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Rio, entre littoral paradisiaque et forêt tropicale

Du 5 au 21 août, les sportifs et leurs supporters vont s’envoler en nombre vers Rio de Janeiro à l’occasion des Jeux Olympiques. Nous sommes allés explorer les plus beaux endroits situés aux alentours de la mégalopole.

A quelques semaines de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, il est quasiment impossible de traverser Barra da Tijuca, le quartier ouest de Rio, où auront lieu la plupart des compétitions. Et il n’existe aucune alternative. L’agrandissement du métro n’est pas encore terminé et la piste cyclable construite entre la côte et les rochers escarpés du Parc national de la Tijuca s’est effondrée fin avril. Après plus de deux heures passées dans la voiture, nous atteignons enfin la route qui longe les côtes de la Costa Verde, soit 300km entre Rio de Janeiro et São Paulo.

L’Alcatraz du Brésil

Impossible de passer à côté d’Ilha Grande, l’île interdite aux voitures. Dans la petite ville côtière de Conceição de Jacarei, nous partons en quête d’un ferry et confions les clés de notre voiture aux gardiens du parking afin qu’ils puissent réorganiser l’espace en fonction des places disponibles. Tout un art !

La traversée entre Conceição de Jacarei et Ilha Grande dure quinze minutes. Au début du XXe siècle, l’île était encore une léproserie. Les lépreux ont ensuite laissé la place à des criminels, détenus dans une prison hautement sécurisée et installée au sud de l’île. Le pénitencier n’a fermé ses portes que dans les années 90. Les promoteurs immobiliers ont épargné Ihla Grande et aucun bâtiment ou hôtel disproportionné ne vient gâcher la vue. A Vila do Abraão, le plus grand village de l’île, on trouve néanmoins nombre de pousadas, de B&B’s et de campings. Le contraste avec Rio pourrait difficilement être plus marqué. Mis à part le camion à ordures, il n’y a aucun véhicule sur l’île. Trois alternatives s’offrent donc à nous pour la découvrir : à pied, à vélo ou en bateau. Ou un mélange des trois.

Nous empruntons le sentier en direction de la cascade de Feiticeira. Après une heure de marche dans une forêt ombragée, nous arrivons à Praia Preta, l’une des nombreuses plages paradisiaques où sont amarrés les bateauxtaxis. L’un d’eux nous ramènera facilement à notre point de départ.

Le berceau de la Caipirinha

Un deuxième endroit à ne pas rater sur la Costa Verde est la petite ville coloniale de Paraty. A la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècles, Paraty était le principal port portugais. C’est de là qu’étaient expédiés vers l’Europe, l’or, les diamants et autres marchandises de valeur. Mais lorsque la route commerciale par Rio a été préférée, Paraty s’est endormie. Un vent nouveau n’a soufflé qu’avec la construction de la route côtière dans les années 1960. Entretemps, les vieilles maisons coloniales ont été rénovées et aménagées en restaurants, en galeries d’art ou en pousadas. Les bateaux de plaisance colorés s’enfoncent dans les baies éloignées où on peut se baigner en toute tranquillité ou pratiquer l’art du barbecue. « Et la cachaça locale rend tout cela encore plus agréable, sourit Jan Rector, originaire de Genk et installé à Paraty depuis une dizaine d’années. Cette région est le principal centre de production de la cachaça, l’ingrédient de base de la célèbre caipirinha. Des documents ont récemment été mis au jour, confirmant que la toute première caipirinha a bel et bien été préparée à Paraty. Notez qu’une  » vieille  » cachaça est bien meilleure « . Mais ce n’est pas la cachaça qui a attiré Jan Rector à Paraty. « Mon neveu a fait le tour du monde et pour lui, Paraty est le plus bel endroit. Je me suis épargné le tour du monde et me suis installé directement ici ».

Un lieu de villégiature impérial

Après avoir exploré la Costa Verde, nous gagnons les montagnes au nord de Rio et la baie de Guanabara. Nous faisons une halte à Pétropolis qui, alors que le Brésil était encore un Empire au XIXe siècle, était devenue la destination de vacances préférée de la famille impériale. Son ancienne résidence d’été est aujourd’hui devenue un musée. Chaussés de petits chaussons, nous déambulons à travers les pièces de vie et les grandes salles de réception.

Le clou de l’exposition ? La salle du trésor où est conservée la couronne impériale du Brésil, sertie de 500 diamants. Autre tradition encore largement ancrée dans le quotidien de Pétropolis : l’origine allemande de nombreux résidents. Plusieurs quartiers portent un nom allemand et certains jours, des spectacles de danse folklorique et autres festivals de la bière nous ramènent en Allemagne ! Nous suivons aussi la trace de l’écrivain autrichien Stefan Zweig, qui a gagné le Brésil pour échapper à la Seconde Guerre mondiale. Il se suicidera en compagnie de son épouse Lotte, après six mois de production, période au cours de laquelle il a notamment rédigé son autobiographie. Sa demeure a été transformée en musée, dédié à l’écrivain modeste qu’il était.

Nous quittons Pétropolis et suivons une route spectaculaire à travers les montagnes de la Serra dos Órgãos. Au pied de cette chaîne montagneuse dont les sommets s’élèvent à plus de 2.000 mètres d’altitude, s’étend la réserve naturelle de Regua, gérée avec beaucoup d’idéalisme par le couple britannicoargentin Raquel et Nicholas Locke. « Notre mission est la conservation de la Forêt atlantique, précise Nicholas Locke. Il ne reste au Brésil que 5 à 10% de la forêt d’origine. Nous avons réaménagé ce territoire au cours des dernières années en plantant plus de 130.000 arbres. Nous reboisons, effectuons des recherches et travaillons de manière durable ». Résultat : la biodiversité s’accroît d’année en année et les ornithologues viennent du monde entier à Regua pour observer de nouvelles espèces.

L’ovni de Niteroi

Nous arrivons enfin à Niterói, où nous jouissons d’une vue imprenable sur la skyline de Rio. Dans la ville, tout rappelle Oscar Niemeyer, l’un des architectes les plus influents du XXe siècle. C’est lui qui, dans les années 1960, a donné un nouveau visage à la capitale Brasilia. Il est resté très créatif jusqu’à la fin de sa vie. A 90 ans, il crée encore le Caminho Niemeyer dans le quartier portuaire, avec notamment un théâtre futuriste et un musée consacré à la littérature et l’histoire. Mais son oeuvre architecturale la plus impressionnante est le Museo de Arte Contemporânea (MAC) qui ressemble à s’y méprendre à un ovni. Avec un Rio étonnamment petit en arrière-plan.

Lorsqu’on évoque Oscar Niemeyer, on ne peut pas passer Roberto Brule Marx, l’archictecte-paysagiste, sous silence. C’est lui qui a signé la fameuse promenade de Copacabana. En 1949, il a aussi créé le Sitio Roberto Burle Marx, un domaine de 36,5 hectares sur la Costa Verde. On y cultive plus de 3.500 espèces botaniques dans le cadre d’un jardin extraordinaire.

TEXTE ET PHOTOS : KRIS CLERCKX

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