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12 questions sur la ménopause

Beaucoup de nos lectrices se posent encore des questions sur la ménopause. Leen Steyaert, consultante et spécialiste de la ménopause, répond à 12 d’entre elles...

 » Depuis que je suis en préménopause, je souffre de règles abondantes. Est-ce fréquent ? Et que puis-je faire ? »

Leen Steyaert : La préménopause s’accompagne régulièrement de pertes de sang abondantes et/ou irrégulières. Mieux vaut consulter votre médecin pour vous assurer que vous ne souffrez pas d’un problème gynécologique, qui ne serait pas forcément lié à la ménopause. Par exemple, des polypes ou un problème veineux. Si tel n’est pas le cas, vous pouvez vous tourner vers la phytothérapie pour réduire les saignements. L’huile de Gattilier (1.000 à 3.000 mg) aide à harmoniser la balance hormonale.

 » Depuis que je suis ménopausée, ma libido est au point mort. Je sens bien que cela frustre mon conjoint. La ménopause a-t-elle un effet sur le désir et comment puis-je réactiver ma libido? »

La baisse de libido peut avoir des origines très diverses. Votre couple va-t-il bien, êtes-vous particulièrement fatiguée, souffrez-vous d’autres problèmes médicaux ou émotionnels ? La ménopause n’a pas d’influence directe sur la libido. Mais les variations hormonales amènent certaines femmes à douter d’elles-mêmes, à se sentir moins sexy, moins attirantes. A la ménopause, les femmes prennent en moyenne 3 à 5 kg, du fait de la carence en oestrogènes qui facilite le stockage des graisses.

D’autres facteurs corporels influencent également le désir sexuel. Il n’est pas rare de souffrir de sécheresse vaginale, ce qui peut rendre les rapports douloureux. Les acides gras Omega 7 (huile d’argousier) et les comprimés vaginaux, avec ou sans lactobacilles anti-inflammatoires, peuvent aider. Une association d’Omega 3 et 7 peut aussi améliorer les choses.

Vous pouvez aussi opter pour une autre forme d’intimité avec votre conjoint. Une façon plus lente de faire l’amour, qui ne se focalise pas sur l’acte lui-même. Par exemple, en accordant plus de temps et d’attention aux préliminaires, aux caresses mutuelles, aux massages... Il est important que le couple conserve une intimité physique, avec des gestes autres que l’acte en soi. Les hommes le comprennent en général très bien et en ont eux-mêmes envie. Parlez-en ouvertement, c’est primordial. Vous n’avez pas à culpabiliser parce que vos besoins sexuels évoluent.

A la ménopause, une analyse sanguine met parfois en évidence une carence en testostérone, responsable du dynamisme (y compris sexuel). Mais, le plus souvent, c’est l’inverse qui se produit et les femmes ressentent plus de dynamisme, parce que leur taux d’oestrogènes, les hormones féminines, diminuent. Or ce sont précisément les oestrogènes qui poussent les femmes à s’occuper de leurs enfants. La nature a bien fait les choses : jusqu’à 50 ans environ, les hormones féminines les poussent à materner. Quand leur taux diminue, la femme se recentre sur elle-même. Ce n’est donc par hasard si on se lance de nouveaux défis, si on entame une nouvelle relation ou si on décide de vivre seule aux alentours de la cinquantaine.

 » Je n’avais plus de règles et mon médecin m’a dit que j’étais ménopausée. Mais le mois passé elles sont réapparues... Suis-je toujours susceptible d’être enceinte et dois-je continuer à utiliser un moyen contraceptif ? « 

Durant la préménopause, il est fréquent d’avoir des cycles très irréguliers, liés au nombre d’ovules devant encore être libérés. Théoriquement, vous êtes donc toujours fécondable. Pour vous en assurer, le mieux est de faire un test sanguin qui évaluera votre taux d’hormones. Les gynécologues y ajoutent souvent une échographie pour vérifier l’état des ovaires. Cette période de règles irrégulières peut durer deux à dix ans, même s’il est rare qu’elle dure plus de cinq ans. Ensuite, les saignements cessent définitivement.

La plupart des femmes traversent la ménopause sans problèmes majeurs, avec juste quelques bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes, un sommeil perturbé ou de la fatigue. Il faut savoir que nombre de ces désagréments sont sans lien avec la ménopause elle-même, mais résultent d’un problème de santé ou d’une maladie liée à l’âge.

