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Rénover sa cuisine: les 10 pièges à éviter

Autrefois simplement utilitaire, la cuisine constitue désormais une des pièces à vivre les plus importantes de la maison. Raison de plus pour la rénover avec soin, en évitant les pièges et les idées reçues !

C’est un peu un rêve de grand gosse, qu’on s’offre à soi-même après avoir passé des dizaines d’années à cuisiner dans une pièce équipée vaille que vaille. Rénover ou aménager sa cuisine a quelque chose d’excitant, d’amusant. On sait désormais ce dont on a envie et besoin, le budget est un peu plus élastique. Bref, on envisage sérieusement de se faire plaisir ! Reste à ne pas faire d’erreurs dans la conception de la nouvelle cuisine : certains clichés ont la vie dure et des petits détails oubliés peuvent parfois se révéler problématiques des années après l’installation. Christophe Wathelet, architecte d’intérieur et directeur/créateur de Yù Kitchen Design, passe en revue avec nous dix erreurs à ne pas commettre.

1. « Il me faut absolument un îlot central ! »

Ouvrez n’importe quel magazine de déco consacré aux cuisines : sur presque chaque photo, un îlot central trône en majesté. Pourtant, son utilité s’avère assez limitée...  » L’intérêt de l’îlot central est principalement son côté convivial, explique Christophe Wathelet. On reçoit des gens, on n’a pas fini de préparer le repas... Pas de soucis, les invités peuvent prendre l’apéro là. «  L’îlot est donc sympathique, mais ne peut être envisagé que s’il y a suffisamment de place dans votre cuisine. Dès qu’il souligne l’exiguïté d’une pièce, il perd tout intérêt.  » Il faut donc compter au moins un mètre entre l’îlot et les autres meubles de cuisine, au grand minimum 90 cm. « 

L’alternative : si votre cuisine est petite, il existe des plans de travail qui coulissent le long d’un rail fixé perpendiculairement dans le mur. Il est donc possible de déplacer ces  » îlots mobiles  » suivant les étapes de préparation des plats, pour libérer de la place autour des plaques de cuisson, de l’évier...

2.  » Comme surface de travail, rien ne vaut la pierre « 

Oui et non : un simple plan de travail en stratifié peut vous donner entière satisfaction... s’il est de qualité. « Un modèle d’entrée de gamme risque par contre de gonfler très vite, car les plans de travail sont souvent mal entretenus, soumis à l’humidité et aux rayures. » Si vous optez pour la pierre, sachez que toutes ont leurs caractéristiques. « Le quartz, par exemple, est très résistant aux acides et aux rayures, mais c’est une pierre composite. Les éléments sont maintenus ensemble par une  » colle « , ce qui fait que le quartz est un peu plus sensible à la chaleur. » Si vous optez pour le marbre, il faut veiller à ce que le veinage soit bien orienté. « Le mieux est encore d’aller choisir sa plaque de marbre directement chez le marbrier ! « 

Le must : plus dur que le granite, hygiénique, résistant aux taches et à la chaleur, le plan de travail en céramique est actuellement ce qui se fait de mieux. »Ce produit n’a aucun défaut, si ce n’est qu’il est plus cher que les autres ! « 

3.  » Cuisinière à induction = nouvelle batterie de cuisine « 

Beaucoup pensent qu’opter pour une cuisinière à induction est une ruine car cela nécessite d’investir dans une nouvelle batterie de cuisine adaptée. « C’est faux : 90% des ustensiles de cuisson traditionnels fonctionneront sur l’induction. Même les cocottes type Le Creuset peuvent être utilisées ! Bien sûr, il y aura toujours l’une ou l’autre casserole qui ne fonctionnera pas mais c’est un petit désagrément comparé aux avantages de l’induction : elle est rapide, efficace. En cas de surchauffe, elle se coupe. Cela limite les risques de voir un aliment oublié sur le feu accrocher au fond de la casserole. » La déperdition de chaleur est par ailleurs faible et il est impossible de se brûler la main en la posant sur une taque.

