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7 questions sur le cancer et l’alimentation

Certains aliments sont parés de vertus anticancer. D’autres sont déconseillés parce qu’ils favoriseraient le développement de tumeurs... Comment s’y retrouver ?

1. Quels sont les aliments qui protègent réellement contre le cancer ?

Il faut oublier les listes de  » super  » aliments, affirment en choeur le Dr Anne Boucquiau, manager du département prévention de la Fondation contre le cancer et la diététicienne oncologue Eva De Winter. Se forcer à manger tout le temps des brocolis, des baies de goji ou des grenades, c’est risquer d’appauvrir son alimentation et de réduire à néant les bénéfices des fruits et légumes.

Plusieurs études menées à grande échelle ont démontré que manger chaque jour 5 portions de légumes ou de fruits (l’équivalent de 600 g au total) permet de réduire la mortalité générale, dont celle par cancer. Cet effet positif est à mettre sur le compte des fibres que contiennent les végétaux, ainsi qu’à divers actifs, comme le lycopène, le carotène, la vitamine C, le sélénium, l’acide folique...

Le secret consiste à varier son alimentation pour être sûr de consommer assez de substances bioactives, car celles-ci ne protègent pas de manière isolée mais par interaction les unes avec les autres.

On compose donc chaque jour des assiettes colorées et équilibrées en fruits et légumes. Les substances bioactives déterminent la couleur des aliments. Plus on varie les couleurs, plus on consomme d’actifs.

2. Que doit-on éviter ou limiter ?

La viande rouge, les charcuteries et les compléments alimentaires fortement dosés en bêtacarotène ! Mieux vaut limiter la viande rouge et la charcuterie à maximum 500g par semaine. Au-delà, on augmente le risque de cancer du côlon et du rectum.

Les compléments à base de bêtacarotène sont à éviter chez les fumeurs. Ils n’offrent aucune protection et augmentent fortement le risque de cancer du poumon.

En revanche, il est toujours intéressant de manger plus de légumes verts (à feuillage foncé), de fruits et de légumes orange, jaunes et naturellement riches en bêtacarotène, comme le chou vert, les carottes, les abricots et les épinards. Le bêtacarotène naturel ne présente aucun danger.

3. Le vin rouge exerce-t-il un effet protecteur ?

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Non, boire du vin rouge ne protège pas du cancer. Il n’a jamais été scientifiquement démontré que le resvératrol qu’il contient soit capable de freiner la croissance de cellules cancéreuses chez l’homme. Dès qu’on dépasse un verre de vin par jour, au contraire, on augmente le risque de cancer. Et il n’y a aucune différence entre un verre de bière, un verre de vin rouge ou blanc, ou de whisky.

L’alcool est aussi dangereux pour les hommes que pour les femmes. Surtout chez les fumeurs. Les cancers les plus sensibles à cet égard sont, chez la femme, le cancer du sein; chez l’homme les cancers du côlon et du rectum, et pour les deux sexes les cancers de la bouche, du larynx et de l’oesophage. L’alcool perturbe l’équilibre hormonal, ce qui peut favoriser l’apparition d’un cancer du sein. Dans le cas des cancers de la bouche, du larynx et de l’oesophage, il semblerait qu’ils soient dus au contact direct entre les cellules épithéliales et l’alcool.

4. Le soja et ses dérivés ont-ils un effet préventif ?

Des études menées en Asie ont démontré un effet protecteur. Mais on ne peut pas extrapoler ces résultats à la population occidentale car le soja n’est pas le seul facteur bénéfique. Il n’est donc pas recommandé de consommer des compléments alimentaires à base de soja dans un but de prévention anti-cancer. Certains les soupçonnent même de favoriser les tumeurs hormono-dépendantes. En revanche, les aliments à base de fèves de soja sont tout à fait sûrs et offrent une bonne alternative à la viande rouge, par exemple.

5. Est-il utile de consommer des compléments alimentaires ?

Non. La prise de compléments alimentaires ne compense pas un régime alimentaire déséquilibré. Il est impossible d’isoler toutes les substances bioactives naturellement présentes dans les fruits et les légumes dans un comprimé En outre, les actifs des compléments alimentaires n’ont jamais les mêmes effets que leurs homologues naturels. Il leur manque l’interaction avec d’autres actifs et avec les fibres, indispensables à un effet bénéfique. S’ils ne font aucun bien, ils peuvent parfois faire du tort. On soupçonne ainsi l’acide folique et la vitamineE d’augmenter le risque de cancer de la prostate. Mieux vaut ne pas prendre de compléments à l’aveuglette et demander conseil à son médecin ou à son pharmacien. Il n’y a rien de tel qu’une alimentation à base de fruits et légumes, qui permet de se passer de compléments souvent inutiles.

6. Les produits laitiers augmentent-ils le risque de cancer de la prostate ?

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Une consommation raisonnable de lait et de yaourt ne pose aucun problème aux hommes, même à ceux présentant une valeur PSA trop élevée. En revanche, il faut se méfier des compléments de calcium et ne pas se supplémenter. Ceci dit, les produits laitiers ne sont certainement pas à bannir, car ils offrent une certaine protection contre le cancer du côlon et du rectum.

7. Quelles sont les méthodes de cuisson les plus sûres ?

Cuire la viande à trop haute température, comme c’est le cas lorsqu’on la grille sur un barbecue ou à la poêle, par exemple, augmente la production de substances cancérogènes, les amines hétérocycliques. Mieux vaut donc cuire la viande à basse température.

Pour éviter que des substances nocives ne se développent pendant la cuisson, on peut aussi faire mariner la viande dans un peu d’huile (olive ou arachide), des herbes et quelques gouttes de citron. Compter minimum 30 minutes de marinade. Cela permet de réduire la concentration en substances cancérogènes qui se forment en cours de cuisson.

Les amateurs de barbecues précuiront la viande avant de la saisir brièvement sur les braises. Pour éviter de consommer trop de viande rouge, on pense à la remplacer par du poisson ou de la volaille.

Pour en savoir plus sur les effets de l’alimentation sur le cancer : www.cancer.be/alimentation-et-cancer fait le point sur les dernières connaissances en la matière.

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