur). Pour le reste, certaines études sur les animaux laissent supposer des propriétés anti-inflammatoires et antimicrobiennes.

Utilisation : Il est possible de poêler rapidement les cerises, mais avouez qu’il serait dommage de ne pas les laisser en l’état, avec leur calice végétal : rarement, on aura fait fruit plus décoratif... et romantique.  » L’un de ses petits noms est d’ailleurs  » amour en cage « ;  » Joli, non ?

Bon à savoir : Une fois achetés et maintenus au sec, les physalis se conservent plusieurs mois dans leur calice.

Origine : Amérique du Sud

Aspect nutritionnel :  » C’est un fruit très joli, mais il faut bien reconnaître qu’il n’y a pas beaucoup à manger dedans... De plus, on pourrait croire que son acidité en fait un aliment très riche en vitamine C, ce n’est pas vraiment le cas !  » Moyennant ces réserves, soulignons tout de même que les graines présentes dans le fruit contiennent des fibres insolubles qui aident à l’absorption du cholestérol et des mauvaises graisses. Elles facilitent également le transit en gonflant la taille des selles. La chair contient pour sa part des anthocyanines aux propriétés antioxydantes, qui pourraient avoir un effet préventif sur les cancers.

Utilisation : Jus, sauces, sorbets... Les recettes mettant en scène les fruits de la passion sont légion.  » A titre personnel, j’aime assez en faire de la glace, dont je remplis les deux coques passées au congélateur. Si vous utilisez le jus pour une sauce, veillez à ne pas trop le faire cuire, car il est très sensible ! « 

Précautions d’utilisation : Attention en cas d’allergie au latex !

Origine : Chine (désormais aussi très cultivé dans l’Océan indien)

Aspect nutritionnel : » La consommation d’une portion de litchis, soit 100g, couvre pratiquement les apports journaliers recommandés en vitamine C. Fort sucré, c’est également une bonne source de potassium et de fibres. « 

Utilisation :  » Le litchi étant un fruit très parfumé, il est généralement épluché et consommé tel quel. » Même s’il est présent dans de nombreuses recettes, il n’est presque jamais cuit, ce qui détruirait la vitamine C !

Précautions d’utilisation : Les personnes souffrant d’insuffisance rénale doivent en limiter la consommation, en raison de sa richesse en potassium. Par ailleurs, toujours consommer les litchis frais, au minimum les conserver au frigo : à l’air ambiant, ils fermentent rapidement et, en boîte, baignent dans un jus beaucoup trop sucré.

Origine : Asie du sud-est

Aspect nutritionnel :  » La carambole contient un taux intéressant de vitamine C, mais c’est à peu près tout. Elle n’a pas grand intérêt, ni beaucoup de goût : tout au plus est-elle très jolie coupée en tranches, avec sa forme d’étoile ! « 

Utilisation : Crue, principalement en tant que décoration.

Précautions d’utilisation :  » Comme avec beaucoup d’autres fruits exotiques, on remarque des cas d’allergie croisée avec le latex. Les insuffisants rénaux doivent par ailleurs absolument éviter de consommer des caramboles : celles-ci contiennent des neurotoxines normalement éliminées par les reins. En consommer lorsque les reins fonctionnent mal est potentiellement mortel !  » Chez les personnes en bonne santé, une consommation excessive peut provoquer des problèmes rénaux mais, qu’on se rassure, on ne risque rien en consommant la petite tranche décorative posée sur l’assiette !

Origine : Asie tropicale (Malaisie, Inde, Sri Lanka...)

Aspect nutritionnel : Le mangoustanier, arbre dans lequel poussent les mangoustans, est très présent dans de nombreuses pharmacopées traditionnelles asiatiques. Dès lors, sans surprise,  » on a aussi attribué de très nombreuses propriétés presque magiques au mangoustan, qu’on n’hésite pas à qualifier de superaliment. Mais attention : absolument rien n’a été prouvé à ce sujet !  » Même si la présence d’antioxydants a été démontrée, prudence, donc, avec les allégations élogieuses. En l’absence de recherches fiables, mieux vaut considérer le mangoustan comme un aliment plaisir plutôt que comme une bombe à nutriments.

Utilisation : Son goût fin, à la fois acide et agréablement sucré, résiste mal à la cuisson. On le consomme donc le plus souvent cru... et pourquoi pas dans une salade de fruits exotiques ?

Origine : Amérique centrale

Aspect nutritionnel : » Il y a beaucoup de choses à dire ici, car c’est un fruit très intéressant pour ses antioxydants. On y retrouve notamment des catéchines, qui permettent de limiter les risques cardiovasculaires et qui jouent un rôle dans la prévention du déclin cognitif, mais aussi des caroténoïdes, précurseurs de la vitamine A. Ceux-ci sont notamment bons pour la vue. A cela, il faut ajouter la présence de lycopène – en plus grande quantité dans les fruits biens mûrs ou cuits – qui diminue les risques de cancer de la prostate... «  Pour couronner le tout, la papaye est très riche en vitamine C et constitue une bonne source de fibres. Bref, voici un aliment qui mériterait de se retrouver davantage sur nos tables !

Utilisation :  » La papaye est excellente dans une salade de fruits et le jus de papaye se marie très bien avec les viandes blanches, qu’il a tendance à attendrir.  » Dans ce cadre, attention à ne pas trop chauffer le jus de la papaye : la vitamine C ne résiste pas à la chaleur...

Précautions d’utilisation : La papaye pousse sur un arbre dont la sève produit du latex, il y a donc là aussi un risque d’allergie si vous réagissez à cette dernière substance. Par ailleurs, mieux vaut ne pas consommer trop de papaye en cas de traitement anticoagulant.

Origine : Sous-continent indien

Aspect nutritionnel :  » Plus une mangue est exposée au soleil, plus elle développe de protections face à celui-ci. Or, ces protections ne sont rien d’autre que des polyphénols, qu’on peut retrouver en quantités élevées dans le fruit : ce n’est pas très durable, mais sur le plan nutritionnel, mieux vaut donc opter pour des mangues importées par avion, cueillies bien plus à maturité que celles qui nous arrivent par bateau.  » La belle couleur de la mangue est due à la présence de caroténoïdes et le fruit est considéré comme une bonne source de vitamine C. Il contient par ailleurs des fibres solubles (pectine) dont la capacité à réduire le cholestérol sanguin a été démontrée.

Utilisation : La mangue est très employée dans les recettes indiennes et créoles, mais elle se marie aussi parfaitement avec les desserts au chocolat.  » On peut par exemple simplement entourer une part de gâteau au chocolat d’un peu de jus de mangue, je trouve l’association très intéressante ! « 

Précautions d’utilisation : La mangue est un fruit assez allergisant : outre une possible allergie croisée avec le latex (eh oui...), les personnes allergiques au trio céleri/bouleau/armoise doivent prendre un minimum de précautions. La peau et la chair de surface peuvent pour leur part entraîner des réactions allergiques cutanées.