Légende urbaine : une rumeur veut qu’une cuisinière à induction ne peut pas être utilisée par les personnes porteuses d’un pacemaker. C’est faux : les plaques à induction sont utilisables moyennant une mise à la terre correcte et le respect de la distance de sécurité usuelle.

4.  » L’éclairage, c’est un détail ! « 

 » L’éclairage est primordial. S’il est mal pensé, votre cuisine risque d’être désagréable et/ou peu pratique. Malheureusement, les clients ne s’en rendent généralement compte qu’une fois la cuisine installée... «  L’éclairage d’une cuisine doit se subdiviser en trois partie : un éclairage d’ambiance, un autre pour les plans de travail et un éclairage décoratif. Tous trois doivent être allumables indépendamment les uns des autres : l’éclairage d’ambiance sera allumé lorsque la cuisine est occupée, celui du plan de travail lorsqu’on cuisine. Quant à l’éclairage décoratif, il sera plus rarement utilisé, lorsque des invités sont présents dans la maison.  » Si vous n’êtes pas convaincus, prévoyez néanmoins les câbles d’alimentation avant l’installation des meubles. Les trois-quarts du temps, ils finiront par servir...

Du LED, oui mais... : si vous optez pour un éclairage via lampes LED, choisissez de préférence un modèle où il est possible de changer les ampoules. C’est parfois (souvent) impossible, ce qui signifie qu’une fois que l’ampoule a lâché, il faut remplacer toute la lampe.

5.  » Toutes les teintes brillantes sont salissantes « 

Sur catalogue, les façades des tiroirs brillent de mille feux tandis qu’à la maison, on pense qu’elles seront rapidement couvertes de traces de doigts et de rayures.

« C’est un stéréotype qui a la vie dure, mais qui n’est pas totalement vrai : les façades foncées et brillantes se salissent vite, oui, mais c’est exactement le contraire pour les teintes claires, comme le blanc, qu’il ne faut pas nettoyer souvent... Au magasin, où les tiroirs sont souvent manipulés, un nettoyage tous les six mois suffit. »

Pour les rayures, tout dépend de la qualité de la façade : si cette dernière est laquée, c’est-à-dire peinte en plusieurs couches, elle sera tout à fait récupérable. Ce ne sera par contre pas le cas pour une façade où le brillant tient sur un simple feuillet de plastique collé. En ce cas, la seule solution, pour ôter la rayure sera... de remplacer la façade, ce qui peut coûter cher !

Comme une voiture : une façade laquée, tout comme une carrosserie de voiture, peut être simonisée. Il est donc possible d’ôter les petites rayures soi-même.

6.  » Je veux des couleurs qui détonnent ! « 

Si vous désirez absolument des meubles de cuisine jaune fluo ou vert pomme, sachez que vous risquez vite de vous lasser de ces couleurs criardes... et donc de votre cuisine. Adeptes des teintes flashy, mieux vaut donc peindre les murs dans des couleurs chatoyantes et choisir des tons plus neutres pour vos meubles de cuisine. « Il suffira alors de repeindre le mur, pour avoir l’impression de changer de cuisine !« 

Ça pique aux yeux : certaines couleurs, seules ou assemblées, peuvent entrer en « résonance », et devenir rapidement fatigantes pour l’oeil. C’est par exemple le cas du bleu combiné à l’orange. Au final, l’impression qu’on retirera de la pièce sera négative. Ne multipliez donc pas les couleurs vives, ou limitez-vous alors à de petites touches.

7.  » Je veux la totale en électroménager ! « 

Un four vapeur, un frigo américain, une machine à expresso encastrée... Les tentations sont grandes au rayon des équipements électroménagers ! Mais attention à l’entretien et aux coûts cachés : tous les six mois, il faut changer les filtres d’un frigo américain (320 €/an), la machine à café nécessite un démontage et un nettoyage complets toutes les deux semaines...

