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Comment soigner un hallux valgus

On estime qu’un adulte sur trois, et la plupart du temps les femmes, souffre d’hallux valgus, plus communément appelé oignon. Traitements et solutions.

« Dans plus de 80% des cas, l’hallux valgus et les orteils en marteau sont la conséquence du port de chaussures non adaptées de manière inhabituelle mais des années durant, analyse Paul Borgions, podologue. Les modèles offrant trop de peu de maintien au niveau des talons, comme les mules, les espadrilles ou les sandales, peuvent donner naissance à des orteils en marteau. A chaque pas, les orteils doivent en effet fournir un effort pour éviter que la chaussure ne glisse du pied. Si vous portez ce type de souliers à longueur de journée, vous obligez vos orteils à s’agripper environ 8.000fois, ce qui, à terme, raccourcit les muscles concernés et déforme les orteils.

Le port de souliers étroits, trop pointus ou trop serrés, qu’ils soient à hauts talons ou pas, augmente le risque d’hallux valgus. Ils provoquent un frottement et l’os à la base externe du gros orteil finit par saillir. Le pouce dévie vers l’orteil suivant, quand il ne passe pas carrément en dessous ou au-dessus. »

Pourquoi les femmes sont-elles plus sensibles ?

« Les femmes souffrent nettement plus d’hallux valgus en raison de l’anatomie de leur pied, qui diffère du pied masculin, précise Paul Borgions. On constate plus souvent chez elles un écart entre le premier et le deuxième métatarsien, ce qui les prédispose à une déformation du gros orteil. A cela s’ajoute que les femmes portent des chaussures étroites plus souvent que les hommes, notamment parcer qu’elles s’imaginent que porter des modèles plus larges ait pour effet d’élargir leurs pieds. Or, au contraire, il n’en est rien : ce sont les modèles trop étroits ou pointus qui élargissent le pied. Pourquoi ? Parce qu’ils compriment les orteils, augmentant ainsi la pression sur le côté de l’orteil qui finit par former un oignon. »

Trouver les bonnes chaussures

Si vous souffrez d’oignons, de douleurs dans l’avant-pied ou d’orteils en marteau, respectez la forme et la taille de vos pieds au moment de choisir des chaussures. Le traitement, quel qu’il soit commence par là. « Si votre pied fait 11 cm de largeur ou que vos orteils saillent sur 2cm, choisissez un modèle qui permet aux orteils de bouger, conseille Paul Borgions. Les mules peuvent sembler confortables mais elles augmentent le risque d’orteils en marteau. Ne les portez jamais trop longtemps d’affilée -uniquement à la salle de bain, par exemple. Le reste du temps, chez vous, portez des chaussures normales ou marchez pieds nus. »

Pas facile de se résoudre à acheter des chaussures confortables, car nous avons tous envie de porter des modèles tendance. « Ce n’est pas évident, mais il est tout à fait possible de combiner mode et confort, insiste Paul Borgions. La tendance actuelle qui privilégie les baskets en cuir, par exemple, offre un large choix de chaussures esthétiques et ergonomiques. Les fabricants sont aussi plus nombreux à suivre nos conseils. »

Soulager avec des orthèses plantaires

Si de bonnes chaussures ne suffisent pas, vous pouvez commander des orthèses en silicone sur mesure. Qu’on souffre d’hallux valgus ou d’orteils en marteau, elles réduisent la pression, limitent les inflammations et préviennent les blessures.  » Une orthèse ne corrige pas un hallux valgus installé, remarque Paul Borgions. Certaines se placent sur l’orteil et sur l’hallux valgus. Mais, dans tous les cas, il faut consulter un podologue, car une orthèse inadaptée peut faire plus de mal que de bien. Porter une orthèse avec des hauts talons ou dans des chaussures non adaptées n’a pas de sens. Il existe aussi des coussinets destinés aux escarpins pour mieux supporter des talons hauts. Ils procurent un soulagement momentané mais n’empêchent pas la déformation du pied. »

En cas de surpoids, il peut être utile de perdre quelques kilos. La pression exercée sur les pieds à chaque pas se calcule comme suit : poids corporel x facteur 1,3 (x 3 si on fait du jogging).

