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Êtes-vous accro à la caféine?

Pour certains, le café ou le thé, c’est sacré. Au point de ne plus pouvoir s’en passer?

C’est un rituel immuable pour beaucoup: à la table du petit-déjeuner, la journée débute systématiquement par une gorgée de café noir et brûlant. Chez la plupart des consommateurs quotidiens de café, la ou les premières tasses marquent le vrai réveil et dissipent les dernières brumes du sommeil. En cause? La présence dans la boisson de caféine, le psychostimulant le plus consommé au monde (voir encadré).

« La caféine éveille l’intellect, réveille, augmente la concentration, la vigilance et la rapidité d’esprit, énumère le Dr Catherine Hanak, addictologue et cheffe de clinique au CHU Brugmann. Ou, tout du moins, la sensation de rapidité d’esprit. Elle augmente aussi les performances physiques. C’est quelque part une drogue, mais une drogue sans réels effets négatifs. »

Des symptômes de manque

Un avis à contre-courant du ressenti de certains consommateurs réguliers, pour qui la consommation de thé ou de café est considérée comme une réelle addiction. « Je suis personnellement accro à la caféine, estime Michel, qui consomme quatre à six tasses par jour. J’en ai vraiment besoin. Sans mon petit kawa, j’ai d’impression d’avoir la tête qui garde la trace des plis de l’oreiller toute la journée. Pire: il m’est arrivé de devoir m’en passer en vacances. J’ai souffert de migraine et mes compagnons ont « bénéficié » de ma mauvaise humeur persistante. »

Serait-il possible que certains organismes soient tout de même dépendants à la caféine? « À proprement parler, on ne peut pas parler de dépendance, répond d’emblée le Dr Catherine Hanak. Contrairement à l’alcool, aux cigarettes ou à d’autres produits addictifs, vous ne verrez jamais quelqu’un errer dehors à 3 heures du matin parce qu’il a impérativement besoin de café. Mais il est vrai qu’il peut y avoir des symptômes un peu désagréables en cas d’arrêt de la consommation. »

Ces symptômes peuvent se manifester 12 à 24 heures après la dernière prise de caféine et peuvent persister jusqu’à une semaine. Ils se caractérisent physiquement par des migraines et une sensation d’irritabilité ou de fatigue... et, psychologiquement, par le sentiment d’avoir besoin de café pour se sentir bien. « La présence et la durée du sevrage varient d’un individu à l’autre. Mais là encore, contrairement à d’autres produits addictifs, il est assez facile d’arrêter de consommer de la caféine. C’est effectivement un peu désagréable sur le moment, mais ça passe et, par la suite, les gens ne gardent pas une envie obsédante pour le produit. »

Bienfaits et contre-indications

La caféine a parfois été qualifiée de mauvaise sur le plan cardiaque. « En réalité, la consommation n’est déconseillée que chez les personnes ayant de graves pathologies cardiaques, chez qui la caféine peut faire monter la tension ou accentuer une arythmie. » De par sa nature excitante, elle est bien évidemment déconseillée l’après-midi et le soir chez les personnes présentant des troubles du sommeil.

A contrario, la caféine aurait des effets protecteurs contre les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, peut être utilisée contre les maux de têtes et pourrait avoir des effets anti-cancer, qui restent à confirmer.

Auto-régulation

Une consommation régulière de caféine peut également s’accompagner d’une légère accoutumance, mais cela reste assez rare.

Pour retrouver le même niveau d’éveil, les consommateurs concernés pourraient être tentés d’augmenter le nombre de tasses bues... Pas de quoi risquer l’overdose, cependant! « La caféine a un effet auto-limitant, détaille l’addictologue. Passé une certaine quantité, elle peut provoquer un sentiment d’angoisse, de panique, des palpitations, qui vont inciter le consommateur à limiter sa consommation. La plupart des gens se limitent d’ailleurs à quelques tasses.  »

Si la littérature scientifique mentionne bien quelques rares cas d’intoxication mortelle à la caféine, il s’agit de suicides ou de surdosages accidentels chez des enfants ayant consommé de la caféine en tablette. Concrètement, chez une personne en bonne santé, la dose létale équivaudrait à une centaine de tasses de café. Autant dire que, même si vous êtes grand consommateur vous avez de la marge!

Caféine, où es-tu?

La caféine se retrouve dans le café, bien évidemment, mais aussi dans le cacao, le chocolat, les sodas au cola, les boissons et les comprimés énergisants... ainsi que dans le thé. C’est que « théine » et « caféine » sont en réalité une seule et même molécule, aux propriétés identiques. Comment expliquer que certains supportent l’effet excitant du thé mais pas celui du café? Avant tout chose parce que la quantité de caféine est moindre dans une tasse de thé (35mg pour du thé vert, 70 pour du thé standard) que dans une tasse de café (environ 100mg). Par ailleurs, le thé est également riche en tanins, qui étalent l’absorption de la caféine dans le temps.

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