Découverte d’un nouvel antibiotique multirésistant

Des chercheurs américains ont identifié un nouvel antibiotique puissant, efficace pour traiter certaines souches bactériennes résistantes, comme le staphylocoque doré résistant à la méticilline (MRSA) ou encore celle responsable de la tuberculose. Lors de sa phase test, aucune bactérie n’y a résisté.

L’équipe de scientifiques de l’Université de Boston a découvert le teixobactin,une molécule naturelle, en mettant au point une nouvelle méthode de culture, baptisée iChips, pour passer en revue quelque 10.000 composés extraits de bactéries provenant du sol, jusque-là incultivables. Ces bactéries ont été cultivées sur desmicro-organismes en utilisant une « chambre de diffusion«  introduite dans le sol pendant une à deux semaines. Ce procédé novateur a été brevetépar la société pharmaceutique américaine NovoBiotic. « Les composés ainsi produits ont ensuite été testés un à un, ce qui a permis de découvrir 25 antibiotiques, dont le plus prometteur s’est avéré être le teixobactin », explique le Dr Kim Lewis, chercheur de l’Université Northeastern à Boston.

Premier d’une nouvelle classe d’antibiotiques

Le nouvel antibiotique a été testé sur des souris et s’est avéré efficace sur certaines souches bactériennes résistantes telles que le Clostridium difficile, responsable de diarrhées, le staphylocoque doré, à l’origine d’intoxications alimentaires et de certaines septicémies, ou encore la Mycobacterium tuberculosis, responsable de la tuberculose. Ces trois bactéries ont développé des résistances face aux antibiotiques classiques. « D’ici cinq à six ans, si tout va bien, le teixobactin pourrait devenir le premier membre d’une nouvelle classe d’antibiotiques », a estimé le Dr Lewis, principal auteur de l’étude publiée dans la revue Nature. Le nouvel antibiotique tue la bactérie en provoquant la rupture de la paroi cellulaire, un mode d’action similaire à celui d’un autre antibiotique, la vancomycine, utilisée depuis les années 50, souvent comme un traitement de dernier recours.

La résistance aux antibiotiques: une menace réelle

Depuis quelques dizaines d’année, très peu de nouveaux antibiotiques ont été découverts, alors même que les phénomènes de résistance ne cessent d’augmenter, au point de devenir une menace à l’échelle de la planète, estimait récemment l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans un rapport. Elle indiquait alors que, sans progrès, le XXIème siècle pourrait connaître une « ère post-antibiotique où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer ». Selon une commission d’experts réunie par le gouvernement britannique, la résistance des microbes aux antibiotiques pourrait causer « 10 millions de morts par an » dans le monde en 2050.

Etudes supplémentaires

La mise sur le marché de nouveaux antibiotiques a été importante dans les années 50 et 60. En revanche, plus aucun antibiotique n’a été commercialisé au cours des dernières années. La découverte du teixobactin constitue une avancée majeure, mais des études cliniques supplémentaires, longues et coûteuses, devront encore être menées pour démontrer l’efficacité et l’innocuité de cette molécule en clinique humaine.

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