Armez-vous contre le pneumocoque

Assez étrangement, on parle assez peu de la pneumonie. Or, la plus fréquente, celle à pneumocoques, qui est aussi la plus sévère, touche quand même annuellement quelque 20.000 personnes.

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La pneumonie est une infection du tissu pulmonaire. Responsable ? Un microbe qui provoque une réaction inflammatoire jusque dans les plus infimes ramifications des voies respiratoires au niveau des alvéoles pulmonaires où se déroulent les échanges gazeux. Dans la plupart des cas, les tissus environnants sont, eux aussi, attaqués.

Il s’agit d’une maladie lourde pour l’organisme, raison pour laquelle la majorité de ceux qui en souffrent ont besoin de trois à quatre mois, durant lesquels ils ressentent une grande sensation de fatigue, pour récupérer complètement.

La nature du microbe à l’origine de la pneumonie peut être un virus ou un micoplasme : on parle alors de pneumonie atypique. Ou une bactérie, en général un pneumocoque : on parle alors de pneumonie typique.

Lors d’une épidémie

La pneumonie atypique (virus ou micoplasme) se développe plus fréquemment chez des personnes jeunes et durant des vagues épidémiques qui sévissent environ tous les 4 ou 5 ans. Avant que la maladie se déclare, on ressent, en gros, des symptômes qui ressemblent à ceux de la grippe avec une toux irritative et sèche.

A savoir : la grippe (la vraie, l’influenza) peut être à l’origine d’une pneumonie soit par action directe du virus sur les tissus pulmonaires, soit via une surinfection bactérienne, comme lors de la terrible épidémie de grippe espagnole de 1918 durant laquelle a sévi la pneumonie à staphylocoques.

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La pneumonie à pneumocoques

La pneumonie typique (bactérienne) touche, elle, des patients plus âgés et à risque. Elle est précédée d’une rhinopharyngite ou d’un rhume et éclate de manière très aiguë avec une fièvre tellement forte qu’on en tremble, une respiration courte et douloureuse, et, après quelques jours de toux sans crachat, des expectorations brun foncé ou de couleur rouille. Une radio des poumons et une analyse des expectorations confirme le diagnostic avec certitude. La pneumonie d’origine bactérienne est la plus fréquente, du moins en milieu extra-hospitalier : on estime qu’il y en aurait environ 20.000 par an en Belgique. Elle est aussi bien plus dangereuse (environ 2.000 cas fatals par an dans notre pays) que la pneumonie atypique, même si elle n’est pas la seule à envoyer les gens à l’hôpital.

Petite incise d’ailleurs à propos d’hôpital, il existe aussi des pneumonies qu’on attrape en milieu hospitalier (nosocomiales). Elles présentent souvent un facteur de gravité dans le sens où elles apparaissent chez des personnes hospitalisées, qui sont donc déjà fragilisées par une pathologie, et qu’en outre elles sont causées par des germes hospitaliers qui ont plus de chances d’être résistants aux antibiotiques.

La résistance... Le problème se pose aussi lors de l’administration du traitement de la pneumonie, qui repose sur la pénicilline ou ses dérivés administrés à forte dose. La résistance du pneumocoque aux antibiotiques s’est, en effet, accrue dans plusieurs pays d’Europe.

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Transmis par l’entourage

Mais comment attrape-t-on une pneumonie à pneumocoques ? Lorsque nous inspirons un pneumocoque, qui nous est transmis par notre entourage, il se fixe d’abord dans la salive où il se multiplie. Mais ce n’est pas pour cela que nous allons nécessairement développer la maladie. D’abord parce que les pneumocoques font partie de la flore microbienne normale qui colonise la bouche et le nez : on peut être porteur sans éprouver la moindre gêne. Ensuite, parce que le fait de développer la maladie ou non dépend du nombre de pneumocoques, de leur pouvoir pathogène, c’est-à-dire de leur virulence, et de la sensibilité de la personne à l’égard de ces infections. L’infection se déclare quand ces facteurs jouent en faveur du pneumocoque et que celui-ci atteint les poumons (par aspiration de sécrétions de la bouche ou du nez).

Il y a évidemment des personnes qui sont plus à risque que d’autres, c’est-à-dire qui vont plus facilement attraper la maladie et vont être plus susceptibles de développer des complications. Ainsi, l’âge est un facteur de risque, comme le fait de souffrir d’une maladie chronique ou d’affections pulmonaires chroniques.

Sont à risques, les gros fumeurs, les cardiaques qui ont un problème au niveau des reins, ceux qui ont subi une ablation de la rate, qui sont touchés par le virus du sida, qui ont une cirrhose du foie ou abusent de l’alcool. Car, lors d’une intoxication alcoolique aiguë, c’est-à-dire quand on a une cuite solide, on risque de perdre conscience et d’inhaler ses sécrétions qui contiennent des pneumocoques sans avoir le réflexe de tousser. C’est ce qui est arrivé au plus célèbre des Indiens, Géronimo, en 1909.

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Immunisé ? Non !

Une fois qu’on a eu une pneumonie à pneumocoques, est-on immunisé, comme c’est le cas avec d’autres maladies ? Malheureusement non. Lorsqu’on entre en contact avec un pneumocoque, celui-ci s’installe dans la bouche, commence à s’y multiplier et stimule le système immunitaire à la formation d’anticorps. Le problème, c’est qu’il existe de nombreuses variétés de pneumocoques et qu’il faudrait, pour bien faire, entrer en contact avec chacune d’elles pour se constituer une réserve d’anticorps suffisante pour être réellement protégé.

Encore quelques bons conseils pour la route ? Comme c’est le cas pour d’autres maladies qui se transmettent de personne à personne, vous réduirez les risques d’attraper une pneumonie en vous lavant souvent les mains dans les règles de l’art. En ne frottant pas vos yeux avec vos mains. En jetant vos mouchoirs en papier après usage unique. En évitant les contacts directs avec des personnes qui ont déjà la maladie. Du simple bon sens...

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On peut vacciner !

Le vaccin contre le pneumocoque destiné à l’adulte consiste en un mélange des 23 antigènes les plus importants du pneumocoque.

  • Quelle protection ? On estime qu’il est efficace dans 50 à 75 % des cas d’infections aux pneumocoques. Chez les 85+ et ceux qui ont troubles de l’immunité, la protection est moindre et diminue plus vite.
  • Pour qui ? La vaccination est recommandée pour toutes les personnes âgées de 65 +. Pour les 50+ qui souffrent d’une infection bronchopulmonaire chronique, une maladie cardiaque congestive, un éthylisme avec ou sans cirrhose. Pour les séropositifs et dans le cas de certaines pathologies particulières.
  • Quand ? Tous les 3 à 7 ans, en fonction de votre profil médical. A n’importe quel moment de l’année. On le fait très souvent au même moment que le vaccin contre la grippe.
  • Coût ? 19,09 ?. Il n’est pas remboursé, mais la plupart des mutualités interviennent partiellement dans le cadre de l’assurance complémentaire.

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