© ELLEN VAN DEN BOUWHUYSEN

Ça y est, je porte un appareil auditif !

Un jour, notre journaliste, Katrien Vervaele, a dû se rendre à l’évidence. Entendant de plus en plus mal, elle s’est équipée d’un appareil auditif. Elle a tenu son journal pour nous...

Je fais semblant de comprendre ce qu’on me dit

Ça fait un petit temps que j’entends de moins en moins bien. J’augmente le volume de la radio et de la télévision. Il m’arrive de ne pas entendre la sonnette de la porte d’entrée ou la sonnerie de mon GSM. Et je n’ai pas compris ce qui se passait le jour où tout le monde s’est précipité à l’extérieur lorsque l’alarme incendie s’est déclenchée. Mais le plus gênant, ce sont les conversations. Je dois régulièrement demander à mon interlocuteur de répéter. Jusqu’au moment où je n’ai plus osé et fait comme si j’avais compris. Je souris gentiment quand on me raconte une blague ou qu’on me chuchote quelque chose à l’oreille alors que je n’entends qu’un faible chuintement. Quand votre interlocuteur baisse la voix pour vous faire une confidence, ce n’est pas évident de répéter plusieurs fois  » Pardon ? « . Quant au théâtre, c’est exclu : des répliques entières m’échappent. Lors de fêtes, je suis la première à me porter volontaire pour la vaisselle parce que je n’arrive pas à suivre la conversation. J’ai donc décidé de réagir.

Au théâtre des répliques entières m’échappaient! Je n’y allais donc plus jamais...

Mes enfants, qui se faisaient du souci pour moi, ont achevé de me me convaincre. Mon mari, lui, avait tendance à relativiser.  » C’est dans ton imagination ! Tu es beaucoup trop jeune pour porter un appareil auditif! «  Je ne comprends pas. Il doit pourtant bien se rendre compte que je réponds parfois à côté de la plaque. Mais pour lui, appareil auditif rime avec grand âge.

Je ne suis pas la seule dans le cas me dit le médecin...

Le test de l’ORL ne laisse aucun doute, je dois porter un appareil auditif, sans plus attendre.  » Plus vous attendez, plus l’aide auditive risque d’être inefficace, m’explique le médecin. Etant donné que la perte d’audition est progressive, le cerveau est moins stimulé, il ne fait plus d’effort pour capter les sons et la fonction se détériore. «  Mais je n’ai que 63 ans et je me sens trop jeune pour porter un appareil auditif ! Personne de mon entourage n’en porte. Pas même ma mère qui, claironne-t-elle, entend encore aussi bien qu’une jeune fille...

 » Vous n’êtes pas une exception, me rassure le médecin. Selon une étude américaine, 25 % des personnes âgées de 55 à 64 ans présentent une déficience auditive mais 10 à 20 % seulement prennent le problème au sérieux. Dommage, car une mauvaise perception des sons peut avoir des conséquences négatives sur le travail, la vie sociale et même conduire à la dépression.  » J’ai le coeur plus léger en sortant du cabinet de l’ORL. Je commence lentement mais sûrement à m’habituer à l’idée. Mais toutes sortes de questions m’assaillent les jours suivants. Le bruit de la vie courante ne risque-t-il pas d’être trop envahissant ? Pourrai-je porter mes lunettes et un appareil auditif ?

Je choisis un appareil adapté à mon problème

Quelques semaines plus tard, je me rends dans un magasin spécialisé munie de la prescription de l’ORL. Je vois de minuscules appareils très discrets. L’audiologue m’explique les différences de qualité, de la gamme de base aux gammes confort et premium.  » La différence tient essentiellement à la possibilité d’adapter les différentes fréquences. Avec les appareils de la gamme supérieure, le son est plus naturel qu’avec ceux de la gamme de base dont le son est parfois métallique. Les modèles d’entrée de gamme se contentent d’amplifier le son. Les appareils plus chers peuvent faire la différence entre le bruit et la parole, ce qui permet de mieux comprendre même dans les situations sonores les plus difficiles. « 

Ça y est, je porte un appareil auditif !
© ELLEN VAN DEN BOUWHUYSEN

J’opte pour le top du top.  » Ce n’est pas nécessairement le meilleur choix, affirme l’audiologue. Il faut tenir compte de votre problème. Le choix doit se faire en fonction de vos possibilités, des situations sonores que vous rencontrez et de vos attentes.  » Je persiste et choisis l’appareil le plus cher. Après tout, mes oreilles le valent bien !

Tous les sons sont amplifiés, même ma propre voix !

