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Cancer de la prostate : traitements sur mesure

Depuis quelques années, le dépistage, le diagnostic et les traitements du cancer de la prostate ont énormément évolué. Les conséquences physiques et psychologiques de la maladie, telles que troubles de l’érection ou chute de la libido, bref tout ce qui touche à la qualité de vie, tout cela est désormais mieux pris en compte.

« Le type de thérapie proposée varie d’un cas à l’autre cas et est adapté à chaque situation spécifique. En 2014, on en est presque à du sur mesure. Il faut savoir qu’un traitement n’est pas systématiquement nécessaire. Parvenus à un grand âge, tous les hommes ont une tumeur de la prostate », explique le Dr Tibaut Debacker, urologue (ZNA Middelheim).

« Les tumeurs évoluent en général très lentement. On aurait donc tort de se décider dans la précipitation. Les patients doivent prendre le temps de s’informer et de peser le pour et le contre des solutions qui s’offrent à eux. Voilà le message le plus important à faire passer, alors que le mot cancer fait spontanément paniquer. Mais les tumeurs de la prostate dépistées à temps débouchent sur des pronostics très rassurants. »

Quel dépistage ?

Récemment encore, on avait tendance à faire du dépistage trop massif et à traiter inutilement les patients. Aujourd’hui, on risque de tomber dans le travers inverse. Depuis l’année passée, le test PSA (qui détecte un antigène spécifique) n’est plus remboursé, ce qui incite de moins en moins de généralistes à le proposer. « Le test consiste à contrôler la présence dans le sang d’une protéine qui n’est fabriquée que par la prostate, mais il n’est pas fiable à 100 %. Un toucher rectal, une inflammation de la prostate ou une prostate volumineuse peuvent causer une augmentation de l’antigène PSA, sans qu’il y ait de souci. A l’inverse, un test négatif ne permet pas d’exclure absolument un cancer de la prostate, qui a pu modifier le tissu originel de l’organe et se révéler plus agressif. Le résultat est donc sujet à interprétation. Le test peut aussi détecter une tumeur dormante, qui ne nécessite pas de traitement, alors que la valeur PSA a un peu grimpé pour l’une ou l’autre raison (inoffensive). Lors d’un examen clinique normal, si le patient révèle une légère augmentation de la valeur PSA, on se contentera de surveiller de près son évolution, afin de s’assurer que cette hausse n’est que temporaire », précise le Dr Debacker.

Un dépistage efficace doit également comprendre un toucher rectal: l’urologue introduit un doigt dans l’anus et le rectum afin de sentir la présence éventuelle de tumeurs. « Ce n’est pas très agréable, mais c’est indolore. On peut ainsi détecter des nodules échappant au test PSA. Si l’on soupçonne la présence de nodules, si la valeur PSA a notablement augmenté ou si une légère augmentation persiste, on procède à une biopsie. Sous contrôle échographique et via l’anus, on prélève une dizaine d’échantillons de tissu sur toute la capsule. Le spécialiste se charge ensuite de les analyser. »

Possibilités de traitement

En dépit des avancées récentes, l’approche de la maladie reste complexe. D’ailleurs les avis divergent au sein du monde médical. Si vous consultez un autre médecin pour avoir un second avis, vous entendrez souvent un son de cloche différent. Dr Debacker : « La règle consiste à dire que plus le patient est jeune, plus la thérapie doit être agressive. Avant 65 ans, on opte le plus souvent pour une ablation radicale de la prostate (prostatectomie). Chez un homme de 75 ans ou plus souffrant d’une forme agressive et localisée de cancer de la prostate, on proposera des rayons. Entre les deux, le traitement dépendra de l’état de santé général. D’autres traitements peuvent s’y ajouter, comme la brachythérapie (radiothérapie interne). »

Outre l’âge et l’état de santé global, on prend aussi en compte l’agressivité et la taille des tumeurs, ainsi que le risque d’effets secondaires. « Autant de facteurs qui méritent réflexion. Il est également primoridal que le patient et son conjoint acceptent pleinement le traitement et ses possibles effets secondaires. Ils sont impliqués activement dans le choix à faire. »

Attente vigilante...

« Aux hommes de plus de 75 ans, présentant un faible risque, nous conseillons de ne pas agir, mais de se contenter d’une attente vigilante », poursuit le Dr Debacker. « A cet âge-là, les tumeurs évoluent en général très lentement. Si le patient en est capable psychologiquement, on lui propose un monitoring régulier. Dès que les tumeurs se mettent en action, il est alors temps d’agir. Cela permet d’éviter les interventions lourdes et de préserver la qualité de vie. »

Opération, rayons, hormonothérapie

« Chez les hommes de moins de 65 ans, on envisage en premier lieu l’ablation totale de la prostate. Si la tumeur est à haut risque, l’opération chirurgicale sera complétée par des rayons et une hormonothérapie. Les hormones assoupissent temporairement le cancer en bloquant la production de testostérone. L’effet est comparable à celui des antibiotiques sur les bactéries. L’hormonothérapie peut à la longue causer une accoutumance et rendre les tumeurs résistantes au traitement. On passe alors à d’autres traitements hormonaux récents et, en dernier recours, à la chimiothérapie. »

Pour en savoir plus, lisez ce mois-ci dans les pages de Plus magazine un dossier très complet sur la vie après le traitement d’un cancer de la prostate. Comment retrouver une vie intime, avec des témoignages d’hommes et de leur conjoint. « En parler, c’est déjà le début de la victoire »

La Fondation contre le Cancer organise ce samedi 24 mai une matinée d’information sur les cancers de la prostate. La matinée a lieu de 08:30 à 12:45 au Diamant center, Boulevard Auguste Reyers 80, 1030 Bruxelles.

Informations et inscriptions: tél. : 02 743 37 36, secretariat@fondationcontrelecancer.be, www.cancer.be/matinee-information


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