 » J’ai entendu dire qu’en l’absence de tout traitement hormonal, je vais vieillir plus vite. Est-ce vrai ? »

Cette affirmation est sans fondement. Le processus naturel de vieillissement est, certes, en partie lié aux hormones mais également à une carence en vitamines et minéraux ou à un dysfonctionnement de la thyroïde. Ce type de discours a amené les femmes à craindre la ménopause. Prenez soin de vous et traitez les petits problèmes à temps. Pour retarder le vieillissement, on n’a encore rien trouvé de mieux qu’une alimentation saine et une bonne gestion du stress. Il faut savoir dire adieu à ses frustrations et décider de réaliser tel rêve ou tel projet. J’encourage les femmes en ce sens. A la cinquantaine, on n’a peut-être plus l’énergie de ses 20 ans, mais on peut encore faire des tas de choses !

 » J’ai souvent des bouffées de chaleur assez pénibles, surtout au travail ou lors de fêtes. Existe-t-il une solution ? « 

Laissez-les simplement venir. Ne stressez pas, ne soyez pas tendue dès que vous sentez monter des bouffées de chaleur. Accueillez-les en quelque sorte, et vous verrez que cela va passer. Si vous êtes entourée de monde, contentez-vous de faire une courte remarque sur le mode humoristique.

Toute réaction excessive aggrave effectivement le problème. Inspirez profondément, puis expirez très lentement ou par petits coups. Vous pouvez aussi presser deux doigts sous le nombril : c’est une méthode qui a fait ses preuves. Les exercices de relaxation sont les bienvenus. Portez des vêtements légers : plutôt deux fines couches qu’une épaisse. Vous pourrez en ôter une dès que vous avez une bouffée de chaleur.

La plupart des femmes voient les bouffées de chaleur disparaître dès la postménopause. Mais il arrive que le phénomène perdure. Après avoir bu de l’alcool, par exemple, dans des situations de stress ou des périodes très chargées. Après la ménopause, on est souvent moins frileuse qu’avant, ce qui est plutôt un avantage.

 » Existe-t-il des remèdes naturels contre les bouffées de chaleur ? »

Il existe de nombreux remèdes naturels mais tous ne fonctionnent pas chez chacune. Vous devrez chercher, tâtonner, avant de trouver la plante médicinale susceptible de réduire vos bouffées de chaleur. Je vous recommande le gattilier, le cimicifuga, la sauge et le  » wild yam « . Les algues, la salicorne et les feuilles de nori, très riches en iode, sont également excellentes. Vous pouvez en ajouter dans vos potages, par exemple.

 » Depuis que je suis ménopausée, je supporte très mal l’alcool. Est-ce lié ? « 

L’alcool peut causer des bouffées de chaleur, des troubles du sommeil et léser le foie. Or, il est vital de conserver un foie en bon état, car c’est lui qui filtre et régule les hormones. Théoriquement, une femme peut se permettre un verre de vin par jour et les hommes deux. Mais, pour la plupart des gens, un verre est déjà trop. A partir de deux verres, l’alcool a des effets délétères sur la santé. Chez les femmes, il accentue les petits désagréments de la ménopause. Pourquoi ne pas boire de l’eau dans un verre à pied ? Il faut avant tout apprendre à ne plus associer la notion de plaisir à petit verre de vin !

 » Je prends la pilule. Comment savoir si je suis ménopausée? »

Votre ménopause pourrait passer totalement inaperçue. Le mieux est d’interrompre la pilule et de faire un bilan sur base d’une prise de sang. Dans l’intervalle, utilisez un autre moyen de contraception. Certaines femmes choisissent de continuer la pilule pour ne pas ressentir les effets de la ménopause. C’est possible mais, tôt ou tard, vous devrez arrêter et vous franchirez ce cap, sans forcément en ressentir plus de désagrément que la moyenne des femmes. C’est surtout une affaire de choix personnel.

 » J’ai les yeux très secs et la vision trouble. Que puis-je faire ? « 

C’est fréquent à la ménopause. Les problèmes de vue sont souvent liés à un foie encombré. Il est recommandé de se détoxifier le foie en suivant un régime, sans sucre ou sans alcool. On peut également faire une cure détox à base de jus de certains fruits et/ou légumes, mais sous contrôle médical. D’autres facteurs peuvent intervenir, comme le stress, certains médicaments ou le fait de travailler dans un environnement très sec... Un complément alimentaire à base d’omega 3 et 7 (contre la sécheresse des muqueuses) peut apporter un soulagement. De même que des suppléments à la lutéine contre la sécheresse oculaire.