Une semaine plus tard, j’ai rendez-vous pour un test. Je suis un peu nerveuse mais aussi très curieuse. Est-ce que ça va vraiment fonctionner ? Pourrai-je à nouveau entendre comme avant ? Je repasse un test, le même que chez le médecin mais avec des petits hauts-parleurs dans le conduit auditif. L’ordinateur adapte l’appareil à ma perte auditive. Les fréquences les plus déficientes sont plus amplifiées que les fréquences les moins abîmées. L’audiologue me demande de noter soigneusement mes sensations. Ce qui me semble trop fort, le moins compréhensible, le plus gênant... Le réglage de l’appareil auditif sera ajusté chaque semaine jusqu’à ce que la qualité de l’audition soit parfaite. Elle m’explique aussi comment introduire les piles minuscules qui durent une dizaine de jours. Un petit signal se fait entendre dès qu’elles sont plates. Il existe aussi des appareils auditifs rechargeables mais ils sont plus volumineux. Une option que je n’envisage même pas. Si les piles constituent le seul inconvénient, va pour les piles.

Porter une aide auditive, moi? Mais même ma mère n’en porte pas!

L’audiologue m’apprend aussi comment introduire le petit embout dans le conduit auditif. Après quelques tâtonnements, j’y arrive sans trop de difficulté. L’embout est à présent connecté par un fil à l’appareil auditif placé derrière l’oreille, qui renferme le micro, la puce numérique et les piles. Tout est parfaitement en place. L’audiologue m’adresse la parole. Je sursaute et fais un pas en arrière. Elle sourit et diminue le volume. Le volume sera ajusté de semaine en semaine. J’entends ma voix qui résonne dans ma tête.  » Certaines personnes mettent une semaine à s’habituer, d’autres plus longtemps « , m’avertit l’audiologue.

Après de nombreux réglages, j’entends très bien

En rue, j’entends tous les bruits possibles et imaginables, tant les passants qui conversent que les oiseaux qui gazouillent. Avant, je n’entendais plus que le cri des mouettes. Je me rends au travail. Mes collègues remarqueront-ils les petits appareils nichés derrière mes oreilles ? J’ai toujours eu les cheveux courts et ce n’est pas maintenant que je vais changer. Je veux porter mes appareils auditifs sans honte mais il ne faudrait pas qu’ils se voient trop non plus ! Je passe devant les bureaux, je salue quelques collègues. Personne ne remarque rien. Même lorsque je demande à l’un ou l’autre s’il ne voit rien de spécial. Il faut un bon moment avant qu’ils s’aperçoivent de quelque chose. C’est que le fil ressemble à s’y méprendre à un cheveu...

Quelle agréable sensation de bien-être ! Leurs voix sont claires et douces. Seule la résonance de ma propre voix continue à me perturber. En revanche, j’ai déjà oublié le petit quelque chose dans et derrière l’oreille.

Je redécouvre avec plaisir tous les sons qui font le quotidien : les semelles qui grincent sur le parquet, le cliquetis de mon clavier d’ordinateur, le ronron de l’imprimante... J’ai plus de mal avec le crissement des couverts sur l’assiette ou le raclement d’une cuiller dans la casserole. Par contre, je n’entends plus ma voix résonner quand je parle. Après le repas, mon mari allume la télévision et règle le volume sonore comme avant. Je sursaute. Il a donc dû supporter ce vacarme pendant tout ce temps !

Une semaine plus tard, retour chez l’audiologue. Elle augmente le niveau d’amplification pour un confort optimal. Elle règle aussi le problème du bruissement dans l’oreille quand il y a du vent, la seule chose qui me gêne encore vraiment. C’est un problème typique des gens qui vivent à la côte, paraît-il Elle affine le réglage, semaine après semaine. La dernière fois, l’amplification était trop forte. Elle la remet donc au niveau antérieur. Le réglage est à présent parfait. Le bonheur à l’état pur...

Tous nos remerciements au Dr. Fanny Mestdagh, ORL et à l’audiologue Tessa Ackaert de  » Het Oorhuis « .

Dans ou derrière l’oreille ?

Certains appareils auditifs qui renferment le micro, l’amplificateur et les piles se portent derrière l’oreille. Les sons captés sont diffusés par un petit tuyau en plastique vers l’embout logé dans le conduit auditif. L’embout est perforé pour permettre l’aération du conduit auditif sans quoi on aurait l’impression d’avoir constamment les oreilles bouchées et la voix résonnerait plus fort dans la tête.

Les appareils intra-auriculaires sont complets et plus discrets. Ils se placent dans le conduit auditif. Plus besoin donc d’appareil derrière l’oreille. Inconvénient : du fait de leur plus petite taille, il y a moins de place pour les composants techniques, d’où une performance moindre. Le niveau d’amplification est plus restreint et ce type d’appareil ne convient pas à toutes les formes de perte auditive. L’appareil est aussi plus sensible aux dommages causés par le cérumen, l’humidité et la poussière. Il bouche complètement le conduit auditif, ce qui peut provoquer de l’eczéma ou des otites.

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