 » Le four vapeur est par contre très pratique. Il permet de conserver les nutriments des aliments, d’avoir une viande cuite très tendre. Il existe deux types de four vapeur : les steamers haute pression et les fours basses pressions. Ces derniers sont plus que suffisants pour un usage domestique. « 

Ça s’en va et ça revient : le four à micro-ondes n’est plus un must have. Il a tendance à dessécher la nourriture, les aliments sont vites réchauffés mais tout aussi vite refroidis... On peut désormais faire l’impasse sur celui-ci ou opter pour un petit modèle bon marché et caché dans un tiroir.

Un gadget s’impose par contre peu à peu pour son côté pratique : le tiroir chauffant, qui permet de chauffer les assiettes. Comme au restaurant !

8. « Je ne veux que des tiroirs ! »

Au niveau des espaces de rangement, la tendance est aux tiroirs.  » Mais ne mettre que des tiroirs, c’est une erreur : une colonne de rangement est très importante, puisqu’elle permet de stocker les hautes casseroles, les piles d’assiettes... Les colonnes qui s’ouvrent complètement en tiroir, comme des meubles de pharmacie, sont par contre à éviter : elles sont très chargées et soumises, lorsqu’elles sont ouvertes, à de grosses contraintes physiques. Un risque de déformation existe ! « 

Si vous tenez absolument à une colonne qui s’ouvre en tiroir, optez pour des colonnes subdivisées, où il est possible de sortir les différents éléments indépendamment les uns des autres.

Une cacahuète sinon rien : pour les meubles d’angle, les meubles  » cacahuètes « , dont les plateaux sortent complètement en pivotant, s’avèrent les plus pratiques à l’usage.  » Tous les autres systèmes, comme les carrousels, finissent par se dérégler. « 

9. « Je n’ai pas envie de me baisser ! « 

Régler ses plans de travail à la bonne hauteur est essentiel pour ne pas avoir mal au dos. Il est donc possible de les rehausser ou abaisser par tranches de 5 cm, en fonction de la taille des propriétaires.  » Pour un couple moyen – dont la taille varie entre 1m70 et 1m80 -, la hauteur recommandée est de 90-91 cm. Pour les personnes de petite taille, on ne peut pas descendre en-deçà de 80 cm, sous peine de ne pas pouvoir encastrer l’électroménager en-dessous. « 

Prendre de la hauteur, mauvaise idée : certains cuisinistes proposent désormais des lave-vaisselle placés plus en hauteur, pour faciliter son chargement/déchargement.  » Je le déconseille, car cela entraîne une grande perte d’espace. De plus, des lave-vaisselles dont les plateaux du bas peuvent remonter sont en train d’apparaître.  » Une technologie récente, qui doit encore faire ses maladies de jeunesse !

10.  » Je vais monter ma cuisine moi-même ! « 

Les plus bricoleurs sont parfois tentés de prendre les mesures de leur cuisine et de monter eux-mêmes les meubles commandés. Or, il faut savoir que des meubles de cuisine, sur mesure, demandent souvent des ajustements lors du montage. « Les angles droits ne le sont pas toujours, un mur n’est jamais complètement rectiligne ou plane. Faire appel à un monteur agréé, professionnel, est primordial, car c’est un métier à part entière. Le mieux ? Choisir vous-mêmes le monteur, après vous être renseigné. » Rien ne vous oblige à accepter le monteur proposé par le cuisiniste, si vous avez toute confiance en une autre personne.

Une question d’atome crochu : avoir une bonne relation avec un cuisiniste est très important, ne serait-ce que pour s’assurer un bon suivi du dossier, une bonne compréhension des attentes. « En d’autres termes, si vous sentez que cela ne  » colle pas « , n’hésitez pas à le dire et à aller voir ailleurs. »

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