 » J’ai des problèmes de mémoire... Sont-ils liés à la ménopause ? « 

Oui. La variation des taux d’hormones ont une incidence sur la qualité du sommeil, elle-même liée à la mémoire. Mais cela n’indique absolument pas un début de démence. A l’âge de la ménopause, beaucoup de femmes ont énormément de choses en tête, si bien qu’il leur arrive d’en oublier certaines. On retient ce qui est vraiment important. La mémoire a tendance à zapper les détails. Vous pouvez booster vos capacités en restant active, en faisant des jeux de mémoire et en vous concentrant sur une chose à la fois. C’est nettement plus efficace qu’être tout le temps multi-tâches. Parmi les activités à privilégier, citons le yoga et la relaxation. Vous pouvez également prendre des compléments à base de ginkgo biloba. L’extrait de cette plante améliore l’irrigation du cerveau.

 » Que peut-on attendre des hormones végétales (les phyto-oestrogènes) et sont-elles efficaces contre les inconvénients de la ménopause? »

 » L’appellation phyto-oestrogènes ou hormones végétales est incorrecte et prête à confusion. Il s’agit de produits végétaux mais ce ne sont pas des hormones, donc certainement pas des oestrogènes. Les phyto-oestrogènes sont en quelque sorte les régulateurs des cellules. Comme les hormones de l’organisme, ils ont un impact sur les récepteurs d’oestrogènes de notre corps. Ils adaptent leur fonction régulatrice selon la situation.

Si votre taux d’oestrogènes est trop bas, ils vont le relever; dans le cas contraire, ils vont bloquer les récepteurs d’oestrogènes. La plupart des phyto-oestrogènes sont dérivés du soja. Il en existe plusieurs sortes, comme les isoflavones (dans le soja et les légumineuses), les coumestanes (dans la luzerne et le trèfle des prés) et les lignanes (dans les graines de lin).

Inclure des phyto-oestrogènes dans son alimentation permet d’adoucir les effets de la ménopause. On en trouve dans les pommes de terre, les fraises, les abricots, les pommes, les amandes, les myrtilles, les haricots secs, les pois chiches, le maïs, l’huile d’olive, le riz, le persil, les carottes, etc.

De plus en plus de femmes prennent des compléments alimentaires aux phyto-oestrogènes, en guise d’alternative naturelle au THS (traitement hormonal de substitution). La plupart sont inoffensifs. Mais on ignore encore leur fonctionnement précis et tous les phyto-oestrogènes n’ont pas (encore) pu démontrer leur utilité, loin de là. On sait que les isoflavones réduisent sensiblement les bouffées de chaleur. Plusieurs études démontrent aussi une amélioration du tissu osseux, d’où un certain effet préventif sur l’ostéoporose. Mais les scientifiques ignorent encore leurs conséquences à long terme.

 » On entend beaucoup parler des hormones bio-identiques. Sont-elles plus sûres que les hormones classiques ? « 

L’hormonothérapie classique utilisait surtout des hormones synthétiques assez différentes de celles présentes dans le corps féminin. Aujourd’hui, dans le cadre d’un THS, on opte de préférence pour des hormones bio-identiques, à base de matières premières végétales et contenant des molécules identiques aux hormones féminines.

Les femmes qui vivent une ménopause difficile se voient prescrire ce type de thérapie sous forme de gel ou de patch. La plupart d’entre elles se disent très satisfaites mais on ne sait pas encore grand chose sur les éventuels effets secondaires ou à long terme.

LeTHS suscite la polémique depuis de longues années et elle n’est pas près de s’arrêter. Quoi qu’il en soit, on n’utilisera des hormones bio-identiques que sous le strict contrôle d’un gynécologue ou d’un spécialiste en médecine anti-âge. Il pourra vérifier régulièrement votre sang et adapter le dosage au besoin. Mieux vaut d’abord se tourner vers les solutions les plus douces et les plus naturelles.

Si celles-ci ne suffisent pas, vous pouvez envisager d’autres solutions mais informez-vous bien avant de prendre des hormones bio-identiques.

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