Autre solution, les semelles spéciales fabriquées selon les mesures biomécaniques du pied, l’analyse de la démarche et un scanner 3D de la voûte plantaire. Ces semelles permettent de mieux répartir la pression et d’offrir au pied une meilleure stabilité. Il faut évidemment les porter dans des chaussures adaptées.

Opération = revalidation

Pour certains, l’opération est le dernier recours alors que d’autres l’envisagent d’emblée.

« Les problèmes de pied peuvent gravement impacter la qualité de vie, constate Paul Borgions. Un même hallux valgus sera très handicapant pour une personne et nettement moins pour une autre. » Plusieurs types d’interventions sont envisageables, toutes efficaces, avec un taux de rechute de l’ordre de 5% au bout de cinq à dix ans.

La chirurgie du pied a beaucoup évolué ces dernières années. On réalise une radio du pied du patient pendant qu’il se tient debout. On choisit ensuite la technique opératoire en fonction de ces données. C’est du sur-mesure. Parfois, il suffit d’une intervention limitée à l’articulation de l’orteil, parfois il faut redresser le métatarsien. La procédure consiste à casser – de manière contrôlée, bien sûr- et à déplacer l’os en deux ou trois endroits, afin de redresser le gros orteil. On en profite pour retirer en partie l’exostose (oignon ou excroissance osseuse sur le côté du pied). Le pied en ressort souvent affiné, ce qui présente un avantage non négligeable pour se chausser.

Si vous envisagez ce type d’opération, sachez qu’il vous faudra suivre une assez longue revalidation. Sa durée varie d’un personne à l’autre, mais comptez en moyenne quatre à cinq mois pour de ne plus avoir mal et remarcher normalement. Le pied peut présenter un gonflement pendant quatre mois, ce qui oblige à porter des baskets ou des sandales. Pas toujours évident pour celles et ceux qui aiment les souliers fins et élégants.

Il n’est pas question de rester immobile pendant la revalidation. On peut refaire de la marche et du vélo au bout de quelques semaines. Mais pour conduire, il faut attendre six à huit semaines, le temps que le pied retrouve sa mobilité et ses réflexes.

L’opération n’est pas recommandée aux personnes qui présentent des lésions cutanées ou ont des problèmes circulatoires. L’arthrite rhumatoïde et le diabète peuvent également être des contre-indications. Si l’opération chirurgicale n’est pas possible, il reste la solution des chaussures orthopédiques, quasi la seule alternative valable. Cela dit, pas besoin de souffrir d’arthrite ou de diabète pour les adopter : l’idée n’est surtout pas de reprendre de mauvaises habitudes après l’opération.

Les genoux, les hanches et le dos également concernés

Les problèmes de pieds non corrigés peuvent avoir des répercussions ailleurs dans le corps, en particulier à hauteur des genoux, des hanches et du dos. « Porter trop souvent des (très) hauts talons et des chaussures pointues amène à modifier la posture, explique Paul Borgions. Le bassin bascule vers l’avant, le dos se creuse et les genoux ne sont plus tendus. En fait, c’est un peu comme si on était courbé en permanence. A la longue, cette mauvaise posture provoque toutes sortes de douleurs chroniques. « 

Pour plus d’informations, surfez sur le site de l’Association belge des podologues, www.bvp-abp.be

Les caractéristiques d’une bonne chaussure

1. Veillez à ce qu’elle ait une forme adaptée à votre morphologie : aussi large que le pied avec 1 cm d’espace libre devant les orteils.

2. Les talons ne doivent pas dépasser 2,5 cm.

3. Préférez les talons épais et stables.

4. Une bonne paire de chaussures doit plier à hauteur des orteils et non en son centre, ceci pour permettre un bon déroulé du pied.

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